Le projet a vu tout d’abord le jour à Saint-Jérôme en collaboration avec le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), le Centre de services scolaire, l’Académie Lafontaine et le Centre canadien de la protection de l’enfance.
L’initiative a été exportée dans d’autres régions. La Régie a donc choisi de se joindre au projet qui est en vigueur depuis deux semaines.
« Ça évite de judiciariser systématiquement toutes les situations. Des fois, des photos peuvent avoir été prises de façon impulsive ou de façon malicieuse », souligne le porte-parole de la Régie de police, le sergent Jean-Luc Tremblay.
Rappelons que toute représentation d’une personne de moins de 18 ans, à caractère sexuel, correspond à de la pornographie juvénile, que la personne soit consentante ou non.
Des éducateurs et des intervenants en milieu scolaire ont été formés, tout comme des policiers. Lorsque les intervenants scolaires reçoivent des confidences concernant des images compromettantes, ils peuvent remplir un formulaire qui sera transmis aux policiers et au DPCP. Ce dernier évalue rapidement s’il y avait une intention malicieuse ou non derrière ce geste. S’il n’y a pas d’intention malicieuse, une rencontre est organisée avec les parents et le jeune durant laquelle il est demandé au jeune de détruire les photographies compromettantes par engagement écrit.
« Avant, quand les éducateurs recevaient des confidences, ils se posaient des questions. Est-ce que je dois dénoncer? Est-ce que j’ai le droit de regarder les photos? Ça faisait en sorte que, des fois, une ligne était dépassée, mais ça n’aurait pas dû arriver. Avec ce processus, personne ne regarde les photos. Il y a seulement certains enquêteurs qui peuvent regarder ce genre de photos et dans un contexte précis », ajoute le sergent Tremblay.
Si le DPCP conclut qu’il y a des intentions malicieuses, l’enquête poursuit son cours. Pour le sergent Tremblay, le principal avantage est de rapidement avoir un avis sur le dossier.
« Ça prend quelques jours au lieu de mois. C’est sécurisant pour le jeune et pour la victime. Le processus pouvait être lourd et intimidant. Ça rendait tout le monde nerveux. L’important est d’agir rapidement pour arrêter le partage des photos parce que ça peut aller vite. Ça protège les jeunes », ajoute-t-il.
La Régie de police ne possède pas de statistiques touchant ce phénomène, mais le sergent Tremblay affirme que les policiers doivent composer avec ces situations chaque année. « C’est inévitable. »
Selon la Chaire de recherche sur la sécurité et la violence en milieu éducatif, 12,8 % des adolescents au Québec ont déjà reçu au moins une fois des demandes d’envoi de photos ou de vidéos osées. De ce nombre, 22,6 % des jeunes acceptent de partager des photos ou des vidéos, surtout à partir de 15 et 16 ans.