1 mai 2018 - 07:00
Les profs dénoncent la violence dans les écoles
Par: Karine Guillet
La violence dans les milieux scolaires nuit au climat d'école et à la réussite des élèves, croit le président du syndicat, Éric Gingras. Photo: Archives

La violence dans les milieux scolaires nuit au climat d'école et à la réussite des élèves, croit le président du syndicat, Éric Gingras. Photo: Archives

Plus de la moitié des enseignants et du personnel de soutien de la Rive-Sud affirme avoir été victime ou témoin de violence physique, selon un sondage réalisé par la firme Léger par le syndicat de Champlain. Le syndicat tire la sonnette d’alarme.

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«Une élève m’a fait des menaces de mort: “Je vais te poignarder.” Elle s’est avancée vers moi avec des ciseaux à la main et elle a tenté de m’atteindre. Elle a couru après moi dans le corridor pour me blesser», peut-on lire dans un des témoignages recueillis et publiés par le Syndicat de Champlain, qui représente les enseignants et le personnel de soutien des commissions scolaires des Patriotes (CSP), Marie-Victorin et Vallée-des-Tisserands.

«Des élèves de 5e secondaire ont publié, à mon insu, une vidéo sur YouTube comportant des propos portant atteinte à ma réputation et à mon intégrité. Il comporte aussi des menaces: “Je vais le faire disparaître”, “Je suis prêt  à le tirer ».

— Extrait d’une déclaration d’accident et d’incident reçue le syndicat de Champlain, en mai 2017.

Ces témoignages proviennent de l’une des 1048 déclarations d’accidents et d’incidents au travail reçues au cours des deux dernières années. Le syndicat est d’avis que ce n’est qu’une petite partie du problème alors que, pour la même période, plus de la moitié (51 %) des répondants du sondage ont affirmé avoir été témoins ou victimes de violence physique. La violence verbale est encore plus répandue, alors que 71 % des répondants indiquent avoir vécu ou été témoins de violence verbale durant cette même période. Le sondage ne fait toutefois pas de distinction entre les victimes et les témoins.

Pour dénoncer la situation, le syndicat a lancé la semaine dernière la campagne Pu Capable, au cours de laquelle elle a publié, avec des témoignages de cas vécus par ses membres, les résultats d’un sondage mené sur un échantillon de 500 répondants, tirés de la liste de 10 000 membres du Syndicat, dans la semaine du 5 au 9 avril. Le syndicat a toutefois refusé de fournir une copie du sondage à L’Œil Régional, mais a fourni des statistiques détaillées.

Questionné par le journal, le président du syndicat de Champlain, Éric Gingras, n’était pas surpris des résultats du sondage. Le sondage fait partie d’une volonté syndicale de se pencher davantage sur la santé et sécurité au travail. «De par nos collègues qui répondent au téléphone, nos vice-présidents qui sont souvent sur le terrain, on a été dans les dernières années beaucoup plus interpellés par toute cette violence, cette intimidation, ces problèmes de climat dans les milieux», dit-il

Relations tendues avec les supérieurs

Un peu plus de la moitié des répondants (55 %) ont également indiqué avoir été victimes ou témoins d’intimidation durant les deux dernières années. Parmi ces cas, 30 % ont signalé que ces cas provenaient d’un supérieur et 20 % n’ont pas dénoncé la situation. Toutefois, 36 % de ceux qui l’ont dénoncé estiment que cela n’a pas été utile.

Le sondage dresse également un portrait peu flatteur des directions d’écoles, particulièrement du côté des enseignants, alors que 37 % des enseignants sondés estiment que la direction ne prend pas les moyens nécessaires pour prévenir la violence physique et psychologique et que 28 % estiment qu’elle ne prend pas non plus les moyens pour prévenir l’intimidation. Enseignants et personnel de soutien confondus, 35 % des répondants estiment que la direction d’établissement n’est pas disponible pour lui permettre d’accomplir correctement ses tâches.

Appuis

La vidéo de la campagne, dans laquelle on peut voir des employés exprimer «Pu capable» à tour de rôle, est rapidement devenue virale. Plusieurs autres syndicats d’enseignants ont d’ailleurs appuyé le syndicat de Champlain dans sa démarche, un appui qui témoigne que la situation est semblable ailleurs, croit M. Gingras. Il y a quelques semaines, le syndicat de l’enseignement de l’Estrie avait d’ailleurs lui aussi dénoncé la violence dans les écoles, alors que selon un sondage auprès de ses membres, 45 % des répondants rapportaient avoir été victimes de violence.

En action

Le syndicat rencontrera les ressources humaines des trois commissions scolaires pour lui faire part de l’état de situation. M. Gingras indique que le syndicat ne souhaitait pas blâmer l’employeur par cette démarche, mais voulait cerner le problème. «On pense qu’ils ont une responsabilité; maintenant, il faut être en mesure de trouver des solutions et on pense être capable de le faire. Quand on met en branle des protocoles et des codes de vie, il faut les respecter premièrement, faire état à la population, aux parents, que ce sera tolérance zéro et ne pas prendre [la violence] comme des gestes isolés.»

La porte-parole de la Commission scolaire des Patriotes, Maryse St-Arnaud, a fait savoir que la CSP ne commenterait pas la sortie du syndicat pour le moment, puisqu’elle n’avait pas encore eu accès aux résultats détaillés du sondage. La CSP souhaite également attendre la tenue d’une rencontre évoquée par le syndicat.

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