30 juin 2025 - 05:00
Les raisons de certifier
Par : Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Je dois avouer que mon premier réflexe a été de rouler les yeux vers le ciel. Une certification LGBTQ+, vraiment?

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Attention, je n’étais pas exaspéré par la volonté des villes ou d’un organisme comme le JAG de rendre nos milieux de vie plus inclusifs, sécuritaires et bienveillants –même si tous ces mots me donnent un peu d’urticaire, à force d’être répétés à toutes les sauces. Non, je suis de ceux qui croient qu’on n’en fait pas assez pour les gens marginalisés de la diversité sexuelle. Et comme le rapportait GRIS-Montréal, on observe que le malaise des élèves face à un ami LGBTQ+ a doublé entre 2017 et 2024. Ça tend à montrer que le climat social se détériore et que la haine augmente, notamment en ligne.

J’ai eu l’occasion d’en discuter avec Dominique Théberge, directeur de l’organisme JAG (voir page 3), et je partage comme lui le constat alarmant de certains discours qui se décomplexifient. Il est maintenant presque tout à fait normal de clamer son homophobie sur les réseaux sociaux sans être trop gêné. C’est triste et terrifiant.

Non, j’ai levé les yeux au ciel parce que je suis, foncièrement, un peu cynique, et que toutes ces initiatives me pompent l’air. Municipalité amie des aînés, chaise des jeunes, etc. J’ai souvent l’impression que c’est du vent. Ce n’est même plus possible d’appeler à un endroit, même pour annuler un abonnement de cellulaire, sans se faire dire que l’entreprise est inclusive et bienveillante. Ça veut dire quoi, ça, « être inclusif », quand tu veux juste annuler un contrat? Non, c’est du vide.

Mais bon, le directeur du JAG et la mairesse Mélanie Villeneuve, dont la ville d’Otterburn Park est sur le point de devenir la première municipalité officiellement certifiée inclusive au Québec, m’ont quand même ouvert les yeux sur plusieurs points. Parfois, sans gros changements, il est possible de transformer les perceptions, simplement en affirmant publiquement une position. « C’est une déclaration, plus que des obligations. C’est pour montrer notre soutien », répond Mme Villeneuve.

Et souvent, ces réflexions peuvent bénéficier à tout le monde. Je pense aux vestiaires familiaux qu’on voit de plus en plus dans les centres aquatiques, par exemple. Tellement plus simple pour tous. Oui, un vestiaire universel est plus respectueux pour les personnes non binaires ou trans, mais il permet aussi aux familles avec enfants de genres différents de rester ensemble; il s’adapte aux familles monoparentales (par exemple, un père avec sa fille). Et il facilite la vie des personnes en situation de handicap qui ont besoin d’un accompagnateur.

Même une politique de municipalité amie des aînés peut bénéficier à tous : pensons aux villes qui élargissent leurs trottoirs, ajoutent des bancs publics, allongent les temps de feux de circulation… Ce sont des gestes qui profitent aussi bien aux aînés qu’aux jeunes familles, aux enfants à vélo ou aux personnes à mobilité réduite.

Au-delà d’une certification, ce type d’initiatives peut juste faire en sorte qu’une personne issue de la diversité sexuelle se sente un peu plus accueillie dans un nouvel environnement. Et pour les autres, ça ne leur enlève rien. Alors pourquoi pas.

Suis pas si cynique finalement! Bon, quand même un peu. Bon été!

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