10 avril 2019 - 13:33
Les ressources intermédiaires demandent à leur tour de l’aide
Par: Sarah-Eve Charland

La directrice générale de la Maison Angevin, Catherine Viens, doit composer avec la pénurie de main-d’œuvre régulièrement. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

Les ressources intermédiaires d’hébergement du Québec lancent un cri du cœur. La pénurie de main-d’œuvre et l’incertitude affectent grandement la qualité des services. C’est notamment le cas de la ressource intermédiaire la Maison Angevin à Belœil, qui doit constamment réorganiser la charge de travail pour s’assurer de maintenir tous les services en place.

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Bien qu’à l’heure actuelle, la directrice générale, Catherine Viens, ne soit pas à la recherche de personnel, elle se confronte tout de même à un roulement de personnel élevé. La Maison Angevin aide en permanence neuf personnes ayant des problèmes liés à la santé mentale à développer des outils pour devenir des actifs pour la société.

« Nous devons faire aller notre créativité pour préserver la qualité des services et pour rendre notre milieu intéressant autant pour les résidents que pour les intervenants. Depuis environ trois ans, nous avons eu à supprimer un poste de 35 h/semaine pour assurer la survie de notre ressource. […] Nous travaillons encore à répartir les tâches et les responsabilités de chacun de façon à ce que la qualité des services ne soit pas trop affectée. »

La situation n’est pas nouvelle, ajoute Mme Viens. Par contre, elle semble s’intensifier depuis trois ans. Au moment de mettre sous presse, son équipe était complète. Elle a récemment embauché une personne de nuit, ainsi qu’une autre aux fins de semaines et pour des remplacements occasionnels. Ses besoins en main-d’œuvre concernent principalement des accompagnateurs, des intervenants et des préposées aux bénéficiaires.

Selon l’Association des ressources intermédiaires d’hébergement du Québec, plus de 2500 postes sont à pourvoir dans la province. L’organisation a effectué un sondage où le tiers de tous les gestionnaires des ressources intermédiaires ont participé. Selon cette étude, la pression de la pénurie de main-d’œuvre augmente dans les ressources où l’on retrouve moins de 15 résidents.

Le financement au cœur du problème

Les ressources intermédiaires ont reçu un financement fixe du gouvernement avant que ce soit révolu il y a quelques années. Avec le nouveau mode de financement, une partie des revenus varie selon les services à offrir aux résidents. « Pour une petite ressource, ça peut occasionner des problèmes majeurs », souligne la directrice générale.

Le financement actuel ne permet pas aux ressources intermédiaires d’offrir un salaire compétitif comparativement au réseau public. Mme Viens souhaite que le gouvernement accorde un financement à la hauteur des compétences du personnel.

« Que le rôle des ressources intermédiaires soit valorisé […] Nous jouons également un rôle important dans le cheminement de plusieurs personnes qui pourront, grâce à l’encadrement et aux différentes aptitudes acquises en ressource intermédiaire, reprendre un rôle actif dans la société. S’il est difficile de combler des postes dans le réseau public, imaginez pour les ressources intermédiaires qui ne compétitionnent pas avec les salaires que gagnent les préposés aux bénéficiaires à l’hôpital ou en CHSLD », assure-t-elle.

L’Association abonde dans le même sens. Elle demande une plus grande valorisation sur le métier de préposés aux bénéficiaires. « De plus en plus de préposés se tournent vers d’autres emplois ou font le choix d’aller travailler en CHSLD, où ils reçoivent un salaire pouvant atteindre 10 $ de plus de l’heure pour un travail équivalent, voire moins exigeant. Il faut absolument valoriser davantage les gens qui prennent soin des plus vulnérables », mentionne la directrice générale de l’ARIHQ, Johanne Pratte.

Travailler à la Maison Angevin requiert plusieurs compétences, dont une bonne capacité d’organisation, être à l’aise de donner des soins d’hygiène, se débrouiller en cuisine, accomplir et superviser des tâches ménagères.

« Prendre soin des personnes vivant avec un problème de santé mentale ou une autre vulnérabilité demande énormément de qualités humaines pour arriver à établir une relation de confiance avec ces personnes. […] C’est une vocation », conclut Mme Viens.

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