Selon l’investisseur et homme d’affaires Luc Poirier, l’un des trois investisseurs impliqués dans la vente, il s’agirait du nouveau record de l’histoire du Québec pour la plus grosse vente de terrain. Il s’agit de terrains qui, combinés, représentent une superficie de 18,5 millions de pieds carrés.
Luc Poirier et son entreprise Poirier Développement Immobilier font partie du regroupement Gestion Immobilière GAP, avec le Groupe Boda (Alice Minying Wu) et Gestion S. Gariépy (Serge Gariépy). C’est leur entreprise commune Quartier MC2 qui détenait les terrains. Dans un communiqué de presse émis la semaine dernière, Quartier MC2 a souligné qu’elle souhaitait revitaliser le site en y développant un projet structurant pour la région depuis l’acquisition des terrains en 2015. « La vente de cet immense terrain au fabricant de batteries Northvolt permet donc à Quartier MC2 d’atteindre son objectif en devenant l’un des acteurs qui contribuera au développement de la filière québécoise de la batterie dans le cadre du grand projet d’électrification des transports du Québec. »
Il s’agit d’une très bonne affaire pour l’entreprise, qui avait acquis les 18 lots des mains de l’entreprise Akzo Nobel, en novembre 2015, pour un montant de 20 M$.
Nous avons tenté d’obtenir une entrevue avec Luc Poirier, mais ce dernier a décliné notre demande.
Taxes de bienvenue
Selon l’acte notarié consulté par L’Œil Régional, l’entreprise Northvolt a payé environ 197 M$ pour les terrains situés à Saint-Basile-le-Grand et près de 43 M$ pour les terrains situés à McMasterville. Les droits de mutation (taxe de bienvenue) permettront donc aux deux villes d’empocher respectivement environ 5,9 M$ et 1,3 M$.
Ces montants non budgétés s’ajouteront aux autres montants de droits de mutation. « C’est exceptionnel, c’est du jamais vu un montant de mutation comme ça à McMasterville, souligne le maire Martin Dulac. Nous n’avons pas commencé le processus budgétaire, mais oui, ça va avoir un impact. » Ce montant pourra aussi selon lui venir compenser la hausse des coûts des organismes régionaux à venir, comme les pompiers, la police ou la gestion de l’eau, qui se traduiront selon lui par des hausses importantes de 10 ou 12 %.
Deux passerelles
De son côté, le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard, était un peu moins enthousiaste devant le montant de 5,9 M$. Selon lui, ce montant ne représente pas grand-chose devant tous les défis auxquels la Ville devra faire face dans les prochaines années. « Ce n’est pas beaucoup considérant les problèmes que [l’arrivée de Northvolt] va générer. Je ne festoie pas; il faut tout de suite l’investir au bon endroit. »
Juste au niveau de la circulation, souligne-t-il, la venue de l’entreprise aura un impact majeur pour la 116 et la 223.
Concernant la 116, le maire insiste sur la nécessité d’installer deux passerelles piétonnes (intersection 116 et Robert, au-dessus de la voie ferrée, et 116 et boulevard du Millénaire) pour alléger la circulation routière. « Une seule passerelle, ça joue entre 12 et 15 M$, car il faut mettre des ascenseurs à chaque bout. On se réjouit à long terme des revenus de la taxation, mais les passerelles doivent être en place d’ici deux ans. Ça ne sera pas le temps de le faire lorsque Northvolt va opérer en 2026. »
En principe, la Ville doit assumer ces coûts, mais M. Lessard espère une participation du gouvernement du Québec, une participation « nécessaire pour l’acceptabilité sociale du projet d’usine ».
« Dès cet hiver, je vais faire une proposition au gouvernement pour le financement et ces passerelles sont non négociables », dit-il, rappelant que plusieurs accidents mortels et avec blessés ont eu lieu dans les dernières années à ces intersections.
M. Lessard insiste aussi sur la nécessité de procéder à une réfection de la rue Richelieu (223) et d’y installer une piste multifonctionnelle, alors que rien n’est prévu dans le plan du gouvernement. « Ça fait trois ans que la rive est grugée par l’eau, c’est une route mal entretenue, brisée […], une route qui doit être refaite et que les gens vont utiliser beaucoup, notamment pendant la construction [de l’usine]. Ça doit être refait rapidement et au complet, de Carignan à McMasterville », dit-il, pressant le gouvernement du Québec de prendre les choses en main.