14 février 2024 - 07:00
Exposition rétrospective
L’essentiel de la vaste carrière de Tania Lebedeff présenté au MBAMSH
Par: Olivier Dénommée
Artiste incroyablement passionnée, Tania Lebedeff voit la création de chacune de ses œuvres comme un « voyage intérieur » dans lequel elle se laisse guider par ses instincts, ne sachant pas où cela va la mener. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Artiste incroyablement passionnée, Tania Lebedeff voit la création de chacune de ses œuvres comme un « voyage intérieur » dans lequel elle se laisse guider par ses instincts, ne sachant pas où cela va la mener. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Jusqu’au 10 mars, le Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire (MBAMSH) reçoit en grand les œuvres de l’artiste hilairemontaise Tania Lebedeff, présentant une impressionnante rétrospective de ses 40 dernières années de carrière. L’essentiel nous échappe offre un survol de l’évolution de la démarche d’une artiste hors norme.
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L’exposition est aussi une célébration de l’artiste qui semble avoir touché à tout au fil des décennies, allant des paysages abstraits aux toiles figuratives en passant par le dessin et l’encaustique. La plus vieille œuvre présentée au Musée date de 1980 et ses plus récentes datent de la dernière année, mais vu l’importance de son catalogue et l’espace limité au MBAMSH, certaines sont plutôt présentées à travers un diaporama. Rencontrée au milieu de son exposition, Tania Lebedeff n’en revenait toujours pas d’être au centre de cette rétrospective d’envergure. « Une exposition comme celle-là, ça n’arrivera pas souvent. »

Malgré ses décennies d’expérience, Tania Lebedeff assure qu’elle n’a toujours aucune idée préconçue quand elle commence à créer. « J’ai une intention de départ, mais je ne sais jamais ce que ça va donner, c’est tout un processus de transformation. » C’est particulièrement vrai pour son imposant triptyque « Sur fond de silence », qui a été créé tout de suite après sa série de peintures inspirées des légendes du mont Saint-Hilaire réalisées dans le cadre de l’exposition D’une montagne à l’autre et qui a pris de l’ampleur d’une étape à l’autre. Une autre œuvre importante de l’exposition est directement inspirée par la musique du compositeur contemporain canadien Bruce Mather, écoutée en boucle, donnant une création complètement abstraite. « En créant cette toile, chaque mouvement a été guidé par la musique. C’est quelque chose que j’ai fait spécialement pour cette œuvre et je tenais à ce que le public puisse entendre dans des écouteurs la musique qui a inspiré ma création. »

Pour Tania Lebedeff, ses méthodes de création ne sont pas orthodoxes et elle est parfaitement à l’aise avec l’idée qu’elle ne peut pas plaire à tous. « La liberté de créer, c’est de ne rien devoir à personne. Ce qui compte, c’est que moi j’aime ce que je fais, tant mieux si les autres l’apprécient aussi! Je doute constamment lorsque je suis en train de créer, mais après coup, en regardant mon œuvre, c’est comme si ce n’était pas moi qui avais fait ça », raconte-t-elle.

Pour elle, son processus de création est comme un voyage, une quête qu’elle entreprend chaque fois. Et son désir de « varier les menus » l’amène à se réinventer sur une base régulière. « Je ne pourrais pas faire la même chose tout le temps, ça m’ennuierait terriblement! Les artistes, on est multi- facettes et on doit se découvrir soi-même en essayant différentes choses. L’imagination n’a pas de limite et tout est à découvrir », estime-t-elle. Cela explique l’étendue de sa palette et ses styles aussi différents d’une époque à l’autre, mais qui font tous partie de sa personnalité. Toujours en mode création, elle précise être en train d’explorer à nouveau le dessin, un médium qu’elle a toujours adoré, avec en tête l’idée de présenter quelque chose en vue de la prochaine biennale de dessin du MBAMSH.

L’amour du public

L’Hilairemontaise n’est pas connue dans la région que comme artiste, mais aussi comme professeure de peinture, qui a enseigné à des centaines de gens de tous les âges pendant de longues années. Elle a ainsi reconnu plusieurs visages pendant son vernissage qui a attiré 200 visiteurs. « J’ai un gros fan-club, j’ai connu beaucoup de gens ici depuis 1972 avec les cours et Arts Station. » Mais son anecdote préférée quant à l’exposition est la rencontre fortuite d’une femme russophone alors qu’elle marchait au mont Saint-Hilaire, qu’elle a invitée à venir à son vernissage. Elle ne l’a pas vue à l’événement, mais a eu droit à un message particulièrement touchant à la suite de celui-ci, montrant que cette inconnue avait saisi sa démarche.

Son amour du public l’amène aussi à participer à différentes activités de médiation tenues au Musée d’ici la fin de l’exposition. Elle y sera le dimanche 25 février de même que le mercredi 6 mars, de 14 h à 16 h, pour rencontrer les visiteurs et leur parler en détail de sa démarche et de ses inspirations. « J’aime discuter avec les gens et j’ai l’intention de faire un tour au Musée souvent », lance-t-elle. Elle invite naturellement les amateurs de peinture et d’art contemporain à venir voir L’essentiel nous échappe et remercie chaleureusement l’équipe du MBAMSH pour avoir su mettre en valeur son important corpus.

Pour toute question ou pour réservation, il est possible de joindre le Musée au 450 536-3033 ou à reception@mbamsh.com.

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