En entrant dans la salle, les visiteurs sont rapidement confrontés à l’installation donnant son titre à l’exposition : « Numains » est composée de 439 gants de différentes couleurs suspendus, représentant l’unicité. « Les humains sont tous différents les uns des autres. Il y a une diversité qui apporte une richesse, de nouveaux courants culturels et une nouvelle énergie », raconte l’artiste. Selon lui, ce message humaniste se traduit aussi dans ses peintures. Quant au titre, il s’agit d’un lapsus, un heureux mélange entre « nous », « mains » et « humains », des thèmes récurrents pour Dominic Besner. « Avec la pandémie, les contacts ont été très limités, de peur d’attraper quelque chose, mais les mains qui pendent ont l’air de vouloir nous toucher. »
L’autre œuvre bien en évidence dans la salle est l’imposant « Lost Angel », un polyptyque de neuf panneaux. Les références à la religion y sont bien présentes. « J’ai toujours été fasciné par les églises, pas nécessairement pour le côté religieux, mais par leurs grands espaces, leur vide, l’odeur de l’encens et les chauves-souris! »
Nouvelle série
Si Dominic Besner a toujours apprécié le côté dynamique des œuvres colorées, il s’est penché ces dernières années sur une série de toiles essentiellement en noir et blanc, dévoilant un côté plus personnel à ses œuvres avec de nombreuses références à sa propre enfance sur une ferme en Ontario. « Enfant, je me sentais différent. Je m’exilais dans le monde que je me créais. […] Cette exposition, c’est le résultat de ma recherche, mon sensible, mon monde qui parle. C’est ce qui m’a sauvé étant jeune. Les œuvres sont des morceaux de mon enfance interprétés à ma façon », soutient l’artiste, qui précise toutefois qu’il ne se considère pas comme un artiste tourmenté. « Je m’intéresse à l’humain, qui a du beau même s’il a aussi son côté sombre. »
Il estime d’ailleurs que « chaque personne a un univers à elle », qui l’amènera à analyser ses œuvres en fonction de son propre vécu. « Je crée à partir de ce que je ressens, mais à chacun de l’interpréter à sa façon ensuite. » Dominic Besner n’hésite pas à confondre les visiteurs pour les inciter à se forger leur propre interprétation. « Dans le catalogue de l’exposition, je trouve important que le texte lié à chaque œuvre amène le lecteur dans une autre direction. Je ne crois pas que l’œuvre doit donner la réponse : je préfère garder le mystère et laisser les gens fouiller dans leur propre vécu. »
L’exposition Numains est au MBAMSH jusqu’au 8 janvier. Info : mbamsh.com.