Je parie que la tour Telus ne sera jamais construite dans le parc qui accueille un camp de jour pour enfants handicapés. Je ne peux l’affirmer sans équivoque, bien sûr. Questionné sur la situation, le directeur des Bosquets, Richard Rioux, éprouve d’un profond malaise. Telus, elle, s’est contentée de répondre les politesses d’usage devant la proposition de la Ville, expliquant ne pas avoir en mains toutes les données.
Revenons un peu en arrière. En décembre 2010, Otterburn Park renforçait la protection du boisé en reconnaissant que le site des Bosquets Albert Hudon est d’intérêt écologique. Le secteur est formellement affublé du titre «conservation prioritaire de type 1», soit la plus haute priorité de conservation dans notre région.
La Ville le sait, les administrateurs des Bosquets et Telus aussi. Alors, pourquoi proposer ce site?
D’abord, la Ville s’est rapidement virée de bord pour offrir une séance d’information publique le 26 janvier dernier. Je salue le geste; un projet avec si peu d’acceptabilité sociale mérite qu’on prenne son temps, même si ça urge, Telus étant dans son droit de bâtir sa tour.
Des huit scénarios proposés ce soir-là, aucun n’a été retenu lors de la séance publique du lundi suivant. On a présenté des options et le soir du vote hop! Sortant du champ gauche, proposé par un résident, on choisit l’option des Bosquets en expliquant avoir contacté le président de l’organisme.
La Ville n’a plus besoin de se positionner; l’odieux de négocier avec Telus revient aux Bosquets.
Les Bosquets vont «coopérer». Ils seraient mal avisés de ne pas le faire, eux qui doivent constamment négocier avec Otterburn Park pour des projets, des modifications de zonage ou des subventions.
Je vous le dis, ils n’en voudront pas du projet. On sent déjà leur malaise.
Telus refusera sûrement aussi ce site. Est-ce qu’une compagnie comme Telus va vouloir augmenter ses coûts d’exploitation en installant une tour en plein milieu d’un espace protégé? Sans parler des impacts sur le milieu protégé. C’est voué à l’échec avant même la première pelletée de terre.
Alors, pourquoi proposer ce site? Par manque de vision et de sensibilité écologique ou pour provoquer une impasse?
Car ça va planter, et Telus, devant l’impasse, imposera son choix sur la rue Mountainview. Retour à la case départ, avec du temps et de l’argent investi, pour se retrouver devant le fait accompli. Une forme de fatalité devant cette impasse qu’on va avoir créée de toute pièce en pelletant le problème dans la cour d’un organisme qui n’en veut pas.
Ou je me trompe! C’est peut-être la meilleure option. Ça se peut. Les prochains jours nous le diront.