21 décembre 2022 - 07:00
L’impuissance
Par: Vincent Guilbault
La période des budgets municipaux est rarement riche en rebondissements. Dans notre région, les hausses se ressemblent souvent d’une ville à l’autre, toutes proportions gardées. On sent quand même le vent tourner cette année.
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Plus de 6 % de hausse du compte de taxes pour le propriétaire d’une maison moyenne de McMasterville ou de Mont-Saint-Hilaire. Plus de 12 % à Otterburn Park.

0 % à Belœil? Oui, ça surprend.

Ça veut dire que le propriétaire d’une maison à Otterburn Park d’une valeur de 356 321 $ recevra une facture de 3936,35 $, soit 400 $ de plus que l’année dernière. Aviez-vous gardé votre chèque de Legault?

À Belœil, le propriétaire d’une maison de 455 800 $ va débourser seulement 3064 $. Une aubaine, sachant que la valeur des maisons de Belœil vient de grimper de 40 % et que ce même propriétaire pourra profiter de beaucoup plus de services municipaux. Difficile de comparer la qualité de vie dans les deux villes, c’est vrai. Mais les chiffres frappent l’imaginaire.

Bien sûr, l’argent ne pousse pas dans les arbres. Belœil peut bien faire des cadeaux aux propriétaires de maison, elle a le loisir de se retourner vers ses commerces et le milieu industriel pour compenser une partie de la hausse de son budget de fonctionnement. À Belœil, les revenus en taxes sont assumés à 57 % par les propriétaires de maison; à Otterburn Park, c’est à plus de 90 %. Pas la même situation. Une ville comme Otterburn Park a très peu de marge de manœuvre. Chaque idée, chaque décision impactera la capacité de payer des résidents. À Belœil, c’est moins vrai. Maintenant, est-ce si sage de refiler la facture au milieu commercial? Je ne sais pas, c’est une question de vision politique.

Tout ça pour dire que les résidents de la région vont quand même manger un peu la claque. Et j’aimerais bien blâmer les élus de la région, parce que ça nous prend bien un coupable. Mais reste que j’ai surtout de l’empathie dans la situation. Lundi soir, devant des citoyens abasourdis par la hausse moyenne de 12 % du compte de taxes, la mairesse d’Otterburn Park Mélanie Villeneuve a admis ne pas être contente de présenter une hausse si importante.

Et les élus ont une marge de manœuvre assez mince pour prendre des décisions. Prenons Belœil en exemple : pour un budget de fonctionnement de 49 M$, près de 17 M$ de ce montant sont envoyés aux différentes régies intermunicipales sous forme de quotes-parts. On parle de la gestion de l’eau, de la police, des pompiers et des organismes municipaux comme la MRC ou la Communauté métropolitaine de Montréal. C’est 34 % du budget! Ajoutons ensuite la masse salariale des employés municipaux, qui représente près de 28 % des dépenses de la ville. Une fois qu’on prend en compte des dépenses récurrentes comme l’essence ou l’entretien (des postes budgétaires qui explosent aussi), la prise de décision est limitée.

D’ailleurs, les élus sont rapides à blâmer la hausse des quotes-parts à verser aux différents organismes. Des organismes comme la Régie intermunicipale de police Richelieu–Saint-Laurent qui n’a pas réussi à boucler son budget cette année et qui s’est tournée vers les villes pour rattraper un manque à gagner d’environ 2,6 M$. Et qui siège au conseil d’administration de la Régie? Ben oui, les maires et mairesses de la région. Alors, plaider l’impuissance devant la hausse des quotes-parts, c’est à la limite du bon goût.

Le seul ici qui peut plaider un peu l’impuissance, c’est le propriétaire d’une maison qui va voir son compte de taxes bondir de 12 %.

Ouais, bon temps des fêtes! Ne dépensez pas trop pour les cadeaux.

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