20 mars 2019 - 14:59
Coopérante à Haïti
L’indépendance financière grâce aux plantes aromatiques
Par: Vincent Guilbault
Christelle Danjou (droite) avec le nouveau séchoir pour les plantes aromatiques.

Christelle Danjou (droite) avec le nouveau séchoir pour les plantes aromatiques.

« J’aime aider les gens. Mon premier voyage aux Philippines m’a ouvert les yeux. J’y allais pour l’opportunité, mais j’y ai rencontré des gens extraordinaires qui sont dévoués pour aider une cause ou leur pays, aider les gens autour d’eux. C’est vraiment gratifiant », raconte Christelle Danjou que l’on voit ici en Haïti. Photo gracieuseté

« J’aime aider les gens. Mon premier voyage aux Philippines m’a ouvert les yeux. J’y allais pour l’opportunité, mais j’y ai rencontré des gens extraordinaires qui sont dévoués pour aider une cause ou leur pays, aider les gens autour d’eux. C’est vraiment gratifiant », raconte Christelle Danjou que l’on voit ici en Haïti. Photo gracieuseté

Du romarin, de la verveine et du basilic sont quelques-unes des plantes aromatiques qui poussent près de la petite communauté de Labrousse à Haïti. On retrouve aussi le corossol, une essence d’arbre locale, dont la feuille sert à la base d’une très bonne tisane. Et ces plantes peuvent permettre à des paysans d’Haïti d’améliorer leurs écoles, leurs routes et leur santé!

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Christelle Danjou, technicienne du Centre de recherche sur les grains (CEROM) situé à Saint-Mathieu-de-Belœil, s’est rendue à trois reprises dans la petite localité isolée par les montagnes pour y apporter ses connaissances en matière de plantes aromatiques. Son mandat? S’assurer de la diversité et de la quantité de ces plantes pour permettre aux paysans de monter une entreprise de distribution et d’accéder à l’indépendance financière.
«Il y a suffisamment de diversité et de quantité, et une possibilité de produire plus [de plantes aromatiques], explique Mme Danjou. Le projet consistait donc à monter la filière, à assurer la production ou la récolte sauvage, à la transformation et au séchage puis au conditionnement pour la vente auprès des clients. »
Le projet vise d’abord à vendre les produits localement et aussi à Port-au-Prince, la capitale du pays, comme dans le cas de tisane séchée de bonne qualité. Mais rien n’empêche les produits d’être éventuellement exportés, comme l’a fait l’Institut culturel Avataq avec ses tisanes traditionnelles inuites qu’on retrouve dans plusieurs épiceries fines, cite en exemple Mme Danjou.

Trois voyages
Mme Danjou a mis les pieds pour la première fois à Labrousse en 2017. Elle et est tombée « sous le charme de cette magnifique région montagneuse », un endroit extraordinaire « où tout est encore possible » pour les courageux qui doivent emprunter les chemins raboteux et chaotiques dans les montagnes.
Les gens vivent difficilement de leur lopin de terre et de leur élevage, explique la technicienne, mais la situation s’améliore grâce aux différents projets structurants de la Fondation pour le développement économique et social (FODES-5) et à la sensibilisation qu’elle fait face aux enjeux de déboisement et de santé, entre autres.
C’est d’ailleurs par le biais du projet d’exploitation des plantes aromatiques de la FODES-5, basée à Port-au-Prince, que Mme Danjou s’est retrouvée en Haïti. Cette organisation haïtienne travaille à améliorer directement et durablement la situation des habitants de la vaste zone montagneuse de Labrousse. Mme Danjou est coopérante volontaire pour le programme du Réseau Agro-Innov de l’Union des producteurs agricoles développement international (UPADI). Ce programme, financé par Affaires mondiales Canada, vise à apporter non pas de l’argent ou une aide d’urgence, mais plutôt un soutien technique afin de renforcer la capacité d’organisations paysannes à mettre sur pied des services économiques durables. Avec les profits d’un projet comme celui des plantes aromatiques, les organismes comme FODES-5 peuvent investir dans des projets structurants pour la localité, que ce soit dans les infrastructures routières, l’éducation ou la santé des paysans.
Depuis trois ans, elle collabore au même projet qui pourrait porter ses fruits dans environ six ans, pense-t-elle. « Nous avons construit un prototype de séchoir et montré [aux paysans] comment utiliser le séchoir, comment développer des recettes et faire sécher des feuilles. »
Ils ne sont pas habitués à utiliser les plantes sèches, eux qui travaillent surtout avec les plantes fraîches. « Éventuellement, ils aimeraient vendre des sachets individuels, mais ils ont plus l’habitude de faire des décoctions de feuilles entières, qu’on doit faire bouillir pendant 30 minutes. Là, on parle de sachet à faire infuser cinq minutes, mais en gardant le même goût. »
Malgré les violences et les manifestations dans les derniers mois, Christelle Danjou a eu le temps de terminer son mandat entre le 27 janvier et le 13 février, lors de son dernier passage à Haïti. Et si tout se déroule comme prévu, les paysans auront probablement plus besoin de l’aide d’un coopérant spécialisé en mise en marché pour la vente du produit. Elle se dit toutefois prête à y retourner si son aide est encore nécessaire.

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