Véritable touche-à-tout, Joann Côté a inclus la peinture, la sculpture, l’installation, la photographie et la performance à son exposition présentant une douzaine d’œuvres, incluant ses créations les plus personnelles à ce jour. L’artiste engagée a voulu dénoncer, à travers son art, le climat politique difficile de même qu’une forme de violence que plusieurs ont ressentie ces dernières années. « Même quand on essaie de s’en isoler, ça nous affecte quand on est hypersensible et, dans mon cas, ça m’a frappée assez intensément », explique l’artiste, qui a pris ses impressions négatives pour les transformer en art, qui se veut au contraire plus positif, voire lumineux.
On peut sentir une forme d’évolution entre les différents moments de création : plusieurs des œuvres de Joann Côté représentent des personnages, mais ceux-ci sont incomplets, manquant leur tête, leur visage ou leurs bras, perdant ainsi leur identité ou leur capacité de faire quelque chose. Elle s’est aussi lancée dans une série d’œuvres automatistes créées en écoutant de la musique sans la prendre au sérieux au début. « Pour moi, ce n’était que des croquis et je les ai laissé traîner par terre et j’ai marché dessus pendant des jours avant de réaliser qu’elles pouvaient être des œuvres. » Au début de la série, Joann Côté utilisait essentiellement le noir, mais elle avoue être devenue plus sereine depuis et a commencé à incorporer la couleur à la fin. Le choix de présenter plusieurs œuvres de cette série à la Maison Paul-Émile-Borduas n’est pas anodin puisque Borduas était lui-même intimement lié au mouvement automatiste. « Aujourd’hui, je dirais que ma série automatiste est pas mal complétée : je suis maintenant trop zen pour créer de cette façon! » Fait à noter, ces œuvres ont été créées à l’arrière de vieilles cartes, donnant un aspect vieillot au papier et rappelant que l’artiste n’a pas oublié son côté écoresponsable.
L’œuvre-phare de l’exposition Le droit d’être indiscipliné est un court film d’un peu plus de 10 minutes, une vidéo très brute avec toutes sortes d’images captées depuis la pandémie, représentant une forme de chaos vécu dans la tête de Joann Côté, passant de moments plus tranquilles à d’autres beaucoup plus intenses, sans ordre apparent. « C’est vraiment un montage de comment j’ai ressenti ce brouhaha-là, passant par un état de résilience, de force, de repli… […] C’est une vidéo très personnelle, mais je ne m’en suis rendu compte qu’après! Mais j’ai quand même tenu à la garder telle quelle, pour garder cette fragilité. » C’est du film qu’elle se fait d’ailleurs le plus parler, principalement de la part d’autres femmes qui se sont reconnues et qui se sont senties inspirées.
L’exposition Le droit d’être indiscipliné de Joann Côté est présentée à la Maison Paul-Émile-Borduas (621, chemin des Patriotes Nord, Mont-Saint-Hilaire) jusqu’au 31 août.