Je dis explosif car, de un, l’adoption de cette limite de vitesse et d’interdiction du wakeboard changerait énormément le visage de la navigation dans la région. Et de deux, parce que les passions ont commencé à se déchaîner depuis cette annonce. Les opposants à cette réglementation, qui disent avoir été oubliés lors des consultations qui ont mené à formuler cette réglementation, veulent se faire entendre. Et ils comptent le faire bruyamment, notamment en se rendant dans les séances publiques des conseils. Ils devaient être au moins 60 à s’être déplacés mercredi dernier, à Saint-Charles-sur-Richelieu, pour montrer leur désaccord.
On peut les comprendre. Même si le député Xavier Barsalou-Duval, qui a piloté le dossier au nom des anciens maires des quatre villages, a procédé à tout un exercice de représentation auprès du Bureau nautique du Canada depuis 2017, les opposants affirment pour la plupart qu’ils ont entendu parler du dossier seulement il y a quelques semaines, dans nos pages. Et c’est un peu là que le bât blesse : le débat est normal, voire sain. Mais il arrive trop tard dans le processus, alors que la réglementation devait voir le jour en 2022. On aurait dû avoir ces discussions avant que le règlement soit à la veille d’être adopté.
Surtout que son adoption semblait inarrêtable. Mais voilà que, coup de théâtre, Transports Canada a décidé de retourner voir les élus des quatre villages et de retarder l’implantation du règlement, comme nous le rapportons ici.
Si implantation il y a! Car les élus, les quatre nouveaux maires, doivent se mettre d’accord sur la proposition actuelle dans son ensemble, sans modification.
En gros, les opposants ont crié assez fort pour se faire entendre et Transports Canada veut agir dans le consensus, nous répond-il. « Différents intervenants ont manifesté leur opposition; Transports Canada a donc préféré faire diligence raisonnable et vérifier auprès des requérants ayant demandé les restrictions si, malgré la dissidence et l’opposition, [les villages] désiraient continuer le processus tel que demandé. »
Les nouveaux élus ont donc quelques jours devant eux pour sonder leur population clivée, réunir chacun leur conseil municipal et adopter une résolution en appui au règlement proposé. Et ils devront porter l’odieux de cette décision qui les suivra pendant très longtemps. C’est un peu injuste, si vous voulez mon avis. Surtout pour un débat qui aurait dû avoir lieu il y a un bon moment déjà.
Et c’est loin d’être terminé. Car cette idée du 10 km/h sur la rivière fait du chemin auprès des autres municipalités riveraines de la rivière qui pourront compter sur l’appui du Bloc québécois si elles veulent elles aussi imposer une limite de vitesse. Mardi matin, le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, disait ceci à propos de l’encadrement des activités nautique sur la rivière Richelieu : « Dans un esprit de collaboration, nous irons à la rencontre des municipalités concernées et des groupes qui souhaitent s’entretenir au sujet d’une nouvelle réglementation qui pourrait éventuellement s’étendre à l’ensemble de la rivière Richelieu. »
C’est donc loin d’être terminé.