Une vingtaine de tableaux créés entre 2020 et 2024 sont actuellement présentés dans le cadre de l’exposition. Ils ont été créés « de façon instinctive », influencés par des thèmes d’actualité. « J’écoute la radio et les nouvelles, ce qui a fait que mes tableaux ont été inspirés par la pandémie, la guerre, l’immigration, ce qui se passe aux États-Unis, toute la démocratie qui s’effrite et les repères que l’on perd. » C’est sans surprise que les œuvres en résultant sont parmi les créations les plus sombres de Diane Royer, qui verse dans « l’abstraction lyrique », des œuvres abstraites où il est possible de reconnaître des personnages, des structures ou des formes, lui permettant de proposer une vision très personnelle des enjeux des dernières années.
Malgré le côté plutôt sombre de Turbulence, il reste quelques moments d’éclaircies, dont une série « bleue », une couleur qui apaise l’artiste. D’ailleurs, le dernier tableau à avoir été créé dans le cadre de l’exposition met de l’avant cette couleur, évoquant le futur qui est encore à écrire. « On ne sait pas trop où on s’en va, mais on espère que ça ira mieux », souhaite-t-elle. Diane Royer se laisse aussi inspirer par la musique du groupe Dead Can Dance, qui accompagne ses sessions de création.
Évacuer une charge émotive
L’artiste de 73 ans ne cache pas sa fierté de présenter pour encore quelques jours Turbulence, qui est « le résultat de toutes [ses] recherches » depuis le début de sa carrière, il y a une cinquantaine d’années. « Les commentaires que j’ai entendus depuis le début correspondent parfaitement à ce que je cherchais à exprimer. On a décrit l’exposition comme mystérieuse, intense, spirituelle et qui touche les gens personnellement. » Cette exposition est aussi une façon d’enfin évacuer une charge émotive accumulée depuis 2020. « C’est la première fois que ces tableaux quittent mon atelier. En atelier, les œuvres sont comprimées, alors ça fait du bien de les faire sortir, là où elles peuvent respirer et transmettre leur message! »
Malgré la lourdeur de certains thèmes abordés dans ses œuvres récentes, Diane Royer considère qu’il est important de les exprimer sans tabou. « Même créer des tableaux plus sombres me détend. On n’a pas seulement une partie claire en nous; on a aussi du sombre en nous et c’est tout aussi important de l’extérioriser et de l’exprimer. On est des êtres entiers, plein de contrastes, et c’est cet équilibre qui fait ce que l’on est. »
La création se poursuit pour la Belœilloise, qui peint dans un atelier aménagé au sous-sol de sa résidence. Après avoir surtout peint de grandes toiles ces dernières années, elle travaille sur des œuvres de plus petit format, dont les thèmes ne sont pas encore définis. « Je ne sais pas ce qui m’attend dans mes prochaines œuvres. Ce sont les textures, les formes, les couleurs qui me guident, et il est encore trop tôt pour dégager une tendance dans les thèmes, qui deviennent évidents seulement après. » Elle confie aussi songer à des œuvres sur papier, en trois dimensions, sans savoir exactement de quelle façon elle s’y prendra encore pour les réaliser.
Il est encore possible de découvrir l’exposition Turbulence de Diane Royer à la maison de la culture Villebon (630, rue Richelieu, Belœil), jusqu’au 3 mars seulement.