Dans sa dernière livraison, L’Œil Régional rapportait que la planche nautique (wakeboard) serait interdite et que la vitesse des embarcations serait limitée à 10 km/h sur un tronçon de 20 km de la rivière qui borde les villages de Saint-Antoine, de Saint-Denis, de Saint-Marc et de Saint-Charles-sur-Richelieu. Annoncée le 12 juin dernier dans la Gazette du Canada, ces mesures pourraient entrer en vigueur en 2022, mais aucune date n’a été annoncée. Ce sont les quatre municipalités riveraines concernées qui auront la responsabilité de mettre en place l’affichage pour que les services de police puissent appliquer la réglementation.
C’est le député fédéral bloquiste Xavier Barsalou-Duval qui a mené le dossier en déposant auprès du Bureau de la sécurité nautique (BSN) du Canada un document de plus de 140 pages, « solide et qui fait consensus », qui découlait d’une série de consultations publiques tenues en 2017, d’une pétition de 500 noms signée par les résidents des villages riverains et d’une série de rencontres du bureau du député avec les élus des municipalités concernées.
Mais beaucoup d’opposants commencent à se regrouper pour s’opposer à cette réglementation à venir. Le créateur de la pétition de Change.org, Benjamin Charron, souligne qu’aucune demande formelle n’a été établie pour le moment, mais que les propriétaires de bateau riverains de la rivière considèrent que la limite de 10 km/h n’est « pas logique » et que la plupart d’entre eux disent ne pas avoir été consultés dans le processus. « Ça va prendre deux heures pour traverser les villages et ça va toucher tout le monde qui passe par les écluses. Ça n’a pas de sens », dit-il. » Et les policiers, est-ce qu’il vont patrouiller à 10km/h », demande-t-il?
S’il comprend qu’une partie du but de la nouvelle réglementation est de permettre un meilleur partage de la rivière entre les sports nautiques sans moteur et ceux avec moteurs, M. Charron pense qu’il est possible de mieux s’y prendre. « Oui, il y a place à amélioration pour la cohabitation avec le canot, le kayak ou le paddle. Mais il y a sûrement des façons de faire moins drastiques. La fin du wakeboard, de la tripe et du surf, ça va loin. Et de la motomarine à 10 km/h, ça n’a pas de sens. »
Un point de vue que partage aussi le riverain Pierre Hetu, qui pense que la nouvelle réglementation impactera aussi la valeur foncière des maisons. Les propriétaires viennent s’établir sur le bord de l’eau notamment pour avoir un quai et un bateau. « Les gens s’achètent des bateaux et s’équipent pour ça. C’est un beau sport familial, alors pourquoi l’empêcher? » Même s’il est d’avis que le partage de la rivière pourrait être amélioré, il souligne que la limite de 10 km/h n’a jamais été mentionnée lors des consultations auxquelles il a participé.
Les deux hommes pensent que des compromis sont possibles, comme interdire le wakeboard à certains endroits ou prévoir des heures pour la pratique.
Les marinas s’organisent
Le propriétaire de la Marina Saint-Mathias, Patrick Picard, a confirmé au journal que les propriétaires de marina dans la région se rencontreront tous jeudi pour établir un plan d’action en opposition à la démarche du député. Le but de la rencontre est aussi de proposer un compromis en sollicitant directement le député fédéral Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois.
Tout comme les riverains interrogés par le journal, M. Picard pense qu’il faut sensibiliser les propriétaires de bateau concernant la vitesse, ou encore établir des zones tampons pour circonscrire le wakeboard. Mais la limite de vitesse proposée ratisse trop large, dit-il, et s’applique sans discernement autant à des chaloupes que des bateaux de 50 pieds. « Les conducteurs de gros bateaux le savent qu’ils ne peuvent pas faire de vitesse. Oui, certains manquent de respect, mais il y a sûrement une façon de s’entendre. Un bateau de plaisance qui circule à 30 km/h, il ne fait pas de vagues. »
Selon lui, limiter la vitesse à 10 km/h sur cette portion de la rivière va seulement déplacer le trafic nautique sur la section de la rivière entre Belœil et Chambly et causer du mécontentement dans le secteur.
Il en a aussi contre le processus de consultation, qui s’est fait selon lui « en catimini ». Le député Xavier Barsalou-Duval a présenté une pétition de 500 noms, rappelle-t-il, mais ce ne sont pas tous des riverains. Selon lui, beaucoup de riverains ne sont pas d’accord avec la proposition de réglementation, trop draconienne. Il souligne aussi que le député, dans sa documentation envoyée au BSN, se base sur les deux journées les plus achalandées de l’année, fin juillet et début août, pour faire valoir son point de la vitesse sur l’eau, ce qui n’est pas représentatif de la saison. Les décideurs sont selon lui des gens qui ne connaissent pas le milieu nautique.
Au moment de mettre sous presse, le député Xavier Barsalou-Duval n’avait pas été en mesure de rappeler le journaliste.