8 juillet 2024 - 05:00
Maison du Bedeau : la restauration toujours possible, selon un rapport
Par: Olivier Dénommée
Le carnet de santé rédigé par ERA Architectes estime sommairement à 150 000 $ les travaux requis pour restaurer la maison du Bedeau, une conclusion que ne partagent pas les propriétaires. Photothèque | L’Œil Régional ©

Le carnet de santé rédigé par ERA Architectes estime sommairement à 150 000 $ les travaux requis pour restaurer la maison du Bedeau, une conclusion que ne partagent pas les propriétaires. Photothèque | L’Œil Régional ©

Alors que l’avenir du 1005 Richelieu, plus communément connu sous le nom de « maison du Bedeau », doit être décidé par les élus de Belœil, les deux camps continuent de s’organiser. Tandis que les propriétaires soutiennent que la bâtisse doit être entièrement démolie pour pouvoir ensuite être reconstruite à l’identique avec une extension afin d’accueillir un restaurant, les opposants misent sur les conclusions d’un carnet de santé réalisé par ERA Architectes estimant que la maison a besoin de travaux importants, mais que rien ne justifierait une démolition, du moins pas complète.
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Il a été possible pour le journal de mettre la main sur le rapport de 36 pages qui a été cité à plusieurs reprises dans les dernières semaines pour justifier l’opposition à la démolition de la maison du Bedeau. Ce carnet de santé présente plusieurs éléments dont l’état est considéré comme « défectueux », ce qui inclut les fondations, une partie du revêtement extérieur, une partie des planchers, certaines fenêtres, une partie de la toiture de même que le porche avant, pour ne nommer que ces éléments de la maison d’origine. Or, toujours selon le rapport, aucun de ces éléments ne justifierait une démolition complète. Les seules démolitions recommandées sont au niveau de la véranda couverte et le garage à l’arrière, ce qui a été retenu par le conseil local du patrimoine, qui a fait une recommandation en ce sens au comité de préservation du patrimoine bâti.

Le rapport va jusqu’à faire une estimation des coûts pour la plupart des rénovations requises pour rendre la maison « habitable ». Les coûts les plus importants seraient un nouveau drainage et l’imperméabilisation des fondations (entre 43 000 $ et 55 000 $), le remplacement du revêtement (entre 19 000 $ et 25 000 $), la reconstruction du porche avant (entre 10 000 $ et 15 000 $) et le rejointoiement intérieur et extérieur des fondations (environ 10 000 $ chacun). En tout, les travaux recommandés par ERA totalisent un peu plus de 150 000 $, mais le rapport ne prend pas en compte l’intention de transformer cette maison en restaurant, ce qui implique des normes beaucoup plus élevées que pour simplement y habiter.

Il va d’ailleurs de soi pour les propriétaires de la maison du Bedeau que « 95 % » des éléments de la maison d’origine ne pourraient pas être conservés de par leur piètre état de toute façon, ce qui inclut les fondations, la toiture de tôle visiblement rouillée et la majeure partie du recouvrement extérieur. Les coûts estimés par ERA pour la restauration du bâtiment sont irréalistes, assurent-ils.

Rappelons qu’au rôle triennal 2023-2025, cette maison est évaluée à 269 300 $.

Des voix s’ajoutent

Les propriétaires ont lancé il y a quelques semaines une pétition en faveur de leur projet, ce qui implique la démolition complète du bâtiment actuel pour le reconstruire à l’identique et lui greffer une extension à l’écart afin de continuer de mettre en valeur l’aspect unique de la maison du Bedeau dans le Vieux-Belœil. La semaine dernière, la pétition a dépassé la barre des 100 signatures.

En contrepartie, la Fédération Histoire Québec (FHQ) « réaffirme son opposition à la démolition de la maison du Bedeau », n’admettant pas les arguments en faveur de la démolition. « Les affirmations à l’effet que la maison ne peut être restaurée, que la construction d’un bâtiment neuf est moins coûteuse que la restauration de la maison existante, que la maison allait être reconstruite à l’identique, que certains éléments du bâtiment original seraient conservés, tous ces arguments nous sont servis à satiété et notre expérience confirme qu’ils ne tiennent pas la route dans la large majorité des cas », martèle Clément Locat, président de la FHQ.

« Cette maison qui a conservé une grande authenticité et un bon état de conservation mérite mieux que de contribuer à remplir un dépotoir. » Cette prise de position s’ajoute à celle de l’organisme Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec, qui a fait appel de la décision du comité de préservation du patrimoine bâti d’aller de l’avant avec la démolition.

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