6 Décembre 2023 - 07:00
Manoir : Marc-André Guertin assume tous ses choix
Par: Denis Bélanger
Marc-André Guertin. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

Marc-André Guertin. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

Un autre imposant dossier est atterri à l’improviste sur le bureau du maire Marc-André Guertin dans ses premiers mois en fonction, soit celui du Manoir Rouville-Campbell. L’élu est heureux d’avoir pu saisir l’opportunité d’en devenir propriétaire et assume amplement toutes les décisions prises jusqu’à maintenant en dépit des nombreuses critiques.
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Rappelons vite la trame narrative. La famille Imbeau a annoncé la mise en vente du Manoir moins d’un mois avant les élections municipales. Ce n’est qu’au mois de mars suivant, à la fermeture des activités commerciales du Manoir, qu’a commencé à circuler l’éventualité qu’il atterrisse entre les mains de la Ville. Une intention de don a été par la suite signifiée et Mont-Saint-Hilaire a accepté officiellement ce legs le 2 mai 2022.

« Si on ne fait rien, on va nous le reprocher. Si on fait de quoi, on va nous le reprocher aussi. Nous avons opté pour le deuxième scénario et assumé les critiques qui viennent avec. Est-ce que tu refuses 32 M$ en te disant que ça va être un paquet de trouble? C’est peu probable, car ça va tout changer dans ta vie. Le Manoir a plus que doublé la superficie de nos bâtiments municipaux. »

Impact financier

L’acceptation du don du Manoir par la Municipalité inquiète néanmoins des citoyens qui ont peur que le bâtiment devienne un éléphant blanc et entraîne un gouffre financier pour la Ville. M. Guertin reconnaît que l’entretien d’une maison demande de l’amour et de l’argent, mais assure que la Ville a déjà rentabilisé son investissement. « Le don est venu avec des boisés d’une valeur de plus de 3 M$. Juste avec cela, nous venons de rentabiliser le tout. L’impact financier annuel aurait été majeur pour nous s’il avait fallu acheter ces lots. »

L’élu se dit encore agacé par les « fausses informations » circulant sur différentes plateformes concernant les coûts d’entretien du Manoir. Tout récemment, on pouvait visionner sur YouTube une vidéo, accompagnée par le thème musical de Mission impossible, affirmant que la facture dépasse le cap du million. « Nous avons mis sur notre site internet le rapport des revenus (plus de 360 000 $) et des dépenses (355 000 $ pour le fonctionnement et 57 000 $ en mandat) pour les neuf premiers mois de l’année. Un autre argument qui nous est avancé est que nous perdons des revenus en taxes. Il y a plusieurs transactions qui sont exemptées de taxes. […] On fait des jeux d’épouvantail pour faire peur, mais ce n’est juste que du vide. »

Le comité des sages

Une autre décision critiquée dans le dossier du Manoir est celle d’avoir conservé l’anonymat pour les membres siégeant sur le comité des sages créé pour déterminer l’avenir du Manoir. Une pratique inhabituelle alors que tous les comités réguliers de la Municipalité identifient tous les membres, incluant les citoyens. Ajoutons que les noms des participants étaient connus pour des comités temporaires pour des dossiers majeurs tel que le plan d’aménagement métropolitain et la zone A-16. Marc-André Guertin persiste et signe sur ce point.

« C’était la première fois qu’on me le demandait. Oui, ça a un fardeau politique que j’assume. C’est moi qui reçois la chaleur. Nous avons accepté de conserver leur anonymat, car nous estimions que leur contribution était hautement significative au processus. […] Les opposants à cet anonymat nous donnent raison de le faire quand ils clament publiquement qu’ils accrocheraient les membres du comité pour leur partager leur objection. Ces gens-là font un travail bénévole et n’ont pas à subir une telle pression. »

Marc-André Guertin ne peut promettre si les noms des sages seront dévoilés une fois le processus terminé. « Je vais taire leur nom tant que ces gens me demanderont de le faire. »

Entre extravagance et continuité

Le Manoir semble destiné à poursuivre ses activités d’hébergement et de réception d’auparavant, le tout piloté par un gestionnaire. En avril dernier, plus de 100 citoyens avaient participé à un moment public pour trouver des idées d’usage au bâtiment patrimonial. L’exercice avait permis de récolter des suggestions variées, et certaines sorties des sentiers battus. Le maire concède que le résultat de la démarche peut paraître plate à la suite d’une démarche ayant fait place à l’extravagance.

« Nous avons été très rigoureux et eu l’audace d’avoir notre mot à dire sur la trajectoire du Manoir. Nous revenons à un pragmatisme. Nous ne pouvons virer tout à l’envers et laisser l’extravagance tuer le potentiel commercial, lequel va permettre vraiment au bâtiment de rayonner. Nous voulons avoir une cagnotte pour pouvoir aussi continuer de prendre soin du Manoir. » D.B.

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