15 novembre 2023 - 07:00
Bilan mi-mandat des maires et mairesses
Martin Dulac poursuit sur la lancée de son premier mandat
Par: Denis Bélanger
Martin Dulac.
Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Martin Dulac. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

L’OEil Régional entame des rencontres avec les maires des principales villes de la région afin d’explorer leur bilan à mi-mandat depuis les élections municipales de 2021. Ces entrevues nous permettent non seulement de discuter des enjeux cruciaux pour nos municipalités, mais également de mieux connaître lespersonnalités qui occupent ces postes décisionnels.
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En politique, le rythme est effréné et les changements sont fréquents, du propre aveu du maire de McMasterville, Martin Dulac. En l’espace de quatre ans, il est passé de recrue à vétéran sur la scène régionale, tout en conservant la même motivation de faire avancer sa communauté.

« Quand on se présente pour un deuxième mandat, on sait dans quoi on s’embarque, car on connaît la pression qui vient avec. On décide de le faire car on est passionné. L’engagement politique est une façon de faire avancer la société. Un deuxième mandat nous permet de finaliser les dossiers entamés dans le premier. »

L’élu reconnaît que la courbe d’apprentissage avait été abrupte pour lui lors de son arrivée en poste en 2017, et ce, même s’il occupait un poste de conseiller depuis 2014. En plus, il devait prendre la relève de Gilles Plante qui avait été en poste pendant 24 ans. « Malgré ça et la pandémie, nous avons été mesure de faire plusieurs réalisations dans ce premier mandat. Et, jusqu’à maintenant, nous maintenons le tempo dans ce mandat-ci. »

Martin Dulac ne peut dire à cet instant précis s’il sollicitera ou non un troisième mandat en 2025. « Deux ans en politique constituent une éternité. Il y a tellement de choses qui peuvent se produire d’ici là. » M. Dulac ne pouvait pas mieux dire. En 2017, il faisait partie de plusieurs nouveaux maires à la MRC de La Vallée-du-Richelieu. Quatre ans et une pandémie plus tard, plusieurs maires sortants sont tombés tandis que Martin Dulac a été élu par acclamation pour un deuxième mandat. Aujourd’hui, seule Marilyn Nadeau de Saint-Jean-Baptiste (trois mandats) a plus d’ancienneté que lui à la mairie dans la MRC. Martin Dulac partage le deuxième rang avec quelques autres maires qui en sont aussi à leur deuxième mandat.

Conciliation travail-famille

Martin Dulac admet que la vie de maire est prenante et qu’il lui est difficile de décrocher. « Ça accapare souvent ton esprit. Tu as beau être en vacances, tu as les médias sociaux et les médias locaux qui couvrent l’actualité. Ça te suit partout. Je sais que certains élus sont capables de fermer complètement leur téléphone pendant leurs vacances, ce qui est probablement une bonne chose. Moi, je fais des efforts pour garder certaines périodes sans téléphone, mais il y a toujours une façon de me joindre quand il le faut. »

M. Dulac soutient qu’il réussit bien à concilier son travail avec sa vie de famille. « Tout ça ne pourrait se faire sans le soutien de ma conjointe, étant parent de jeunes enfants. Le poste de maire t’oblige à t’absenter de la maison. Des fois, nous amenons les enfants à des activités municipales, ce qui leur permet de s’amuser et de voir leur père dans le contexte de son travail. »

Un bilan rempli

Martin Dulac peut nommer réalisations en rencontre de bilan de mi-mandat. Il cite en tête de liste la finalisation des travaux de sécurisation de la traverse piétonnière située à l’intersection de la 116 et de la rue Maple. « Ç’a été un travail de longue haleine. Nous nous faisions interpeller par nos citoyens, il y avait un enjeu de sécurité. Avec l’aide de notre député, nous avons été capables de faire exécuter les travaux. Nous ressentons le sentiment du devoir accompli avec cette réalisation. »

M. Dulac est aussi fier d’avoir inauguré à l’été 2022 la promenade de bois Les Porteurs d’Espoir située aux abords de la rivière Richelieu. « Ça embellit notre municipalité et crée un bel espace pour se réunir. Nous avons de plus augmenté notre offre en loisirs. Nous avons également accueilli le Grand défi Pierre Lavoie. Nous avons su aussi maintenir un taux raisonnable dans un contexte d’inflation et de pénurie de main-d’œuvre », énumère-t-il.

Un dossier à suivre au cours des prochains mois, outre Northvolt (voir autre texte), est celui du plan particulier d’urbanisme (PPU) pour le secteur du Vieux-McMasterville. « C’est un secteur qui a beaucoup changé, car il est en redéveloppement. J’ai le souhait que ça se fasse de façon harmonieuse et qu’on augmente les normes et exigences de la qualité architecturale. Nous avons tenu des consultations publiques. Les règlements du PPU seront éventuellement adoptés et présentés aux citoyens. »

Le maire Martin Dulac ajoute que les élus demeurent toujours accessibles pour les citoyens. « Nous sommes une plus petite municipalité et on y retrouve une plus grande proximité avec les citoyens. Quand on appelle à l’hôtel de ville, on me transfère les appels qui me sont destinés quand je suis là. Évidemment, tous les sujets amenés ne sont pas de nature politique, souvent c’est de nature administrative. Mais nous accompagnons le citoyen. Les plus grandes organisations n’ont pas cet avantage. »

Le projet Northvolt

Le dossier qui risque de marquer le deuxième mandat à la mairie de Martin Dulac est celui de la venue de l’entreprise Northvolt sur les anciens terrains de l’usine d’explosifs CIL. L’élu considère ce projet stimulant, mais demeure modeste quant à sa mise en marche et sa propre contribution.

Des milliards d’investissements, des emplois créés, la fabrication de la batterie la plus verte au monde, voilà quelques effets de la réalisation du projet à long terme qui donneraient raison au maire de bomber le torse. « Le but n’est pas de flasher avec ça, mais de saisir une opportunité et de faire avancer notre communauté. C’est très stimulant, nous voulons que ça fonctionne et s’intègre bien à la municipalité. »
Martin Dulac avance aussi qu’il n’est pas question pour lui de s’assurer de laisser un legs politique avec Northvolt. « Je n’ai pas d’attente sur ce que les gens vont garder comme souvenir de mon passage en politique. La seule attente que j’ai est envers moi, soit d’avoir la conviction que j’ai fait ce qui devait être fait pour le bien de ma communauté. »

Un acteur important

Ce projet titanesque a soulevé en premier lieu une curiosité chez M. Dulac lorsqu’il a été approché par les porteurs du projet. « On avait déjà décelé une opportunité. Nous ne connaissions pas tous les aspects, mais étant bien entourés à la Municipalité, nous avons pu prendre une décision éclairée. »
La portée de la venue de Northvolt s’étend bien au-delà de l’échelle locale. D’autres acteurs importants sont en jeu, dont Québec et Ottawa. Malgré la présence de ces deux paliers de gouvernement supérieurs, McMasterville joue aussi un rôle important, selon Martin Dulac. « La compagnie nous a demandé si on voulait d’elle. Cette dernière veut s’installer dans des milieux où il y a une acceptabilité sociale. Nous avons fait nos devoirs quant aux possibles impacts reliés à cette usine. »

Gérer l’opposition et l’attention

La municipalité a maintenant les projecteurs braqués sur elle depuis quelques mois en raison de Northvolt. Le maire indique qu’il s’acclimate bien à cette réalité. « Notre couverture locale et nationale a augmenté. Il y a aussi plus de gens qui viennent au conseil, ce qui est bien correct. »
Le projet suscite néanmoins de la contestation de la part de citoyens, prise de position que respecte Martin Dulac. « Il y a des gens qui parlent très fort et même dans les médias. C’est tout à fait dans leur droit. Le conseil peut se sentir interpellé par certaines interrogations. On remet toujours les choses dans la balance en pesant le pour et le contre. Il y a des gens en défaveur, mais ce n’est pas une majorité. »

Pas un travail gaspillé

Le projet de Northvolt a eu pour effet d’effacer complètement le projet résidentiel de type TOD (Transit Oriented Development) qui aurait entraîné la construction de 1500 portes à McMasterville. La Ville a investi du temps et de l’argent à cet effet. M. Dulac rejette néanmoins la notion de travail gaspillé. « On ne pouvait pas prévoir ce revirement de situation. À ce moment-là, il n’y avait pas de potentiel de développement industriel, car il n’y avait pas un accès direct à la route 116. La donne a changé notamment avec les investissements du gouvernement pour entre autres s’assurer un accès. »

Le maire se demande d’ailleurs si le projet résidentiel aurait vraiment vu le jour. « Les interrogations sont légitimes aujourd’hui avec les hausses d’intérêt et le fait que la construction est au ralenti. Ça aurait pu voir le jour dans 10, 15 ou même 20 ans. Maintenant, on a un projet sérieux avec Northvolt ainsi que plus intéressant sur les plans financier et urbanistique. »

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