31 mai 2023 - 07:00
Usine de cellules à McMasterville et Saint-Basile-le-Grand
McMasterville et Saint-Basile-le-Grand en bonne posture pour accueillir Northvolt
Par: Denis Bélanger
Le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon.
Photo François Larivière.

Le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon. Photo François Larivière.

L’entreprise suédoise Northvolt est sérieuse dans ses démarches pour implanter une usine de cellules à batterie sur les terrains de l’ancienne usine d’explosifs CIL. Des discussions ont eu lieu avec les représentants du gouvernement du Québec de même qu’avec ceux de Saint-Basile-le-Grand ou à McMasterville, là où sont situés les terrains en question.

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Rappelons que L’Œil Régional rapportait la semaine dernière que Northvolt s’était inscrite récemment comme lobby pour essayer d’implanter son projet dans la région. L’inscription au registre des lobbys indiquait aussi que des sites de Montréal et de la Côte-Nord étaient également considérés.

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a donné quelques détails sur la possible venue de Northvolt lors de son passage dans le cadre d’une conférence présentée par la Chambre de commerce et d’industrie Vallée-du-Richelieu. « On a deux-trois celluliers qui nous parlent, dont Northvolt », confirme-t-il.

Selon lui, les terrains de la CIL sont dans la mire des celluliers. « Il n’y a pas 10 places au Québec où on peut faire une usine sur un terrain de cette dimension », souligne M. Fitzgibbon. Surtout, un endroit qui peut fournir de l’énergie.

Les terrains de l’ancienne usine d’explosifs Canadian Industries Limited (CIL), qui a fermé ses portes en 1999. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Contrairement à la situation de Volkswagen, qui a préféré s’installer en Ontario parce que le Québec ne pouvait pas fournir les 800 à 900 mégawatts d’énergie dont la compagnie avait besoin, la situation de Northvolt (ou d’autres entreprises de cellules) n’est pas la même, affirme le ministre. « Sur 5-6-7 ans, on peut avoir une progression énergétique qui fait en sorte qu’un cellulier qui est patient [pourrait venir s’installer ici] » Le projet n’a pas non plus la même envergure et ne demanderait pas la même capacité énergétique, pense-t-il. Et les entreprises sont prêtes à patienter un peu pour venir en Amérique du Nord. « C’est sûr qu’il y a un engouement pour le Canada. »

Ottawa doit s’impliquer

M. Fitzgibbon pense que le projet de Northvolt dépendra de la volonté du Fédéral de s’impliquer. « L’enjeu numéro un, c’est [de savoir si] le fédéral est prêt à faire pour le Québec ce qu’il a fait pour l’Ontario [avec Volksvagen]. Si c’est oui, ça peut arriver. »

Le ministre rappelle que le gouvernement canadien s’est commis à fournir des subventions pour la filière batterie pour faire compétition aux Américains.

Pas de commentaire des maires

De leur côté, les maires des municipalités concernées sont plus prudents dans leurs commentaires en raison de la confidentialité des discussions. Le maire Yves Lessard de Saint-Basile-le-Grand a toutefois souligné que l’avenir des terrains de la CIL n’était pas un nouvel enjeu. « Quand j’ai été élu en 2017, j’avais fait part de mon souhait qu’on puisse développer ces terrains pour un usage quelconque. Ces terrains n’intéressent pas seulement une entreprise, mais plusieurs. »

Pour sa part, McMasterville maintient sa ligne de ne pas commenter un projet non concrétisé pour l’instant, mais le maire Martin Dulac confirme que l’entreprise a rencontré la Ville.

On ignore donc ce qui adviendra de la zone TOD, le futur quartier résidentiel prévu près de la gare située sur les terrains en question. Des efforts sont déployés depuis des années à McMasterville pour la réalisation de cet ensemble résidentiel. En 2016, la Ville avait notamment confié à Apur urbanistes-conseils, au coût de 90 000 $, le mandat de réaliser la planification détaillée de la conception de l’aménagement de l’aire TOD près de la gare. Des consultations avaient été tenues. Le processus avait notamment mené à l’idée de dévier la rue Richelieu du bord de la rivière.

En 2020, toujours dans le cadre du développement de l’aire TOD, une demande avait été formulée auprès du ministère des Transports du Québec pour déplacer le passage à niveau projeté au rang des Trente à Saint-Basile-le-Grand. McMasterville n’a toujours pas eu de réponse jusqu’à maintenant. Toujours en 2020, les élus avaient fixé le nombre de logements possibles dans le secteur à 775. Ce nombre aurait pu être revu à la hausse dès que 500 unités auraient été occupées.

Les terrains en question appartiennent en partie depuis 2015 à l’entreprise maintenant appelée Quartier MC2. Les principaux actionnaires sont le millionnaire d’Occupation Double, Luc Poirier, ainsi que de Min Ying Wu et Serge Gariépy. L’entreprise convoitait ces lots depuis plusieurs années déjà et s’est enregistrée en 2013 comme lobbyiste. Un des administrateurs avait déjà confié à L’Œil Régional que le projet pourrait contenir 1200 unités d’habitation. Le projet ne s’est pas encore concrétisé et aucun permis de construction n’a été délivré par la Municipalité jusqu’à maintenant. Auparavant, les terrains appartenaient à Akzo Nobel, qui a dû procéder à leur décontamination. Selon les documents de la Municipalité, Akzo Nobel détient encore des lots dans le secteur.

Une modification de zonage

Pour que le projet d’usine de cellules à batterie devienne réalité, la Ville de McMasterville devra modifier la réglementation de son zonage. Les terrains ne permettent que des usages résidentiels et commerciaux pour l’instant. De plus, une modification du zonage est susceptible de faire l’objet d’un référendum.

Sans commenter ce projet directement, le maire de McMasterville, Martin Dulac, a rappelé brièvement la mentalité des élus d’analyser une idée. « Peu importe le projet, il sera considéré dans son ensemble pour le bien de la collectivité. Nous n’acceptons pas de projet qui viendrait nuire à la quiétude et qualité de vie des citoyens. »

Pour permettre un usage industriel sur les anciens terrains de la CIL, McMasterville devrait plus précisément faire une demande du schéma d’aménagement à la MRC de La Vallée-du-Richelieu, un processus comportant plusieurs étapes. Par la suite, le règlement de modification du schéma d’aménagement devrait être approuvé par le ministère des Affaires municipales qui en vérifie la conformité aux orientations gouvernementales en matière d’aménagement du territoire (OGAT). Le règlement entre en vigueur s’il a été jugé conforme aux OGAT par le ministère.

À Saint-Basile-le-Grand, les terrains de la CIL permettent déjà des usages industriels. Selon le maire Yves Lessard, la Municipalité avait déjà voulu modifier le zonage, mais Québec avait demandé de le laisser intact en raison de ses caractéristiques particulières.

Avec la collaboration de Vincent Guilbault.

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