22 novembre 2023 - 07:00
Mélanie Villeneuve : assumée
Par: L'Oeil Régional
C’est en vélo qu’est arrivée la mairesse Mélanie Villeneuve. Un peu nerveuse, elle admet ne pas être une personne particulièrement extravertie. Elle se décrit surtout comme une fille posée, réservée, casanière, même si elle prend sa place dans les rencontres plus « intellectuelles ». Elle n’a toutefois pas peur de l’adversité, comme le prouve cet entretien. �� Photo François Larivière | L’Œil Régional ©�

C’est en vélo qu’est arrivée la mairesse Mélanie Villeneuve. Un peu nerveuse, elle admet ne pas être une personne particulièrement extravertie. Elle se décrit surtout comme une fille posée, réservée, casanière, même si elle prend sa place dans les rencontres plus « intellectuelles ». Elle n’a toutefois pas peur de l’adversité, comme le prouve cet entretien. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

« Prendre la chaleur » : à plusieurs reprises pendant notre rencontre, la mairesse d’Otterburn Park Mélanie Villeneuve utilise cette expression lorsqu’on parle de sujets un peu plus tendus : hausse du compte de taxes de 11 % l’année dernière, retrait d’arrêts dans certaines rues de la ville, restructuration municipale.

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« Le courage de prendre des décisions parfois plus difficiles, faire face à la musique, prendre la chaleur; dans les deux dernières années, je décrirais mon mandat en disant que le conseil municipal a fait preuve de courage. Je pense que j’ai fait preuve de courage et l’équipe municipale aussi. »

Même si certaines décisions attirent leurs lots de critiques et de détracteurs, Mme Villeneuve ne s’en laisse pas imposer. Le sourire facile, elle assume toutes ses décisions, même les moins populaires. Et elle entend bien sûr se représenter aux prochaines élections dans deux ans afin de continuer le travail; ou peut-être le commencer vraiment?

La restructuration de l’appareil municipal est un exemple du travail accompli en partie, explique la mairesse. En avril dernier, les élus ont procédé à une refonte complète de l’organigramme : suppression de six postes de direction et création de trois nouveaux postes de direction. « C’est un aperçu du travail à faire pour assurer que la machine roule bien. On a décidé de ne pas aller seulement en surface. »

Si l’équipe n’est pas complète, la Ville « roule » tout de même. « Mais oui, on va avoir besoin de renforts », dit celle qui persiste à dire qu’un ménage était nécessaire. « Après deux années à avoir fait preuve de courage, d’avoir mis les fondations, d’avoir été patient, nous sommes en mesure de débloquer tout ce qu’on veut faire. Notre équipe (élu, employés) mérite qu’on pousse plus loin et ils sont prêts. »

Après deux ans en poste, la position est plus confortable, admet-elle tout de même. Elle souligne qu’une belle dynamique règne au conseil, même avec la venue d’une nouvelle voix en Clarisse Viens, la seule élue qui ne provient pas de l’équipe de candidats de la mairesse. « Nous avons toujours chacun notre caractère indépendant; je pense vraiment que c’est une bonne chose. Nous sommes capables d’échanger librement sans nous sentir mal de ça. Ce qui nous rassemblait d’abord, c’est le sentiment d’appartenance envers la communauté. Et ça nous rattache toujours. »

Milieu horticole

Mélanie Villeneuve réside à Otterburn Park depuis environ 10 ans. Détentrice d’une formation en horticulture, c’est dans le cadre de son apprentissage qu’elle a découvert la ville et, surtout, le boisé. « J’ai trouvé la ville formidable, ce n’est pas une blague », promet la native de Longueuil. Elle et son conjoint, lui aussi horticulteur de formation, ont voulu venir vivre ici, entourés d’arbres (et de leurs « millions » de plantes!).

« On développe rapidement un sentiment d’appartenance ici. C’est un ancien site de villégiature et on voit l’influence anglophone dans l’architecture. Je ne fais plus de camping depuis que je vis ici; je suis mieux chez moi! », dit celle qui veut élever ses deux filles dans sa terre d’accueil.

Horticultrice en chef du Jardin Daniel A. Séguin, à Saint-Hyacinthe, Mélanie Villeneuve a aussi travaillé sur différents projets en agriculture urbaine, en verdissement, pour la lutte aux îlots de chaleurs ou sur des plans d’aménagement. Aujourd’hui, tout ça est sur pause, question de se concentrer à temps plein sur le travail de maire. « C’est un bon 50 heures par semaine, mais ce n’est pas ingrat. J’aime ça, dit-elle en riant. C’est vraiment un privilège. »

Planification stratégique

La mise sur pied d’une planification stratégique est une promesse phare de l’équipe de Mme Villeneuve. La planification stratégique se veut une vision globale de la Ville et concerne tous les aspects de la gestion municipale, allant du soutien aux organismes, à la culture, la vie sportive ou le positionnement au niveau environnemental. Prévue dans la première année de mandat, elle sera finalement adoptée dans les prochains mois. « C’est arrivé plus tard que prévu, admet-elle. Je centrais tout vers ça. On était dû pour ça. On a un développement [avec le Patriote] qui va représenter le cinquième de notre population et aucune planification stratégique n’a été faite. Ça n’a pas de maudit bon sens. »

Pour avoir cette vision « macro » de la ville, la Ville a mis sur pied un comité qui proposera un plan d’action clair et bien défini dans un laps de temps court, une vision de la ville pour les 3-4 prochaines années, sans aller trop loin. « Avec la venue de Northvolt, le timing est parfait. Car l’avoir fait il y a un ou deux ans, on aurait dû recommencer. »

Selon elle, la venue de l’entreprise de batteries va créer des opportunités; mais la Ville doit être prête. La venue de l’usine relance la possibilité d’une traverse piétonnière sur le pont du chemin de fer, ou encore la création d’une navette sur la rivière.

« On se rapproche de l’idée d’une “ville 15 minutes”, où tu peux tout faire à pied ou à vélo. Ce pôle d’emploi permet de pousser vers ça. Ça doit être structurant. »

D’ailleurs, elle profite de notre discussion sur Northvolt pour lancer quelques fleurs aux autres maires et mairesses de la région, soulignant qu’une « belle dynamique » s’est installée entre les élus de la MRC de La Vallée-du-Richelieu. « C’est agréable de travailler avec les autres élus. Je me sens très chanceuse d’être arrivée en politique ces temps-ci. Ensemble, on peut faire de grandes choses ici. »

Mélanie Villeneuve avec le journaliste de L’ŒIL Photo François Larivière

Prendre la chaleur

« J’aime répondre aux questions, être présente dans les situations difficiles. Ça fait peut-être cliché, mais c’est un privilège de rencontrer les gens. j’aime avoir des échanges directs et avoir l’occasion de parler avec les gens. »

Mais ça peut parfois être difficile. Par exemple, les élus, après une étude, ont décidé de retirer des stops. « On l’a fait en sachant que c’était les bonnes pratiques bien établies; c’était la chose à faire en se basant sur la science. Mais on doit être prêt à expliquer la démarche, entrer en communication avec les gens. Nous en avons retiré environ 5 ou 6 – des arrêts que les gens respectaient à moitié, donc qui ne fonctionnait pas bien. « Ça amène un faux sentiment de sécurité, car on s’attend à ce que les conducteurs les fassent, mais ils ne le font pas totalement. Il faut donc rassurer les gens. On les retire car c’est plus sécuritaire. »

La hausse moyenne du compte de taxes municipales de 11 % lors du dernier budget demandait aussi une dose de courage, pense la mairesse. « C’était un autre gros morceau, mais ça ne m’a pas empêchée de dormir, me raconte-t-elle, encore une fois très assumée. « On était devant une situation de hausse de coûts en raison des hausses des taux d’intérêt et d’un règlement d’emprunt. Juste ça, c’était environ 5 points sur les 11 points de pourcentage de la hausse. » En plus de l’inflation et de l’explosion des coûts des service – eau, police, incendie. « Nous aurions pu aller chercher dans nos surplus, mais ce n’était pas la bonne chose à faire […], on aurait juste reporté la hausse. Fallait y aller et je n’ai jamais regretté cette décision. Je sens que cette année, nous sommes en meilleure position. »

Le Patriote

Notre plus gros défi avec le quartier Le Patriote sera de concilier son caractère unique par rapport au reste de la ville. « En plus des impacts sur les changements climatiques; mais on a besoin de logements. J’aime dire qu’on est heureux à Otterburn Park tant qu’on ne divorce pas; sinon, tu ne peux pas habiter ici, tu dois quitter. Les gens seuls ne peuvent pas vivre ici » dit-elle, en référence aux prix des logements qui sont souvent trop dispendieux pour une personne seule. Tout comme les aînés, rapporte-t-elle, qui ne peuvent pas penser demeurer ici à leur retraite en raison des prix. Elle souhaite que le nouveau développement Le Patriote puisse alléger un peu le marché.

Et elle a confiance qu’une fois terminé, le projet sera intégré un peu mieux à la ville et que les résidents du quartier seront des Otterburnois à part entière. « J’en suis convaincue, même si en ce moment, le quartier se développe au bout de la ville, sans trop de lien. Ça va se bâtir avec le temps, et surtout avec la nouvelle école. »

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