C’est en avril 2022 que M. Davis a consulté pour la première fois son médecin de famille pour une sinusite persistante. Il lui a prescrit de la cortisone pendant au moins six mois, mais son état ne s’est pas amélioré.
L’homme s’est donc rendu à l’urgence de l’Hôpital Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe au moins une douzaine de fois, dont cinq fois en ambulance, pour cette condition. « Les polypes se sont rendus au cerveau. J’ai aussi fait une double pneumonie et de l’arythmie cardiaque. La dernière fois, j’ai failli y passer », a raconté celui qui est aussi suivi par un cardiologue. Sa situation cardiaque s’est néanmoins stabilisée depuis.
À l’automne 2022, Romain Davis a finalement été référé par un médecin de l’urgence à une oto-rhino-laryngologiste (ORL) du Centre intégré de santé et services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est. Après plusieurs tests, la spécialiste a convenu qu’il devait subir une opération des sinus. Celle-ci doit être réalisée à l’Hôpital général juif de Montréal et il est donc suivi par un ORL sur place depuis avril. Toutefois, on lui a appris au début du mois de juillet que le délai était de six mois à un an en raison du manque de personnel et de salles d’opération disponibles.
M. Davis est dépassé par la situation. Il n’en peut plus d’avoir le nez bouché et des maux de tête. Les médecins lui recommandent de prendre du Tylenol pour soulager la douleur en attendant.
Explications
Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, qui gère l’Hôpital général juif, n’a pas voulu commenter ce cas en raison des règlements en matière de confidentialité et de protection de la vie privée. « Le temps d’attente pour les opérations chirurgicales peut varier pour diverses raisons, mais nous ne sommes pas confrontés à un manque de salles d’opération et de personnel », a répondu par courriel un spécialiste en relations médias du CIUSSS. Une demande d’accès à l’information serait nécessaire pour obtenir les délais par types de chirurgie entre 2019 et 2023.
Pour sa part, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a indiqué qu’il appartient aux médecins et à l’établissement de déterminer ce délai en fonction du niveau d’urgence de la chirurgie et des ressources disponibles.
Elle a néanmoins voulu se montrer rassurante en rappelant qu’un plan de rattrapage de 400 M$ a été convenu entre la FMSQ et le ministère de la Santé en mai afin de diminuer le nombre de patients en attente d’opérations hors délai. Dans le cadre de ce plan, les établissements doivent notamment fournir les ressources et les plateaux techniques nécessaires.
Selon un article de La Presse cité par la FMSQ, l’objectif chiffré de ce plan est de « ramener le nombre de patients en attente d’une intervention chirurgicale depuis plus d’un an au niveau d’avant la pandémie, c’est-à-dire 2500, d’ici le 31 décembre 2024. Il y en avait 17 512 au 31 mars dernier. »
« Pour s’assurer que la cible soit atteinte au 31 décembre 2024, chaque établissement de santé – les CISSS et les CIUSSS – aura un objectif à respecter et devra se doter d’un plan d’action. Une cible intermédiaire sera également fixée pour chacun. Pour tout le Québec, ce sera de ramener à 7600 au 31 mars 2024 le nombre de patients en attente depuis plus d’un an », peut-on aussi y lire.