15 février 2023 - 07:00
Menaces
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

J’ai eu l’occasion de discuter à quelques reprises avec l’homme qui a menacé le directeur général Daniel-Éric St-Onge (voir article page 3), toujours au sujet des artéfacts. Chaque discussion fut très déplaisante. Je n’ai jamais reçu de menace de mort, mais le ton frôlait toujours l’intimidation : la colère, les sacres, l’agressivité. Pas assez pour loger une plainte à la police. Du moins, je n’en ai pas senti le besoin; nous avons tous notre degré de tolérance.

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Sauf pour les menaces de mort. L’homme devra prendre le temps de souffler un peu derrière les barreaux pour les mots qu’il a tenus à l’encontre de M. St-Onge. Et je ne peux que saluer l’initiative du directeur d’avoir porté plainte. Nous devons comme société nous montrer fermes devant les menaces. Nous avons accepté pendant trop longtemps les intimidateurs.

Cet événement me permet de soulever deux sujets plus ou moins reliés, si vous me permettez cette déviation du sujet.

D’abord, si le DG de Mont-Saint-Hilaire a été agressé par des propos menaçants, on peut aussi dire que le ton a souvent débordé à Mont-Saint-Hilaire dans les dernières années. Assez que certains propos et commentaires tenus par des internautes à propos des élus municipaux de Mont-Saint-Hilaire ont fait le tour de la province à l’émission de Paul Arcand, le matin.

Nous nous devons de rehausser la qualité du débat public. Nous pouvons être viscéralement en opposition contre certaines décisions des élus, notamment sur la gestion du territoire et le développement résidentiel, mais nous nous devons de garder un ton plus sain. De toute façon, l’insulte est souvent l’argument de celui qui n’en a plus.

Je travaille au journal depuis assez d’années pour dire que le ton du débat public n’est pas pire qu’avant. Les mêmes insultes que je lis sur les réseaux sociaux, je les entendais avant aussi en séance publique. Les réseaux sociaux ne font qu’amplifier un phénomène déjà présent. Il peut être juste de rappeler une fois de temps en temps que nous méritons mieux.

Ensuite, je ne peux m’empêcher de faire un lien entre les intimidateurs et les adeptes de la désinformation. Je parle notamment de ces politiciens ou commentateurs qui utilisent les mensonges et la désinformation pour jouer les gros bras sur la place publique. Nous devrons bientôt nous poser la question : doit-on faire la même chose avec eux, c’est-à-dire les poursuivre en justice pour les mensonges?

Je pense à des individus dégoûtants comme Alex Jones, qui a fait de l’argent en racontant des mensonges sur la tuerie à l’école primaire Sandy Hook, aux États-Unis. Je pense à la chaîne Fox News qui a construit une histoire mensongère entourant les machines de votes électroniques pour faire croire que Donald Trump s’était fait voler les élections. Dans ces deux cas, que je suis avec énormément d’intérêt, les responsables de la désinformation commencent à être traînés devant des juges pour répondre de leurs mensonges et surtout des dégâts qu’ils ont causés. C’est une autre forme de menace.

Avec la montée de la présence de l’intelligence artificielle dans la création de contenu ou dans la manipulation d’image, c’est un moment crucial pour se questionner sur l’avenir de la vérité.

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