D’après les données obtenues par le biais d’une demande d’accès à l’information, 170 automobilistes ont été arrêtés en état d’ébriété, ce qui représente une diminution de 33 arrestations par rapport à l’année 2019. En fait, il s’agit du plus bas nombre depuis au moins cinq ans; c’est la seule fois durant cette période que les infractions sont passées sous la barre des 200.
Le contexte de la pandémie de la COVID-19 explique beaucoup cette baisse, de l’avis du porte-parole de la RIPRSL, Jean-Luc Tremblay. « Les bars ont été fermés au printemps et le sont depuis octobre. Les rassemblements étaient interdits à Noël. De plus, il n’y avait pas de service de raccompagnement. Nous avons quand même eu une opération nationale concertée qui a duré jusqu’au 5 janvier. »
De son côté, le directeur général d’Éduc’alcool, Hubert Sacy, n’est pas surpris des statistiques. « La pandémie a donné moins d’occasions pour le faire. Cela aurait été épouvantable que ça ait augmenté. La vraie question qu’il faut se poser est le nombre de barrages. S’il y en a eu autant, c’est une bonne nouvelle. Mais si c’est moins, c’est une mauvaise nouvelle. »
Il est toutefois impossible d’avoir la réponse aux questions de M. Sacy, car la Régie ne tient pas de statistiques à cet effet, selon le sergent Tremblay.
Sur une pente descendante
Ajoutons que les arrestations pour conduite avec les facultés affaiblies sont en baisse constante depuis deux ans, après avoir enregistré une hausse précédemment. M. Sacy anticipe aussi les chiffres pour 2021, année marquée par l’imposition d’un couvre-feu.
Pour l’Opération Nez rouge, cette tendance à la baisse montre que le message passe. « Nous sommes fiers de voir que nos efforts de sensibilisation depuis 1984 portent fruit et que le bilan routier s’améliore d’année en année. Ces résultats justifient notre mission de sensibilisation et nous motivent à poursuivre nos actions, de façon à contribuer à faire baisser ces nombres chaque année », souligne la directrice des communications de l’organisme, Anne-Marie Audet.
L’ancien pilote automobile Bertrand Godin, qui agit comme porte-parole de la campagne de sensibilisation de l’entreprise Labatt depuis des années, se montre plus prudent dans l’analyse des statistiques, car elles ne disent pas tout selon lui. Il est également d’avis qu’il ne faut aucunement lâcher la cadence dans la sensibilisation.
« Oui, on fait un bon travail de prévention, mais on a trop tendance à se féliciter par rapport à certaines statistiques. Nous avons les accidents avec blessés, mais pas les sorties de routes. Pourtant, les erreurs de conduites dans les deux cas sont les mêmes. J’ai passé 8000 élèves en 11 ans à l’École nationale de police, je vois les lacunes. Il faut arrêter de penser qu’une conduite dans les règles équivaut à une conduite sécuritaire. Cela dit, en matière d’alcool au volant, on a fait énormément de progrès depuis les 40 dernières années. Les jeunes sont beaucoup plus responsabilisés sur le sujet. »