Ghislain Taschereau, à la tête de sa propre maison d’édition, les Éditions de l’Individu, depuis 2020, s’amuse plus que jamais à écrire sans contraintes. « Je suis chanceux, j’ai l’opportunité de bloquer chaque automne entre 20 et 35 jours dans mon agenda où je ne fais qu’écrire sans arrêt. C’est très efficace parce que, pendant ce temps-là, je n’ai que mon histoire en tête! » C’est avec cette démarche qu’est né Le six-coups de l’amour, mettant de l’avant le personnage de Carla Mitay, basée sur Calamity Jane. La série HilareCoquin propose des romans « amouristiques », se moquant avec humour des romans d’amour à partir de personnages célèbres comme Dracula, Hulk, Tarzan ou encore Superman, réinventés à la sauce Ghislain Taschereau.
« À l’époque, je m’amusais avec les codes du roman policier avec L’inspecteur Specteur. Je donne une nouvelle genèse à ces personnages et c’est trippant, car on connaît déjà leurs codes, alors on n’a pas besoin d’une mise en contexte trop complexe! Le Far West, on sait c’est quoi, on connaît le mode de vie aride de l’époque, et le personnage de Carla Mitay est une femme forte, puissante et solide que j’ai eu beaucoup de plaisir à écrire », commente l’auteur, qui se plaît à changer d’univers d’un livre à l’autre, sans se donner de limites.
Autres sorties
Avec la sortie de Québec 70, coécrit avec Tristan Demers et paru le 1er octobre aux Éditions de l’Homme, Ghislain Taschereau a mis son chapeau d’intervieweur, lui qui a posé des questions parfois surprenantes à plusieurs figures québécoises marquantes de cette décennie, incluant Yvon Deschamps, Plume Latraverse, Shirley Théroux ou encore Michel Tremblay. « Pendant ces années, tout était à faire et les artistes occupaient la place. Ça a été un bel exercice de réaliser ces entrevues », reconnaît l’auteur. Il a aussi participé au recueil Passés composés, dirigé par Richard Migneault, qui invitait des auteurs à revisiter la vie de personnages historiques. « On nous a demandé d’imaginer ce qu’ils auraient fait s’ils n’avaient pas eu la même vie. J’ai choisi Louis Cyr et je l’ai mis en relation avec un autre homme fort, moins connu, Victor Delamarre », note Ghislain Taschereau. Avec ces trois sorties en quelques semaines, l’auteur confirme vivre un « très bel automne » littéraire.
Après s’être fait connaître pour ses sketchs à la télé et à la radio, Ghislain Taschereau confirme qu’il se sent à sa place avec l’écriture romanesque, où il continue de répandre son humour sans avoir à se censurer dans ce qu’il peut créer. « Avec seulement un papier et un crayon, je suis capable de livrer quelque chose qui sera imaginé d’autant de façons qu’il y a de lecteurs. C’est la plus belle façon de faire son film selon son imaginaire! » soutient-il.
Dans son quotidien d’auteur, Ghislain Taschereau est souvent seul à écrire, mais il profite des tournées des bibliothèques pour aller à la rencontre du public et parler de littérature et de son parcours unique. « Je parle de mon parcours de tête de cochon parce que j’ai dû m’obstiner pour faire ce que j’ai fait, ce qui a marché à l’époque de 100 Limite et Taquinons la planète, avant que je passe à la littérature. » Il admet avec humilité que même après 14 romans à son actif, plusieurs personnes ignorent toujours que Ghislain Taschereau est auteur. « Beaucoup ont de la misère à imaginer mon humour transposé à l’écrit, mais si vous aimez ce que je faisais à la télé, c’est 10 fois mieux parce que je n’ai plus de contraintes de budget! »
Le mercredi 8 octobre à 18 h 30, lors de sa visite à la bibliothèque Armand-Cardinal de Mont-Saint-Hilaire, l’auteur espère voir un public varié, autant des gens qui gardent un souvenir impérissable des Bleu Poudre – il n’a par ailleurs aucune honte de parler de cette époque même s’il pratique l’humour d’une autre façon maintenant – que des jeunes de moins de 35 ans qui ont entendu parler de lui à travers leurs parents. « C’est surprenant de constater à quel point les années 90 ont été la dernière décennie où il y avait encore une certaine communion, où tout le monde écoutait les mêmes émissions et avait une culture commune. » Il invite ainsi les curieux à vivre un petit moment de communion, sans prétention, autour de son parcours et de ses écrits.
