Le directeur associé de la Réserve naturelle Gault, David Maneli, se dit préoccupé. « On voit de nos yeux les dommages et les cicatrices de la chenille. Ça ne va pas causer la mortalité des arbres. Ça va affecter leur croissance à cause de l’accès limité à la photosynthèse. […] C’est une nuisance. On regarde la situation de près, mais il n’y a pas nécessairement de traitement qui peut être fait », mentionne-t-il.
La chenille spongieuse, poilue bleue et rouge, est une espèce envahissante qui a été introduite aux États-Unis par accident en 1859 par un naturaliste français qui essayait de faire des croisements entre la spongieuse et des vers à soie nord-américains. Quelques insectes se sont échappés et se sont installés dans le nord-est des États-Unis. L’espèce a été détectée au Canada au début du 20e siècle.
Comme toute espèce envahissante, elle se propage sans faire face à des prédateurs. On estime qu’on assiste à une infestation de cette ampleur aux 10 ans. Certains agents de contrôle naturels existent, comme un virus et des champignons, mais ils sont loin de permettre un retour à l’équilibre, souligne le directeur associé de la Réserve Gault. La chenille spongieuse dévore le feuillage des arbres. Au cours du stade larvaire, une chenille spongieuse peut manger à elle seule, en moyenne, un mètre carré de feuillage, selon le gouvernement du Canada.
Les dommages sont observés depuis quelques semaines au mont Saint-Hilaire. Les larves devraient se transformer en cocon en juillet pour ensuite se transformer en papillon de nuit. À ce moment, les arbres pourront en profiter pour produire de nouvelles feuilles pour le reste de la saison, affirme M. Maneli.
« Il faut être soucieux des plantes et des insectes qu’on amène dans nos jardins. Les espèces envahissantes sont un facteur de perturbation majeure de l’écosystème. Avant que les organismes s’adaptent aux nouvelles espèces, ça prend beaucoup de temps. L’écosystème est un équilibre fragile », ajoute M. Maneli.
Le problème est observé depuis quelques semaines aussi aux alentours de la montagne, sur le territoire de Mont-Saint-Hilaire. La Ville reconnaît que, bien que cyclique, il est plus présent depuis les deux dernières années. À ce jour, la Ville n’a pas de moyens pour contrôler efficacement cette propagation sur l’ensemble du territoire. De plus, il est recommandé d’éviter d’entrer en contact avec les chenilles puisque les poils peuvent avoir un effet urticant.
Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs assure surveiller la situation. Cette espèce est présente dans plusieurs secteurs en Montérégie, près de Montréal et en Outaouais, ajoute le relationniste de presse du ministère, Sylvain Carrier. « Les infestations de spongieuses durent deux ou trois années, et les arbres en santé résistent bien à la défoliation causée par cet insecte. Nos équipes sont à l’œuvre pour documenter davantage la situation. »