10 janvier 2024 - 07:01
Mourir dans la dignité à la maison pour nos compagnons à quatre pattes
Par: Vincent Guilbault
Depuis deux ans, la Dre Nérette sillonne la région avec son service d’euthanasie mobile afin d’apporter un peu de réconfort aux propriétaires d’un animal en fin de vie.
Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Depuis deux ans, la Dre Nérette sillonne la région avec son service d’euthanasie mobile afin d’apporter un peu de réconfort aux propriétaires d’un animal en fin de vie. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Après une longue maladie de sa chienne Thelma, la vétérinaire Pascale Nérette a pris la douloureuse décision de procéder à une euthanasie. Mais il n’a jamais été question pour elle de se rendre en clinique pour mettre fin aux souffrances de son animal. Malgré les larmes, elle a procédé elle-même à l’euthanasie en 2006 dans le confort de son foyer et de celui de Thelma. Quelques années plus tard, le même questionnement s’est imposé pour sa chienne Charlotte, qui a aussi été euthanasiée à la maison en 2010.

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Pour elle, il n’était pas question que ses animaux meurent à un autre endroit que leur maison. Quelques années plus tard, après maintes réflexions, la résidente de Mont-Saint-Hilaire offre aujourd’hui le même service mobile d’euthanasie à domicile avec son entreprise Partir avec dignité.

La diplômée de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal se déplace directement chez les gens pour offrir les services d’euthanasie aux chats et aux chiens malades. Une opération qui lui prend environ une heure et qu’elle pratique à raison de cinq fois par semaine depuis maintenant deux ans.
Rapidement, la question de savoir si passer beaucoup de temps à euthanasier les animaux pèse sur le moral est soulevée. En entrevue avec L’ŒIL, la Dre Nérette sourit à la question. Pour elle, tout est une question d’humanité, d’accompagnement pour ces animaux déjà en fin de vie.

« Quand je vais à une visite, je suis investie. Chaque moment est vraiment précieux. La rencontre avec l’autre, avec les gens. J’y vais pour l’animal, pour lui offrir une belle fin de vie, mais aussi pour les gens, pour les accompagner dans cette fin de vie. » Selon elle, il s’agit d’un beau geste, d’un acte de « générosité, de respect ».

« Je participe à mettre fin à leurs douleurs, à la maison; je fais ce travail parce que ça a un sens », dit celle qui pratique l’euthanasie seulement en dernier recours. Si l’animal est en bonne santé, elle refuse et propose d’autres options ou elle dirige le propriétaire de l’animal vers un autre collègue. « Je ne serais pas capable de faire ça à long terme, euthanasier des animaux en santé. »

Pas de comparaison
À plusieurs reprises, la vétérinaire précise que son offre de service n’est pas meilleure que l’euthanasie en clinique, mais seulement différente. Elle propose surtout une alternative, dit-elle, une façon de permettre à l’animal, et sa famille, de vivre ses derniers moments sans stress, chez lui, en mettant l’accent sur l’aspect humain du processus. L’avantage, c’est que l’animal vit ses derniers moments sans stress, dans un lieu connu, avec des odeurs et des bruits familiers. Et la personne peut vivre toutes ses émotions sans pression.

« On veut un animal qui n’est pas stressé, donc on va créer un environnement calme. Une visite dure une bonne heure. J’aime prendre mon temps. »
Le protocole se ressemble d’une visite à l’autre; la docteure va amadouer l’animal et elle va s’installer dans la pièce « choisie » par la bête. Elle va le caresser doucement avec le bout du doigt, puis avec l’aiguille de façon douce et sans l’aide d’un technicien. « Je ne fais rien pour que l’animal se sente pris ou forcé. »

Une fois que l’animal est habitué à la sensation de l’aiguille, la docteure peut ensuite le piquer avec le sédatif. Environ 15 ou 25 minutes plus tard, alors que l’animal dort, elle peut ensuite administrer la solution létale et arrêter le cœur.
Après le décès de l’animal, le corps est placé dans un sac spécialisé conçu par une vétérinaire québécoise (Euthabag) et Dre Nérette va procéder à la crémation avec une entreprise spécialisée. Parfois, certains préfèrent enterrer l’animal, si le règlement municipal le permet, prévient-elle.

Que ce soit auprès de son service ou auprès d’un autre vétérinaire, Dre Nérette invite les propriétaires d’un animal à ne pas trop attendre lorsqu’il est question d’euthanasie pour abréger les douleurs. « On m’appelle souvent en urgence, car c’est difficile de prendre cette décision. Les gens ont tendance à trop attendre. Je vois beaucoup d’animaux en très grande souffrance. »

Si l’euthanasie à domicile peut rendre la décision moins douloureuse, pense-t-elle, elle ne la rend pas plus facile. Mais elle espère transformer la rencontre en souvenir important. « Pour moi, ce moment ne doit pas être traumatisant, mais serein. Ça doit rester le meilleur souvenir possible malgré tout. »

La vétérinaire Pascale Nérette accompagne le chien Tom dans ses derniers moments.
Photo gracieuseté

Long projet en devenir
Diplômée en 1995, Dre Nérette a déjà offert des services à domicile à la sortie de l’école. Après quelques années en clinique, Pascale Nérette a quitté le Québec pour le Nouveau-Brunswick, où elle a pratiqué son métier auprès des animaux aquatiques et dans les fermes aquacoles. Elle est ensuite retournée à l’école pour obtenir un doctorat en épidémiologie au Atlantic Veterinary College.

De retour au Québec depuis 2006, elle travaille toujours dans le domaine de l’épidémiologie en établissant des programmes d’analyse de santé nationaux pour les animaux aquatiques.

Elle attendra toutefois jusqu’en 2022 pour établir son entreprise Partir avec dignité. « Ça fait au moins 10 ans que j’y pense, mais toutes sortes de raisons et d’excuses ont retardé la naissance de l’entreprise, qui a pris vie il y a deux ans », dit-elle. C’est une collègue qui offre le même type de service qui l’a convaincue de faire le saut.

Alors qu’elle aimerait bientôt retourner en clinique, et que son travail d’épidémiologie lui demande la majorité de son temps, Dre Nérette pense bien que son service Partir avec dignité va prendre de l’expansion avec les années.

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