Le terme « biome » est généralement utilisé dans le sens d’un écosystème, mais il s’applique aussi parfaitement pour décrire cette exposition, de l’avis de la directrice générale du MBAMSH, Geneviève Létourneau. « Quand on a lancé l’appel de projets, on n’avait pas de thème, mais le fil conducteur des biomes s’est rapidement dégagé parce que chaque artiste présente son univers, son biome artistique. Ajoutons qu’un thème comme Biomes est tout à fait dans l’esprit d’une ville comme Mont-Saint-Hilaire! »
C’est ainsi que le public est invité à découvrir les biomes artistiques de Lorraine Dagenais (biome cosmique), Patricia Gauvin (biome cérébral), Gianni Giuliano (biome suspect), Marie-Claude Lemire (biome fragmenté), Catherine Magnan (biome cellulaire), Sebastian Mügge (biome urbain), Boris Pintado (biome bicéphale), Michel T. Desroches (biome émotif) et Costin Tuta (biome géométrique). L’ŒIL a rencontré Marie-Claude Lemire et Costin Tuta, respectivement résidents de McMasterville et de Mont-Saint-Hilaire.
Biome fragmenté
Pendant la pandémie, Marie-Claude Lemire s’est donné comme défi de créer un dessin quotidiennement, sans se donner de thème ni de restriction artistique. « C’est devenu un rituel et je cumule maintenant au-dessus de 500 dessins », relate-t-elle. L’idée de créer une mosaïque à partir de ses croquis disparates lui est ainsi venue, ce qui a donné « Carnets de dessins 1 », combinant une centaine de ses croquis, aussi différents soient-ils.
« La mosaïque n’a pas été créée au hasard : j’ai regroupé les dessins par couleur, ce qui donne un certain suivi visuel même si c’est fragmenté et disparate. Je pense que ça marche! », souligne la McMastervilloise. Elle ajoute en riant que la grande diversité dans cette mosaïque a même confondu un visiteur qui lui a demandé quels dessins elle avait réalisés!
Elle confirme aussi qu’elle poursuit son rituel de créer un croquis par jour et n’exclut pas de refaire d’autres expositions du genre dans le futur.
Biome géométrique
Artiste vivant à Mont-Saint-Hilaire depuis quelques années, Costin Tuta met de l’avant la nature et des formes géométriques, mais y cache aussi des concepts philosophiques. Par exemple, son installation recto verso « Géométrie vivante III » représente en grand format une noix, une référence à la « géométrie discrète » retrouvée dans la nature, où rien n’est parfaitement rond ou carré. De son côté, « Moi » présente simplement le dessin grand format d’un chardon trouvé sur le mont Saint-Hilaire auquel l’artiste s’est identifié.
Costin Tuta s’amuse aussi avec des formes géométriques pour créer « Architecture biométrique III », une œuvre abstraite sur laquelle on croit pourtant reconnaître un personnage humain. « Ma méthode est de commencer par un dessin, puis de déconstruire le dessin! C’est une forme de révolte contre l’industrialisme. […] Mais c’est important de laisser celui qui regarde faire sa propre interprétation de mes œuvres », soutient-il.
Les deux artistes n’ont que de bons mots pour l’organisation de la Biennale. « La qualité du travail de l’équipe ici est meilleure qu’à bien des endroits à Montréal. […] Les propositions sont très différentes, mais ce n’est pas chaotique », commente Costin Tuta. Il précise d’ailleurs que la toute première exposition à laquelle il a assisté depuis qu’il a aménagé à Mont-Saint-Hilaire est la précédente Biennale du dessin. « Beaucoup d’autres artistes m’ont impressionnée! J’ai beaucoup parlé à Patricia Gauvin, elle a une personnalité qui me ressemble beaucoup. Mais, ironiquement, moi je fais des très petites œuvres et elle, de très grandes! », ajoute Marie-Claude Lemire, faisant référence à l’impressionnante œuvre « Dans ma tête », de plus de 4 m de largeur.
Le vernissage du 12 mars a attiré une centaine de visiteurs, qui ont échangé avec les artistes présents dans une ambiance festive. « Les gens ont bien apprécié la qualité d’exécution de l’exposition et son côté éclectique. Tout le monde pourra y trouver son compte! », conclut pour sa part Geneviève Létourneau.
L’exposition est présentée au Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire jusqu’au 23 avril. Plus plus d’informations sur la Biennale du dessin : mbamsh.com, 450 536-3033 ou reception@mbamsh.com.