L’album fait en quelque sorte suite à l’album Maison de pierres – Confiné aux voyages aussi enregistré avec Frédéric Samson, au début de la pandémie. Ce qui devait initialement devenir Maison de paille a finalement bifurqué pour un autre album plus minimaliste, où les textes et les émotions sont bien mis de l’avant. « Frédéric a trippé sur le précédent album au point de me convaincre de continuer à pousser dans cette direction. Ce qui avait fait parler avec Maison de pierres, c’était le côté jazzy que les arrangements avaient naturellement à cause de la formule contrebasse-voix. Ça nous a fait penser au mouvement cool jazz dans les années 50, qui délaissait la vitesse du bebop pour présenter une autre vision, avec de la lenteur et de l’émotivité », explique Nicolas Boulerice en entrevue.
Cool Trad ne contient pas que des complaintes, mais chacune des 12 chansons traditionnelles choisies est bien mise en valeur dans ce nouvel enrobage. En plus de la contrebasse et de la voix, certaines chansons sont enregistrées avec une guitare basse (guitare accordée un octave plus bas) de même qu’un mélodica. Il est aussi possible d’entendre la gigueuse Camille Labrèche dans « La Californie », lui donnant un côté plus percussif. « “Trois beaux garçons” offre une sacrée belle mélodie. Et je suis content d’avoir enregistré “Noa”, une complainte bretonne traduite en français, que j’ai apprise du [chanteur traditionnel] Yann-Fañch Kemener, décédé en 2019. C’est une espèce d’hommage que je lui rends en même temps », raconte le musicien au sujet de certaines des chansons phares de l’album.
Nicolas Boulerice soutient que ce projet n’aurait jamais pu voir le jour sans son acolyte, qui a pris beaucoup de place dans le projet. « Frédéric Samson était vraiment la bonne personne pour cet album. En plus d’être un excellent musicien, c’est un ethnomusicologue, un gars qui prend le temps de réfléchir et qui me posait régulièrement la question : “Cette chanson, pourquoi elle est cool?” » La dernière chanson de l’album, « Hymne au quêteux», propose un mélange très intéressant entre une mélodie de « Hymn to Freedom » du jazzman Oscar Peterson et une chanson associée à un violoneux de Portneuf. « C’est culotté, mais beau comme mélange », estime-t-il.
Si l’instrumentation de Cool Trad est similaire à son précédent album, Nicolas Boulerice croit que cet opus enregistré ces derniers mois est moins sombre que Maison de pierres, qui a vu le jour dans un tout autre contexte. « Cool Trad est plus ouvert, plus facile d’accès. Il y a de la lumière qui s’en échappe. »
Mini tournée de lancement
L’album sera disponible à compter du vendredi 1er mars et une petite tournée de lancement dans quelques salles intimes est au programme, dont le 3 mars à Sorel-Tracy, mais aucune date n’est encore annoncée dans la Vallée-du-Richelieu. « C’est le genre de spectacle qui se prêterait bien à l’ambiance de la Maison Villebon, à Belœil, sinon dans le cadre du festival Chants de Vielles [à Saint-Antoine-sur-Richelieu] », laisse-t-il entendre. Dans sa forme actuelle, le spectacle mis en scène par Christian Vézina met en vedette les deux musiciens, de même qu’une vieille radio avec laquelle ils vont interagir pendant la performance, où ils vont essentiellement jouer les chansons du nouvel album.
À plus long terme, Nicolas Boulerice rêve de voir les chansons de Cool Trad être jouées par des musiciens de jazz qui pourraient improviser sur celles-ci. « Il y a un lien entre le trad et le jazz, qui ont chacun un répertoire connu de tous : dans les deux cas, on reprend une mélodie et on se la fait nôtre », compare-t-il.
S’avouant « boulimique de création », l’Antonien confirme en entrevue que le projet de Maison de paille, où il a bien l’intention de mettre en valeur son instrument fétiche, la vielle à roue, existe toujours, mais qu’il sera remis à plus tard. « Avant d’arriver là, j’ai un projet de disque de musique pour enfants et un recueil de poésie », mentionne-t-il, sans parler des autres projets avec son groupe Le Vent du Nord.