6 décembre 2023 - 07:00
Dîner-causerie avec le PDG Paolo Cerruti
Northvolt se montre rassurant devant la Chambre de commerce
Par: Olivier Dénommée
Paolo Cerruti a répondu aux questions de Dany Michaud (à droite) pendant un peu plus d’une quinzaine de minutes, puis à celles du public lues par Julie La Rochelle pendant plus de 20 minutes.Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Paolo Cerruti a répondu aux questions de Dany Michaud (à droite) pendant un peu plus d’une quinzaine de minutes, puis à celles du public lues par Julie La Rochelle pendant plus de 20 minutes.Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

C’était salle comble à l’hôtel Rive-Gauche de Belœil le 1er décembre alors que la Chambre de commerce et d’industrie Vallée-du-Richelieu (CCIVR) invitait la communauté d’affaires et les élus de la région à un dîner-causerie en compagnie de Paolo Cerruti, PDG de Northvolt Amérique du Nord. Bien que la salle était loin de lui être hostile, plusieurs questions légitimes qui inquiètent la population lui ont été posées et il leur a répondu sans détour.
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En introduction, quelques dignitaires ont livré des allocutions pour souligner l’impact que va avoir le projet Northvolt sur le Québec ainsi que sur la Vallée-du-Richelieu et ont souligné l’importance de saisir toutes les opportunités liées à l’arrivée de cette usine dans la région. Juste avant de céder la parole à M. Cerruti, la présidente- directrice générale de la CCIVR, Julie La Rochelle, a soutenu que c’était un honneur de recevoir un entrepreneur visionnaire tel que lui.

La table était donc mise pour des échanges plutôt consensuels, mais Paolo Cerruti s’est aussi adressé aux non-convertis dans son mot d’introduction. « Les discussions que j’ai eues avec les citoyens sont loin des discours que je vois dans les médias. J’ai rencontré des gens ouverts, intéressés, informés, qui sont prêts à nous faire confiance, mais pas à n’importe quel prix. J’aimerais vous tendre la main afin que ce projet devienne le vôtre, devienne le nôtre. Pour cela, il faudra bâtir une relation de confiance mutuelle. Cela commence par une entière transparence. J’entends beaucoup de préoccupations quant à la biodiversité, par exemple. Je vous rassure, produire des batteries vertes n’est pas incompatible avec une production respectueuse de son environnement proche. Vitesse d’exécution n’est pas synonyme de raccourci », a-t-il notamment affirmé, s’avouant surpris de la « méfiance » et de la « myopie » de certaines personnes farouchement opposées à la venue de Northvolt. « La vraie erreur serait de ne rien faire et de compter sur quelqu’un d’autre pour faire le travail. »

Il reconnaît toutefois qu’il y a de « justes préoccupations citoyennes », notamment liées à la qualité de l’air, la préservation des milieux humides et l’impact sur la circulation et sur les autres entreprises de la région, enjeux sur lesquels il s’est montré très rassurant. M. Cerruti a promis que Northvolt fera mieux que la CIL, « une usine d’explosifs au passé controversé » qui a « laissé pendant 120 ans des traces sur le terrain et dans la mémoire collective ».

Échanges avec la CCIVR

L’allocution de Paolo Cerruti a été suivie d’un dialogue avec Dany Michaud, vice- président du CA de la CCIVR. Ce dernier lui a posé des questions inspirées des préoccupations du public entendues depuis l’annonce du dîner-causerie. La question des milieux humides a vite été abordée.

« Il serait une erreur de mettre en opposition de façon polarisante la protection des milieux humides et l’objectif de créer une société meilleure demain. On a ça dans l’ADN, l’environnement. À un niveau macro, c’est clair que les deux convergent. À un niveau micro, la réalité, c’est que sur le site, il y a des milieux humides, certains d’entre eux de grande valeur, et on a décidé de ne pas les toucher. » Il a ainsi assuré que malgré l’arrivée de la giga-usine, ces milieux seront « protégés » et « contournés ». Toutefois, plusieurs milieux humides créés par les travaux de décontamination du site n’ont pas la même valeur et Northvolt s’engage à compenser la destruction d’une partie de ceux-ci en discutant avec le ministère de l’Environnement.

Naturellement, la question de la main-d’œuvre a été discutée, afin de rassurer les entrepreneurs qui peinent déjà à recruter et à garder leur personnel et voient arriver un nouvel employeur qui promet d’être très attractif. M. Cerruti rappelle qu’il n’est pas dans son intérêt de voler les talents des autres entreprises de la région, avec lesquelles Northvolt souhaite bâtir des liens durables, même si l’entreprise a reçu des milliers de candidatures spontanées depuis l’annonce de leur implantation dans la région. « En tout cas, personne chez nous n’est parti », a commenté en riant Dany Michaud, président fondateur de l’entreprise Voghel, avant de passer à un autre sujet.

La perception de Skellefteå, la commune où la toute première usine de Northvolt a vu le jour en Suède, a aussi été abordée. Paolo Cerruti estime que ses habitants ont « appris à vivre avec nous », même si à l’époque, l’entreprise n’était pas aussi « mûre » et a fait les choses d’une manière bien différente qu’elle compte le faire au Québec. Il est confiant que les choses seront mieux faites pour l’implantation de l’usine dans la région que la première en Suède, même si les retombées sont généralement très positives, comme a commenté Evelina Fahlesson, mairesse de la commune de Skellefteå dans nos pages il y a quelques semaines.

Questions du public

Le dernier segment du dîner-causerie a été animé par Julie La Rochelle, qui relayait les questions écrites directement par des gens dans l’assistance. Une interrogation est notamment venue sur la protection des espèces menacées pendant la phase de construction de l’usine, ce à quoi le PDG de Northvolt a assuré qu’un protocole était déjà prêt pendant cette phase délicate pour assurer leur survie. « C’est une procédure solide, mais on va voir pendant les travaux si elle fonctionne bien ou s’il faut encore apporter des modifications », soutient-il.

Pour les premières années d’opération, l’usine Northvolt Six va faire venir ses matériaux d’Europe, mais à plus long terme, l’entreprise espère développer cette expertise plus localement. « Démarrer une toute nouvelle usine avec ce niveau de complexité, avec une nouvelle équipe, dans un nouveau pays, avec un nouveau produit, c’est un niveau de risque qui commence à être très élevé! Une des missions de Luc Hovan (vice-président, excellence opérationnelle) est de créer un écosystème de fournisseurs locaux », répond M. Cerruti au sujet des fournisseurs auxquels Northvolt compte faire appel.

La question du transport en commun est aussi « très haute dans la pile dans la liste des priorités » pour Northvolt, qui souhaite rencontrer exo très rapidement pour « ramener les trains du matin et du soir » dans les deux directions sur la ligne Mont-Saint-Hilaire du train de banlieue. Une suggestion chaleureusement applaudie par la salle. Paolo Cerruti a d’ailleurs invité les gens à « utiliser » Northvolt pour pousser les décideurs à donner suite aux doléances quant aux enjeux de transport en commun dans la région.

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