Le résident de Saint-Mathieu-de-Belœil Marc-Antoine d’Aragon est un chanteur lyrique bien connu dans la région, mais c’est aussi un grand amoureux de la musique intemporelle de Ferland, qui l’accompagne depuis son plus jeune âge. « J’ai été plongé dans sa musique dès l’âge de 5 ou 6 ans par ma mère qui en écoutait tout le temps dans le salon! Depuis, ça fait partie de mon folklore », raconte-t-il. La musique de Ferland fait d’ailleurs partie de son propre répertoire depuis plusieurs années, notamment avec son groupe Bohème. « Un hommage à Jean-Pierre Ferland, c’est quelque chose qui mijotait depuis très longtemps, notamment avec mon groupe, mais le projet n’a jamais eu lieu… Mais depuis son décès le 27 avril 2024, je me suis dit que c’était maintenant le moment, et je me suis plongé à temps plein dans son répertoire : je voulais chanter toutes ces belles pièces oubliées. »
Il ne voulait toutefois pas se lancer seul dans l’aventure et a invité deux Hilairemontais qui ont côtoyé Jean-Pierre Ferland de près, Lynn Jodoin, qui a été sa choriste pendant 20 ans et qui a elle-même créé son propre hommage il y a quelques années, et Alain Leblanc, directeur musical de Ferland pendant des décennies et co-compositeur de plusieurs de ses chansons, incluant l’incontournable « Une chance qu’on s’a ». « Vous n’avez pas idée à quel point je suis choyé d’être avec ces gens sur scène! Je ne suis pas qu’avec des musiciens qui connaissent les pièces, mais aussi des gens qui l’ont connu de très près », confirme Marc-Antoine d’Aragon.
Spectacle généreux
En entrevue, la complicité est palpable entre les trois musiciens, eux qui n’hésitent pas à débattre entre eux sur les plus belles chansons de Ferland qui ont malheureusement été oubliées pour une raison ou une autre. Avec le spectacle D’Aragon chante Ferland, ils ne veulent pas se limiter aux hits incontournables, mais aussi revisiter le répertoire moins connu, mais tout aussi beau de Jean-Pierre Ferland. « Par exemple, ma mère préférait les pièces des années 50 et 60, mais celles-là ont été beaucoup moins jouées en spectacle. Il sera intéressant de les ramener avec une instrumentation plus voluptueuse », souligne Marc-Antoine d’Aragon.
Une dizaine de musiciens, dont la moitié sont issus de la Vallée-du-Richelieu, donneront vie à environ deux heures de répertoire. « Ça sera un show généreux! Enlever des chansons est la chose la plus difficile à faire et on aurait été capable de faire un spectacle sur une semaine complète, mais on va devoir arriver à tout condenser en une soirée. Il y aura plusieurs medleys pour présenter un maximum de chansons », poursuit le baryton. Parmi ceux-ci se trouveront notamment les trois albums des années 70 (Jaune, Soleil et Les vierges du Québec) et un pot-pourri du répertoire des années 60.
« Mais il y aura aussi une vingtaine de chansons jouées en entier. Ça donnera à peu près deux heures de spectacle. […] Notre but est de donner un aperçu assez large de ce que Jean-Pierre a fait, mais il a tellement un répertoire vaste! » poursuit-il. « On va aller chercher quelques chansons moins connues, alors même ceux qui pensent bien le connaître vont faire des découvertes », renchérit Alain Leblanc.
Le trio craint toutefois de devoir couper encore quelques chansons du programme final afin de permettre aux musiciens de raconter quelques anecdotes en lien avec les chansons. Évidemment, les classiques de Ferland seront aussi de la partie. « Les “Le petit roi”, “Un peu plus haut, un peu plus loin” seront là et il y aura un clin d’œil à “Lucky Seven”, son tout premier hit », confirme Marc-Antoine d’Aragon.
À chacun sa chanson
Invités à retenir leur chanson de Jean-Pierre Ferland qu’ils préfèrent interpréter en spectacle, les trois peinent à faire leur choix. « J’aime “La musique”, “On oublie qu’on oublie”… “Un peu plus haut, un peu plus loin”, je l’ai tellement jouée que les gens s’attendent à ce que je la fasse! Et “Une chance qu’on s’a”, j’avoue avoir un parti pris », répond Lynn Jodoin. « “Une chance qu’on s’a”, chaque fois que je la joue avec mon groupe, j’en ai encore des frissons. C’est vraiment une chanson magnifique. Mais parmi les plus vieilles, j’ai hâte de jouer “Avant de m’assagir” », commente pour sa part Marc-Antoine d’Aragon.
Alain Leblanc avoue avoir beaucoup de difficulté à faire un choix parmi le vaste répertoire de Ferland. « Sa musique aura été 25 ans de ma vie. “Une chance qu’on s’a”, je la possède tellement… et en plus elle me rapporte quand je la joue », lance-t-il en riant. Il avoue aussi avoir un faible pour les arrangements de « Parlez-moi d’autres choses » et les pièces au piano en général.
Si Marc-Antoine d’Aragon est reconnu pour sa puissante voix de baryton, il assure qu’il ne chante pas exactement avec la même voix lorsqu’il aborde le répertoire plus pop de Jean-Pierre Ferland. « Mais mon bagage d’opéra me sert, surtout dans les passages avec plus d’intensité! À l’époque, les chanteurs n’avaient pas peur d’ouvrir la machine de manière un peu plus lyrique », estime-t-il.
À quelques semaines de la grande première « à la maison », les trois amis ne se disent pas du tout stressés, au contraire. Ils espèrent que le public répondra présent à cette célébration de ce qu’ils considèrent comme la musique d’un des plus grands chanteurs que le Québec ait connu. « Il y a tellement de gens qui l’ont adoré et qui sont nostalgiques… C’est à eux que ça s’adresse avant tout. […] Il y a quelque chose d’intemporel dans cette musique et il faut la faire redécouvrir au plus grand nombre », insiste Marc-Antoine d’Aragon, qui a l’intention de consacrer les prochains mois à faire vivre le spectacle D’Aragon chante Ferland avec ses complices sur différentes scènes.
Le spectacle aura lieu le samedi 10 mai, 20 h, à la salle Pointe-Valaine d’Otterburn Park. Les billets sont en vente sur le site Web pointevalaine.ca. Le lendemain, il se déplacera à la Cinquième Salle de la Place des Arts de Montréal.
