22 septembre 2025 - 05:00
Don d’appareils médicaux
Olivier Bataille forme des médecins directement en Ukraine
Par : Denis Bélanger
Olivier Bataille, à gauche, dans un hôpital ukrainien. Photo gracieuseté

Olivier Bataille, à gauche, dans un hôpital ukrainien. Photo gracieuseté

L’ingénieur belœillois Olivier Bataille a effectué cet été un court séjour en Ukraine qui aura impacté sa vie alors qu’il a vu les horreurs et les ravages de la guerre. Le but de son voyage était de réaliser un don d’appareils médicaux à l’Institut de cardiologie de Kiev et aux services de santé des forces ukrainiennes.
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« J’ai vu la réalité de la guerre, mais aussi la résilience de ce peuple qui continue sa vie au jour le jour. Je crois que, de notre côté, on pourrait faire beaucoup plus pour aider ce peuple persécuté. »

Olivier Bataille a été en Ukraine du 10 au 13 juillet. Le chemin vers l’Ukraine a été long. Il s’est dirigé à Boston en voiture avant de s’envoler vers l’Europe. Il a dû ensuite faire une escale en Angleterre pour aller chercher son matériel médical. Il a atterri par la suite en Pologne où il a pris un autobus pour arriver 19 heures plus tard en Ukraine. Il est reparti en train. « En stratégie militaire, on ne prend pas le même chemin. J’étais calme durant toute cette mission. Il y a eu des bombardements pendant que j’étais là. J’ai réalisé que la Russie livre une guerre psychologique. On bombarde les régions pour briser le moral. Quand je me promenais, je voyais surtout des enfants et des femmes. »

Des capteurs de pression

Originaire de France et demeurant à Belœil depuis 2021, Olivier Bataille est chef de l’exploitation de l’entreprise MY01. Fondée officiellement en 2019, la compagnie est issue d’un projet de recherche de maîtrise à l’Université McGill, qui a commencé en 2015.

MY01 fabrique des capteurs de pression qui permettent de détecter si un patient est aux prises avec le syndrome des loges. « Les muscles gonflent dans le membre après un accident traumatique. S’il n’est pas détecté à temps, il peut arrêter le flux sanguin dans le membre et mener à une amputation », explique brièvement M. Bataille.

En plus de prévenir des amputations, cet appareil permet aussi d’éviter inutilement une chirurgie invasive comme une fasciotomie. « Pour éviter l’amputation, on peut faire une fasciotomie, qui implique une série de grandes incisions dans la peau. Plusieurs personnes ne retrouvent pas complètement la fonctionnalité et d’autres ne retournent pas travailler. Avant, les médecins procédaient à la fasciotomie sans être certains que le patient avait le syndrome des loges. Nous avons fait une étude clinique et, sur nos 100 patients, nous n’avons jamais loupé un syndrome », poursuit l’ingénieur.

Ces capteurs de pression sont de petites tailles et se transportent facilement dans un sac. « Une fois que le médecin suspecte un syndrome des loges ou que le patient est à risque d’en avoir, il va choisir dans quel muscle insérer le capteur. On l’insère dans la peau avec l’aiguille de l’appareil. Le capteur reste ensuite en continu sur le patient pour continuer de voir l’évolution de la pression. Ce capteur de pression a été conçu notamment avec une application militaire en tête. »

Recherche impressionnante

La genèse de la mission en Ukraine remonte à une conférence militaire tenue le 31 mars dernier aux États-Unis. Olivier Bataille y a participé pour présenter cette découverte technologique. Des membres de l’armée ukrainienne, présents à la conférence, ont été impressionnés par la recherche.

« Nous avons eu plusieurs discussions et nous avons déterminé que notre produit pourrait faire une grosse différence en Ukraine, non seulement pour les militaires, mais aussi pour les patients civils », raconte M. Bataille.

Une cinquantaine d’appareils ont été donnés en Ukraine. « J’ai été bien accueilli par les Ukrainiens et me suis lié d’amitié avec plusieurs d’entre eux. Le médecin en chef m’a dit que notre technologie permettrait de sauver plusieurs membres de ses soldats. Notre produit est aujourd’hui utilisé au front et plusieurs soldats ont pu bénéficier de notre technologie. »

Au fil des discussions, M. Bataille a décidé d’aller lui-même porter les produits. « C’est en juin que j’ai décidé d’y aller moi-même pour former les médecins, car c’était complexe d’envoyer seulement le matériel. J’ai parlé par la suite au ministère de la Santé ukrainien et obtenu les approbations et licences requises. »

Parcours professionnel

Olivier Bataille est titulaire d’un baccalauréat en mathématiques et en technologie, ainsi que d’un diplôme d’ingénieur en mécanique de la Northeastern University de Boston, dans le Massachusetts. Il a aussi fait une première formation militaire en 1987 avec l’armée française et a effectué son service militaire en 1994 et 1995.

M. Bataille est arrivé au Québec en 2005 pour occuper les fonctions de vice-président du développement de produits au sein de la compagnie CryoCath. « On m’avait recruté en raison de mon expertise en appareillage médical de cardiologie. »

L’ingénieur a eu aussi sa propre entreprise de consultation et MY01 était un de ses clients. « J’aimais bien cette entreprise. J’ai donc décidé de me joindre à la compagnie. Nous sommes encore une start-up. Il serait important que les gouvernements provinciaux et fédéraux prennent la relève pour que cette technologie puisse profiter à davantage de gens. Nous pouvons difficilement faire plus avec environ 35 employés. »

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