On ne peut même plus écouter une partie de hockey sans sentir des tensions politiques entre le Canada et les États-Unis. On est maintenant dans ce monde. J’écris ces lignes et, en ce moment, la nouvelle lubie de Trump (et de Musk), c’est d’accuser l’Ukraine d’avoir commencé la guerre. Difficile de ne pas être obnubilé par ce revirement.
Et clairement, vous l’êtes aussi. En ce moment, près d’ici, c’est beaucoup le milieu des affaires qui semble avoir toujours le regard tourné vers le sud. Pas simplement pour l’histoire des tarifs, comme nous le rapporte Gabriel Borduas, le président de Cyrell AMP, dans une entrevue publiée cette semaine dans nos pages. Mais, comme il le dit aussi, c’est le chaos et la peur qui forcent à tout repenser.
C’est d’ailleurs ce que nous dit la Chambre de commerce locale. Les gens ici ne parlent que de ça : l’instabilité du dollar, les menaces de tarifs, tout ça couplé aux défis déjà présents comme la difficulté de recrutement ou la transition écologique.
Et au milieu de ce chaos, justement, comment garder un minimum d’espoir? Comment ne pas sombrer dans la panique? En retournant dans certaines entrevues publiées en ligne, je suis retombé sur un entretien récent de Robert Greene. Historien du pouvoir, auteur de plusieurs ouvrages majeurs sur le sujet, dont le best-seller Les 48 lois du pouvoir, il dissèque depuis des décennies les dynamiques de manipulation et d’influence. Je réécoutais des extraits cette semaine d’une longue entrevue, et deux passages m’ont marqué.
Première chose, aux démocrates, il disait que l’élément le plus important actuellement, c’était d’accepter la défaite. Cesser de blâmer les conditions des élections, les réseaux sociaux, l’inflation, etc. Il faut accepter le réel et apprendre de la défaite. C’est ce qui rend plus fort. M. Borduas le formule un peu à sa façon dans notre entrevue : plusieurs entreprises doivent s’attendre à « quatre mauvaises années à passer », mais les entreprises plus solides pourront relever le défi et rechercher de nouveaux défis. Cesser de croire que M. Trump va finir par changer de vision devant les impacts négatifs de ses politiques.
Deuxième chose, Greene rappelle qu’il ne faut pas laisser Trump contrôler l’agenda. Les démocrates (et le reste du monde) sont en réaction à lui, à chaque moindre petite folie, ce qui lui donne du pouvoir. En le mettant au centre de nos pensées, on lui donne du pouvoir et on le laisse contrôler nos actions (ce que je fais exactement en ce moment!). L’opposition doit être plus qu’une opposition; elle doit prendre le contrôle de l’action.
Pour la première, c’est sans doute plus facile à faire. Pour la deuxième, c’est une autre histoire. Il faudra de l’imagination. En attendant, aux gens de la région, je nous dis de serrer les dents et de ne pas se faire d’illusions.