Marjorie, 19 ans, empruntait la traverse piétonne à l’intersection de la rue Maple et de la route 116 chaque jour pour se rendre au Centre d’éducation aux adultes des Patriotes à McMasterville. La première voiture dans la voie de droite s’est immobilisée pour lui laisser le passage. Toutefois, la conductrice de la voiture dans la voie de gauche s’est engagée sur le passage sans apercevoir la piétonne.
« Il faisait beau. Il y avait un peu de nuages, mais pas assez pour ne pas me voir. Je savais que c’était une traverse dangereuse. C’est pour ça que mon cellulaire était dans mes poches et que je ne portais pas d’écouteurs contrairement à ce que les gens ont pu penser parce que je suis une ado. La conductrice qui a arrêté a klaxonné. Je me suis retournée vers elle. Je me demandais ce qu’elle me voulait. De là à l’hôpital, je ne me rappelle plus de rien », raconte-t-elle.
Elle a eu vaguement conscience que des gens l’ont pris en charge, dont un urgentologue qui s’est arrêté alors qu’il passait par là à bord de son véhicule. « Je ne sais pas c’est qui, mais je voudrais le remercier. »
La jeune femme s’est retrouvée les deux bras et les deux jambes dans le plâtre. Trois semaines à l’hôpital suivies de deux mois en réadaptation ont permis à son état de s’améliorer. Marjorie peut maintenant marcher à nouveau. « On m’avait dit que je pourrais remarcher. Je me voyais en chaise roulante et je n’y croyais pas. À l’hôpital, j’ai perdu mon autonomie. Ç’a été très dur. Aujourd’hui, je ne peux pas courir. Mon corps a oublié comment courir. Je peux faire des marches avec mon chien, mais pas longtemps », souligne-t-elle.
Les rendez-vous en physiothérapie, en réadaptation et en orthodontie (dents cassées durant l’accident) se poursuivent encore. Sa mère, France Gauthier, voit le bon côté des choses. « Elle a été chanceuse. Elle aurait pu être tétraplégique. »
En plus de soigner ses blessures physiques, Marjorie Lapointe est également suivie pour soigner son choc post-traumatique. Dans un esprit de guérison, accompagnée de sa psychologue, Marjorie s’est approchée de la route 116 il y a quelque temps. En regardant les voitures, elle a expérimenté un flashback. « Je me suis vue [projetée] sur une voiture. C’est épeurant », raconte-t-elle.
Se tourner vers l’avenir
Marjorie planifie recommencer l’école en septembre. Pour s’y rendre, elle compte utiliser le taxi et peut-être l’autobus pour
le retour en direction de Saint-Basile-le-Grand, mais il n’est pas question de traverser à nouveau cette intersection; surtout qu’aucune modification n’a été apportée, à ce jour, pour améliorer la sécurité des piétons. Circuler en voiture n’est pas un problème, mais elle ne se sent plus en sécurité à se promener à pied près des grandes artères.
« À pied, on est vulnérable. J’ai développé une hypervigilance. Je vois un enfant à vélo sans casque et j’ai peur pour lui. »
Son retour sur les bancs d’école est aussi motivé par une volonté de devenir infirmière auxiliaire. Bien que ce métier l’ait toujours fasciné, son passage à l’hôpital lui a permis de voir concrètement les effets des employés auprès des patients.
« J’y pense, mais j’ai peur que mes séquelles m’en empêchent. Après avoir passé du temps à l’hôpital, je vois un plan de carrière. »
Sécuriser l’intersection
Depuis cet accident, la sécurité routière est devenue un enjeu important pour Marjorie qui profite de chacune des occasions pour sensibiliser les utilisateurs de la route par le biais des réseaux sociaux.
Elle espère que l’intersection du boulevard Sir-Wilfrid-Laurier et de la rue Maple soit sécurisée. Elle estime que la vitesse devrait être réduite, simplement, et que des feux de circulation devraient être installés, ou du moins qu’une lumière soit placée au-dessus des véhicules afin de les avertir lorsqu’un piéton s’engage sur la rue.