30 juin 2025 - 05:00
Une nouvelle certification pour les municipalités inclusives
Otterburn Park devient pionnière de l’inclusion LGBTQ+
Par : Vincent Guilbault
Dominique Théberge, directeur général du JAG, un organisme communautaire LGBTQ+ en Montérégie. Photo gracieuseté

Dominique Théberge, directeur général du JAG, un organisme communautaire LGBTQ+ en Montérégie. Photo gracieuseté

Otterburn Park deviendra bientôt la première municipalité à obtenir officiellement la certification MIC+. Mais au-delà d’un titre symbolique, la Ville a aussi contribué à poser les fondations de cette nouvelle certification. « Elle a même été la ville qui nous a aidé à la créer », souligne Dominique Théberge, directeur général du JAG, un organisme communautaire LGBTQ+ en Montérégie.
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La certification MIC+ vise à faire des municipalités des milieux de vie plus inclusifs et sécuritaires pour les personnes LGBTQ+, mais aussi pour d’autres groupes marginalisés. Le projet découle d’un guide élaboré par le Conseil québécois LGBTQ +, financé par Femmes et Égalité des genres Canada. « C’est un guide pratique pour accompagner les municipalités à être plus inclusives envers les communautés LGBTQ+ », explique Dominique Théberge.

Ce dernier voulait toutefois aller au-delà d’un guide qui dort sur une tablette. « Le projet d’un guide en est resté là, sans vraiment de suivi. » Le directeur du JAG a donc voulu profiter de cet outil très bien conçu pour le concrétiser sur le terrain et le rendre accessible aux municipalités par une certification structurée. « Nous, étant des pragmatiques, on s’est dit : hey, on va prendre ça pis on va l’appliquer. » L’organisme a donc développé une certification à partir du contenu du guide, avec l’appui financier du Secrétariat à la condition féminine, qui supervise également la lutte contre l’homophobie et la transphobie au Québec.

Otterburn Park a joué un rôle clé dans cette démarche. « On a rencontré [la mairesse] Mélanie Villeneuve l’année passée lors de notre gala haut en couleur », raconte M. Théberge. La mairesse s’est montrée enthousiaste et a suggéré que le projet prenne forme un peu comme la certification Municipalité amie des aînés. L’équipe du JAG s’est alors inspirée de cette structure pour bâtir un processus clair, applicable par les villes.

Concrètement

La certification repose sur trois piliers : une politique municipale d’inclusion, un plan d’action et deux formations – l’une pour les employés municipaux, l’autre pour les élus. « Le plus important, c’est d’avoir un élu qui est responsable du dossier LGBTQ+ », insiste M. Théberge. La formation permet à cet élu de mieux agir devant un problème ou une situation.

Des recommandations optionnelles s’ajoutent, allant des toilettes universelles à l’ajout de pronoms dans les signatures de courriel, en passant par la présence de revues comme Fugue à l’hôtel de ville, ou encore d’avoir une section dédiée dans les bibliothèques municipales. « Ce qui touche les communautés LGBTQ+ touche aussi la population générale. C’est un meilleur vivre-ensemble », résume-t-il.

Pour la mairesse Mélanie Villeneuve, au-delà des initiatives qui pourraient découler de cette certification, c’est surtout un message qui est envoyé aux membres de la communauté LGBTQ+. « C’est une déclaration, plus que des obligations. C’est pour montrer notre soutien. » Elle rappelle aussi qu’Otterburn Park est non seulement une ville, mais aussi un employeur parmi les plus importants sur le territoire de la municipalité. « On peut être un modèle pour les villes, mais aussi auprès des employeurs », dit-elle.

Toutes les villes n’ont pas encore démontré le même intérêt, mais M. Théberge pense que les administrations sont en général ouvertes à la proposition. « Il y a un gros, gros, gros travail de défrichage qui s’en vient », admet le directeur. Des villes comme Belœil, Saint-Bruno ou Longueuil ont montré un intérêt – il souligne d’ailleurs tout le travail d’inclusion fait par la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier –, mais aucune n’est aussi avancée qu’Otterburn Park.

La certification MIC+ répond aussi à un besoin bien réel pour définir les endroits où un membre de la communauté pourrait se sentir en sécurité, pense le directeur. « Quand j’ai déposé le projet, j’avais des amis à Vancouver qui déménageaient en Montérégie. Un couple homoparental. Ils m’ont dit : Dominique, dans quelle ville tu me suggères d’aller habiter pour que je sois en plus grande sécurité avec mon mari et mon enfant? Je ne savais pas. » Avec MIC+, le JAG espère ainsi offrir aux familles un repère clair. « Présentement, ça ne va pas bien et on assiste à une montée de la haine. Puis l’instance la plus proche des citoyens, c’est les municipalités », conclut le directeur, qui espère pouvoir faire une différence dans la vie des membres de la communauté avec cette nouvelle certification.

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