Jean Sébastien Lozeau a travaillé sur ce projet avec deux amis de longue date, Sébastien Ricard et Marie-Anne Alepin, avec qui il a collaboré dans son premier film, Live Story. « Ça fait plusieurs années qu’on a l’idée de faire un documentaire sur la question de l’indépendance du Québec, mais avec les jeunes. C’est cet été qu’on a eu l’occasion de le faire et on a fait la tournée de plusieurs cégeps un peu partout à travers le Québec. On ne voulait pas seulement rester à Montréal, au contraire! Notre souhait était d’avoir devant nous des jeunes passionnés, mais on ne s’attendait pas à ce que l’enthousiasme soit si haut », relate Jean Sébastien Lozeau, tout sourire.
Si la quarantaine de jeunes participants de 17 à 20 ans venaient de régions et de réalités différentes, à peu près tous avaient un but commun, l’indépendance du Québec.
« Charles Savard, du Cégep de Chicoutimi, a dit qu’il voyait le mouvement indépendantiste “comme une flamme qui se rallume” et je trouvais que ça venait des tripes. C’est une phrase qui fait le pont entre les générations », estime le réalisateur. Celui-ci a aussi remarqué que davantage de jeunes femmes s’intéressent à la politique, même si elles doivent bûcher plus fort pour faire leur place. « Les gars d’un certain âge, on a peut-être des questions à se poser à ce sujet-là. »
Le tournage de Vox Populibre a commencé à Gatineau, un terrain jugé « hostile » pour le mouvement souverainiste québécois de par sa proximité avec l’Ontario, mais l’équipe de tournage y a fait la découverte d’un comité faisant la promotion de cette idée. « C’est sûr qu’il y avait aussi des jeunes qui sont plutôt “citoyens du monde” et notre rôle est de donner la parole à tous les jeunes qui le veulent. On n’était pas là pour passer nos propres opinions », précise Jean Sébastien Lozeau.
Selon les témoignages des participants, c’est souvent à un professeur d’histoire qu’ils doivent la flamme pour la question nationale du Québec. Il note aussi des exemples de Néo-Québécois qui ont aussi embrassé la cause souverainiste. « Il y avait le jeune Carlo Michell Grenon Mendez, d’origine mexicaine, qui avait sa casquette des Patriotes! Il s’est intéressé à nos racines et à notre histoire plus que plusieurs Québécois de souche! »
Ouvrir le débat
Pour l’Hilairemontais, Vox Populibre est une belle façon d’ouvrir la discussion entre les générations sur la question nationale. Il a aussi tenu à écarter les références aux partis politiques. « L’indépendance n’appartient pas à un parti, elle appartient au peuple! On espère donner une secousse aux générations qui ont peut-être abandonné le combat après les deux référendums alors que les jeunes n’étaient même pas vivants durant celui de 1995. La fameuse prochaine fois de René Lévesque, c’est peut-être eux qui vont l’incarner », soutient Jean Sébastien Lozeau, estimant que son documentaire peut amener des discussions très enrichissantes au sein des familles, à condition que les vieilles générations prennent bien le temps d’écouter ce que la jeunesse a à dire.
Il invite ainsi les gens, qu’ils soient indépendantistes ou non, à écouter son documentaire de 75 minutes afin de voir ce que la jeunesse a à dire sur un sujet aussi sensible que celui-ci. « Impossible de ne pas être touché par ces jeunes, qui sont intelligents et qui ont des idées fraîches, ne répétant pas les vieux arguments entendus depuis les années 70! Dans le documentaire, j’ai une discussion avec Sébastien Ricard et on fait le constat que le projet d’indépendance n’est pas figé dans le temps : ça évolue et c’est vivant! On est conscients que ces jeunes ne représentent pas tout le Québec, mais ils personnifient bien le mouvement et c’est encourageant de voir ça. » Jean Sébastien Lozeau fait par ailleurs le pari que certains des participants au documentaire feront un jour de la politique active. « Je leur souhaite et je nous le souhaite comme société! »
Le documentaire Vox Populibre est disponible sur la plateforme Illico+ depuis le 28 novembre.