Depuis trois ans, le couple ne coupe ni n’arrose son gazon, même s’il affirme continuer d’entretenir le terrain. Le couple arrache l’herbe à poux et privilégie les fleurs indigènes, mais il ne passe pas la tondeuse. « Nous sommes contre le gazon vert parfait. Le gazon vert est une monoculture qui n’est pas adaptée à notre climat et qui demande beaucoup d’eau. Dès qu’il y a une canicule, il peut jaunir et c’est un terrain de jeu parfait pour les scarabées et les vers blancs », raconte M. Chevalier.
Le couple reçoit tout de même des avis pour faire couper son gazon annuellement. « En 2020, j’ai reçu un avis vers septembre, mais la Ville n’a pas fait de suivi avant. L’année dernière, j’ai coupé le gazon une seule fois en automne pour le préparer pour l’hiver et un inspecteur est venu nous dire, en août, que nous contrevenions à la réglementation, mais rien d’autre. »
Récemment, la couple a encore reçu un avis pour sa pelouse trop longue, avec la date limite du 4 juillet pour se conformer à défaut de recevoir une amende en vertu du Règlement concernant les nuisances, qui stipule que « le fait, par le propriétaire d’un immeuble, de laisser pousser sur tel immeuble une pelouse de plus de 15 centimètres constitue une nuisance ».
Questionnée par le journal, la porte-parole de la Ville Julie Benjamin a souligné que les inspecteurs avaient l’habitude de remettre deux ou trois avis, selon la récurrence de la situation, avant d’émettre un constat d’infraction. Au moment de mettre sous presse, le couple n’avait pas reçu d’amende.
Contradiction
Guillaume Chevalier considère que les avantages d’une pelouse longue et diversifiée sont nombreux, et qu’il en a fait part à Mont-Saint-Hilaire à de nombreuses reprises. Dans des échanges courriel entre lui et le Service de l’aménagement du territoire et de l’environnement de Mont-Saint-Hilaire en 2020, on souligne que la demande de M. Chevalier sera tenue en compte lors d’une éventuelle révision du règlement, mais aucune date n’est avancée pour le moment.
Non seulement la Ville devrait plutôt s’attaquer, par exemple, à l’arrosage illégal et abusif de la pelouse par ses citoyens, mais elle devrait aussi réviser son règlement actuel, notamment pour des raisons de concordance. Il rappelle que la Ville a elle-même laissé pousser la pelouse en mai dernier pour venir en aide aux abeilles, comme l’ont fait plusieurs municipalités du Québec.
Le maire de Mont-Saint-Hilaire, Marc-André Guertin, souligne que la Municipalité est « prête à explorer différentes avenues à l’égard du règlement sur les nuisances concernant la coupe du gazon ». Le maire souligne aussi que la Ville a suspendu l’application de son règlement en mai pour aider les insectes pollinisateurs. Toutefois, la suspension complète du règlement n’est pas envisagée complètement pour le moment. « Concernant la nuisance, le conseil municipal tient à avoir un équilibre entre l’application d’un cadre réglementaire cohérent, qui doit être défendable devant les tribunaux, tout en invitant la population à réfléchir à ses mœurs, particulièrement concernant le gazon et les engrais de synthèse. »
Concernant le gazon, le maire souligne que la population devra probablement revoir ses normes concernant l’esthétisme et la diversité dans l’avenir.
Toutefois, la réglementation actuelle est très claire et le couple doit s’y conformer. S’il devait recevoir une amende en raison de la longueur de son gazon, Guillaume Chevalier n’a pas encore décidé s’il la payerait ou s’il s’entêterait à ne pas couper son gazon. À suivre!