Au théâtre, c’était simplement Stéphane E. Roy jouant Bruno, un éternel adolescent tout près de la cinquantaine qui n’a rien accompli dans sa vie et qui est toujours à la recherche des plaisirs éphémères, et Marc Fournier dans le rôle de Sébastien, son ami qui essaie de tout contrôler, mais qui est lui-même coincé dans un mariage malheureux. Stéphane E. Roy, qui signe le scénario et la réalisation du film, ne s’est pas contenté de copier-coller la pièce de théâtre dans la version cinéma de Pédalo. « Quand on a écrit la pièce, à la base, c’était un peu un post-mortem de nos vies à l’approche de la cinquantaine. Les filles étaient mentionnées, mais n’étaient pas du tout dans la pièce. Pour le film, j’ai développé le scénario pour les incorporer », explique-t-il. Cela ajoute une couche de profondeur au film : pendant que l’amitié des deux gars s’effrite au fil de leur mésaventure sur un pédalo, on voit naître une amitié entre leurs blondes qui n’avaient, à première vue, rien en commun.
Le film a été tourné directement à Cuba en 2023, permettant de mettre de l’avant l’immensité de l’océan où le tandem se retrouve coincé. « Le sujet se prête tellement bien à l’écran! On sent la mer longtemps, mais aussi la chaleur, les plages… Je dois beaucoup à la cinématographie de Sylvain Brault – citoyen de Belœil et fils de Michel Brault! – qui a eu un œil magique pour la direction photo », poursuit Stéphane E. Roy. Quant à l’esthétique du film, elle est très inspirée des années 70, autant dans le ton que certaines animations et la musique.
Un tournage cubain causait toutefois sa part de défis, reconnaît le réalisateur du film. « Les défis étaient énormes, à commencer par l’impossibilité d’utiliser des talkies-walkies parce que les Cubains ont peur d’être espionnés. Même les drones qu’on a utilisés étaient ceux de l’Institut cubain du cinéma et quand on avait besoin que quelqu’un vienne nous chercher en mer, c’était en voilier, parce qu’il n’y a aucun bateau à moteur de peur que les gens s’échappent! »
Si son plan initial était de lancer le film pour la relâche 2024, la réalité l’a rattrapé et il s’est donné une année de plus pour la postproduction de Pédalo. Une chose n’a cependant pas changé : le désir qu’il arrive au cinéma en mars, au moment où les gens sont tannés de l’hiver. « C’est vraiment la période parfaite pour aller voir le film! » insiste Stéphane E. Roy.
Une tout autre œuvre
Stéphane E. Roy croit que ceux qui ont vu et apprécié la pièce de théâtre ces dernières années ont toutes les raisons d’aller voir Pédalo au cinéma. « On donne beaucoup plus de profondeur aux personnages et on fait découvrir Mia (Camille Felton) et Claudia (Catherine Proulx-Lemay). J’aime beaucoup les dialogues des filles, écrits avec l’aide de Marie-Josée Ouellet, qui s’est assurée que je ne leur fasse pas dire des niaiseries! »
En parallèle, les textes entre les deux gars ont été de beaucoup adoucis par rapport à ce qui se dit au théâtre. Stéphane E. Roy compare le propos à de l’humour américain, qui ose davantage dépasser les limites. « Rappelons que la pièce, à la base, c’est deux gars tout seuls qui se disent des choses. Ça peut aller très loin et on n’hésitait pas à dépasser la ligne, même si on a tendance au Québec à être gênés de le faire. C’est pas mal plus smooth au niveau des dialogues dans le film, plus réaliste. »
Il espère que le public sera nombreux pour aller voir Pédalo dans un des 30 cinémas où il est présenté depuis peu, dont le RGFM Belœil. « Au fond, le message de la pièce, c’est que les humains ont trop de préjugés et se compliquent trop la vie. Au fil de l’histoire, on voit que trois personnages plus vieux sont pathétiques, mais c’est Mia, qui avait l’air la plus superficielle au début, qui sort gagnante de l’histoire », soutient l’Hilairemontais.
Le film Pédalo de Stéphane E. Roy est présenté dans différents cinémas depuis le vendredi 7 mars. Parallèlement, quelques représentations auront encore lieu au théâtre.