La situation est encore préoccupante. À l’heure actuelle, c’est sûr qu’il y a des quarts d’emploi où c’est plus difficile. On se retrouve à peu près au même niveau que l’année dernière. Ce qui est positif, c’est notre bassin de stagiaires », souligne la directrice des ressources humaines de la CSP, Nathalie Avon. La commission scolaire mise sur la rétention des stagiaires en mettant beaucoup d’énergie à bien les accueillir.
En attendant, la situation demeure difficile. Alors que la CSP a commencé l’année avec une liste de suppléance se composant de près de 900 enseignants, elle doit dès les premiers mois attribuer près de 600 contrats de remplacement. La liste diminue donc rapidement et laisse peu de marge de manœuvre pour le reste de l’année.
« Évidemment à certaines périodes de pointe, il peut nous manquer de suppléants sur cette liste. C’est sûr qu’on travaille fort à toujours garnir cette liste. Ça peut aussi être composé d’étudiants en baccalauréat en éducation, mais la disponibilité est moindre. Des journées, on n’aurait pas besoin de regarnir cette liste. D’autres fois, on aurait besoin de 40 enseignants », observe Mme Avon.
La CSP doit notamment attendre la fin des sessions universitaires, en avril, pour faire appel à des finissants au baccalauréat. L’autre option est de faire appel à des personnes non légalement qualifiées, soit sans brevet. Même si cette option est permise par la Loi sur l’instruction publique, la CSP essaie de diminuer au minimum le recours à ces personnes.
« Dans ce cas-là, ce sont des personnes dans nos écoles qui ont des compétences en éducation. On peut parler, par exemple, d’un éducateur en service de garde pour une journée particulière. On n’est pas dans les remplacements long terme. C’est occasionnel », mentionne-t-elle.
Près de 2000 enseignants travaillent à la CSP en plus des 900 enseignants de la liste de suppléance. Tous les postes de professeurs sont comblés, rappelle Mme Avon. L’enjeu se situe davantage dans les remplacements à court, moyen terme et à la journée. L’augmentation de la clientèle, les baisses de ratio et l’ouverture de nouvelles écoles ont entre autres contribué à accentuer la pénurie.
La CSP se targue aussi de figurer dans la liste des 200 meilleurs employeurs au Canada selon le magazine Forbes pour une deuxième année consécutive. Il s’agit de la seule commission scolaire à en faire partie.
« L’esprit de la précarité, c’est quelque chose de complètement révolu à notre sens. Les gens doivent venir déposer leur candidature pour des remplacements parce que l’accès à un poste régulier est très rapide. C’est sûr qu’ils vont être embauchés pour un remplacement à la CSP, mais ils vont accéder à un poste rapidement », tient-elle à préciser.
Une plus grande pression sur les enseignants
Selon le président du Syndicat de Champlain, Éric Gingras, la pénurie entraîne inévitablement une pression supplémentaire aux enseignants actuellement en place.
« Il y a de plus en plus de collègues qui doivent faire du dépannage. C’est en fait du temps supplémentaire obligatoire. S’il y a des collègues absents, on peut avoir l’obligation de donner des périodes de dépannage. Bien sûr, on est rémunéré en conséquence. Quand tu fais ça, tu ne fais pas autre chose. Il faut quand même que tu fasses tes préparations et tes corrections à un autre moment ou à la maison, ce qui augmente la tâche », déplore-t-il.
Il dénonce également le recours à du personnel non légalement qualifié qui, selon lui, cause aussi une augmentation de la tâche des enseignants. « On est en train de diminuer l’importance de la formation des enseignants. Malgré tout le bon vouloir de ces personnes-là, ils peuvent être très bons, mais ils vont avoir besoin d’appui. Qu’est-ce qu’on va faire? On va demander aux profs de les aider », anticipe-t-il.
La solution passe par de meilleures conditions de travail, croit-il. Les conventions collectives arriveront à échéance le 31 mars 2020. Le syndicat déposera ses revendications en automne.
« On ne se fera pas encore faire le coup qu’il manque d’argent. Tout le monde dit que l’éducation est une priorité. Tout le monde dit qu’on doit revaloriser la profession d’enseignant. […] On mérite mieux. Ça va prendre des gestes concrets », conclut-il.
Le personnel de soutien oublié, déplore le syndicat
Le Syndicat de Champlain interpelle la Commission scolaire des Patriotes (CSP) et le gouvernement du Québec à intégrer le personnel de soutien dans les nouvelles mesures qui toucheront, entre autres, les activités parascolaires.
En campagne électorale, la Coalition avenir Québec (CAQ) a promis d’ajouter une heure d’activité parascolaire par jour dans les écoles secondaires.
Le président du syndicat, Éric Gingras, croit donc qu’il s’agit de la parfaite occasion de revaloriser le personnel de soutien. Cela englobe notamment les secrétaires, les concierges, les techniciens en éducation spécialisée et les éducateurs en service de garde.
« Utilisons ces sommes injectées pour augmenter les tâches de ce personnel et leur obtenir de meilleures conditions de travail. […] S’il y a un groupe qui, malheureusement, bénéficie d’un déficit total d’attention de la part de la population, mais aussi de la part du gouvernement, c’est le personnel de soutien. On ne connaît pas leur expertise. Souvent, on les oublie », observe-t-il.
Selon le syndicat, près de 67 % de ce personnel serait en situation de précarité. « Il existe aussi un problème d’attraction et de rétention du personnel de soutien parce que les salaires sont bas. Les heures sont souvent coupées. Ce ne sont pas des conditions gagnantes. »
La CSP reconnaît que la pénurie de main-d’œuvre touche également ces catégories d’emploi. Toutefois, la directrice des ressources humaines, Nathalie Avon, n’est pas prête à évaluer un nombre d’employés précaires aussi élevé.
« C’est difficile de commenter. La catégorie où c’est le plus difficile de recruter, c’est les éducateurs en service de garde », note-t-elle.
Elle ajoute aussi que la CSP s’assure de bien reconnaître les compétences du personnel de soutien au sein de son organisation. n