L’Œil Régional a rencontré le directeur artistique, Jean-François Guilbault, et la nouvelle directrice générale, Josiane Arsenault Dubé, pour discuter de cette importante période d’effervescence pour L’Arrière Scène. « On est un peu toujours en changement depuis deux ans, mais en ce moment, c’est une tempête parfaite. […] Notre stratégie est de continuer de bâtir notre image de marque pendant les deux années où on perd nos locaux au Centre culturel et de travailler sur la philanthropie en allant chercher de nouveaux donateurs », indique Jean- François Guilbault. Le contexte n’étant pas favorable financièrement pour les producteurs et les diffuseurs de théâtre jeunesse, il est impératif selon lui de bien préparer l’avenir. « C’est là que Josiane arrive en scène. Dans deux ans, on va s’occuper de deux salles [au Centre culturel], alors notre objectif est de croître et d’augmenter notre équipe en restant rentables. »
Notons que Josiane Arsenault Dubé est loin d’être une nouvelle venue à L’Arrière Scène, elle qui a été à son emploi pendant 15 ans avant d’aller chercher d’autres expériences, dont la plus récente à Culture Montérégie. « L’automne est propice pour faire des bilans et le nouvel exécutif a voulu brasser les affaires en changeant de direction générale. Ça s’est fait rapidement, entre novembre et janvier, mais il y avait un momentum », précise le directeur artistique au sujet du changement. Josiane Arsenault Dubé, qui n’avait jamais caché son désir d’un jour revenir à L’Arrière Scène, a ainsi « saisi la fenêtre d’opportunité » en tentant sa chance lorsque le poste s’est ouvert. « Je pense que ça a sécurisé le conseil d’administration de savoir que j’avais cette expérience, redevenant en quelque sorte la plus vieille employée et représentant la mémoire de la compagnie depuis le départ du fondateur Serge Marois. »
« Et ses expériences après L’Arrière Scène étaient aussi intéressantes : elle a travaillé à l’international, un volet que l’on développe avec nos tournées, et a un fort ancrage régional grâce à son travail à Culture Montérégie. Elle et moi on a à peu près la même vision pour le développement de l’organisme et je pense que le CA y a vu un bon match », commente Jean-François Guilbault.
Deux années d’itinérance
Pendant les rénovations, l’équipe de L’Arrière Scène sera relocalisée au Vieux-Moulin du Vieux-Belœil et présentera une programmation « itinérante », en collaboration avec des diffuseurs dans d’autres villes de la Montérégie. « Pendant cette période, on va tester la relation que l’on a avec notre public et notre objectif est que le public ne perde rien en continuant de nous suivre, au contraire! On est toujours heureux de voir le public au rendez-vous et on va le chouchouter pendant les prochaines années, surtout que par les temps qui courent, on sait que de sortir 25 $ par billet pour un spectacle de 50 minutes, c’est un choix. Mais nous, ce qu’on offre, ce n’est pas qu’un spectacle de 50 minutes, mais une expérience de trois heures », assure Josiane Arsenault Dubé. Le premier spectacle itinérant de L’Arrière Scène sera d’ailleurs L’enfant mascara, présenté le 20 mars au Centre Marcel-Dulude de Saint-Bruno- de-Montarville pour un public adolescent. La programmation de la saison prochaine devrait par la suite être dévoilée en mai, prévoit Jean-François Guilbault.
Il peut déjà annoncer que la prochaine saison débutera avec la nouvelle production de L’Arrière Scène, Les inséparables, une pièce adressée à un public d’âge primaire abordant des questions d’actualité. « C’est une pièce qui incorpore du théâtre d’objets, sur laquelle on travaillait depuis longtemps. Je pense que ça sera un crowd pleaser, qui va aborder par la bande les questions de l’identité de genre », laisse entendre le directeur artistique.
Situation clarifiée
Josiane Arsenault Dubé est devenue la nouvelle directrice générale de L’Arrière Scène alors que le président du conseil d’administration était son conjoint, Martin St-Gelais. Les deux directeurs ont répondu sans détour aux questions sur la situation.
Martin St-Gelais, lui-même un ancien employé de L’Arrière Scène, venait d’accéder en octobre à la présidence du CA avec la fin du mandat de Pierre Curzi. Lorsque Mme Arsenault Dubé a postulé pour la direction générale, il a offert sa démission sur-le-champ pour éviter toute apparence de conflit d’intérêts. « Sa démission a été refusée par le conseil, mais il a bien sûr été complètement exclu du processus d’embauche. Lorsque j’ai finalement eu le poste, il a offert de nouveau sa démission, qui a encore été refusée. Il a rendu clair le fait qu’il allait se dissocier de L’Arrière Scène si je devenais directrice », explique Josiane Arsenault Dubé. La troisième tentative de démissionner a finalement été la bonne puisqu’il a décroché un emploi du côté d’un autre diffuseur et une nouvelle personne a officiellement accédé à la présidence du CA en janvier.
