Pierre Gervais a été témoin notamment de la dernière partie jouée au Forum, la première disputée au Centre Bell, la partie commémorant le centenaire des Glorieux, les conquêtes de la médaille d’or d’Équipe Canada aux Jeux olympiques de 2010 et 2014 ainsi que la victoire du Canadien à Montréal le soir de la Fête nationale qui lui a permis de se qualifier pour la finale de la Coupe Stanley pour la première fois en 28 ans.
« La Coupe Stanley de 1993 [la dernière remportée jusqu’à maintenant par le Tricolore] a aussi été un événement marquant. Ce trophée, tu le gagnes avec une équipe qui bûche depuis l’automne pour l’obtenir », renchérit le jeune retraité.
Pierre Gervais tenant une réplique miniature de la Coupe Stanley remportée par le Canadien en 1993.
Photo François Larivière| L’Œil Régional
Ce dernier a également vécu la première partie de la Ligue nationale de hockey (LNH) disputée à l’extérieur en 2003 dans le grand froid d’Edmonton. « C’est maintenant bien mieux organisé. J’ai vécu trois autres classiques hivernales. La première a été beaucoup d’ouvrage et la ligue a appris de ça. J’avais parlé à un membre du personnel des Packers de Green Bay de la NFL qui était habitué à des températures froides. »
Pierre Gervais a mis fin à son aventure avec l’équipe au terme de la saison 2021-2022. « J’ai adoré ce métier. Je commençais toutefois à trouver ça lourd les deux dernières années, avec le voyagement et la COVID. Les nuits étaient souvent courtes. Je voulais terminer la saison dernière pour faire le tour et dire bonjour au monde que je connaissais dans les arénas de la ligue. Ça m’a permis de voir l’amphithéâtre du Kraken de Seattle qui en était à sa première saison dans la ligue. »
Dans les coulisses
En tant que gérant d’équipement, Pierre Gervais a toujours eu pour but d’aider le joueur à offrir la meilleure performance possible, et ce, de manière sécuritaire. Il pouvait compter sur une équipe d’assistants pour réaliser diverses tâches. Dans les dernières années, Pierre Gervais tenait toutefois à s’occuper lui-même de l’aiguisage des patins.
Dans ses 35 années de carrière, il a eu très peu de problèmes avec les joueurs. Évidemment, il y a toujours une ou deux exceptions qui viennent confirmer la règle. « Les joueurs sont éduqués et très gentils. C’est à leur avantage, car les hockeyeurs ont besoin de moi. C’est arrivé une fois ou deux que j’ai dit au gars de se calmer le pompon. C’est arrivé avec Cammalleri et Niinimaa. Des fois, la langue pouvait être une petite barrière. Emelin ne parlait pas anglais quand il est arrivé à Montréal. »
L’ambiance dans le vestiaire a également changé au fil des ans. « Avant, les joueurs restaient beaucoup plus longtemps avec l’équipe. Maintenant, les alignements changent d’année en année. Il y avait un plus grand sentiment de famille à l’époque, c’est certain. »
Pierre Gervais a bâti plusieurs liens privilégiés avec quelques joueurs durant sa carrière, entre autres Brian Savage et Patrick Roy. « Celui avec qui je suis resté vraiment ami est Joé Juneau. C’est un gars qui aime la nature comme moi. Nous avons fait notamment des voyages de pêche ensemble. »
Livre à succès
Pierre Gervais a décidé de raconter une partie de son vécu avec la plume du journaliste Mathias Brunet dans le livre Au cœur du vestiaire. La publication du livre a toutefois créé une tempête médiatique alors que quelques personnalités du hockey ont critiqué l’ancien gérant d’équipement du Tricolore, entre autres en raison d’anecdotes moins flatteuses sur l’ancien directeur général Marc Bergevin et l’ancien entraîneur-chef Dominique Ducharme. La situation a escaladé au point où aucun joueur de l’équipe du Canadien ne s’est présenté au lancement du livre tenu au Centre Bell.
Pierre Gervais a été grandement agacé par ce qu’il considère comme une tempête dans un verre d’eau. Il admet que l’affaire a néanmoins eu un effet positif sur la visibilité accordée au bouquin, qui s’est vendu à plus de 80 000 copies. « On ne s’attendait pas à ça. Ce que je déplore toutefois est que certains ont critiqué le livre sans l’avoir lu au complet; ils n’en avaient entendu que certaines bribes. Il y a des gens qui se sont excusés par la suite. »
Il ne faut pas s’attendre à un deuxième livre. Le principal intéressé estime avoir tout dit dans Au cœur du vestiaire. « Je suis allé le plus loin où je pouvais aller. Mes anecdotes et histoires touchaient l’aspect hockey, je ne suis pas allé dans le personnel. Je suis allé le plus en profondeur possible dans chaque aspect de mon travail. En lisant ça, les gens ont une idée de ce en quoi consistait mon boulot. »
