11 octobre 2023 - 07:00
Plus blanc que blanc
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Difficile de résumer en quelques lignes les rencontres avec l’entreprise Northvolt, qui ont pris la forme de kiosques d’information. Certains citoyens rencontrés mercredi dernier à McMasterville auraient préféré une assemblée publique afin d’exprimer leurs inquiétudes.

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Naturellement, dans le lot de citoyens, certains n’étaient pas en quête de réponses, mais voulaient surtout rappeler leur mécontentement. La formule de kiosque ne se prêtait pas à ce type d’exercice, comme le permet une assemblée devant le public, où il est possible d’obtenir une réaction de la foule. Ils devront plutôt se tourner vers les séances publiques des municipalités de Saint-Basile-le-Grand et de McMasterville où, encore une fois, ce sera le rôle des élus de gérer cette déception.

Après mon entrevue avec le directeur des affaires publiques de Northvolt, j’ai traîné longtemps sur place pour parler avec les gens, qu’ils soient gens d’affaires, citoyens ou élus de municipalités voisines. Outre la forme de la soirée, la plupart des gens sont plutôt heureux de l’annonce. On me soulève quelques craintes, surtout sur la circulation et la pénurie de main-d’œuvre. Pendant qu’un opposant me dit que le site est mal choisi, son ami me répond que c’est « la plus belle chose qui est arrivée dans la région en 100 ans ». Vous voyez le contraste!

D’autres craignent l’impact de l’arrivée d’une telle usine dans l’écosystème économique de la région. Toby Gauld, PDG d’Optima Aéro à Belœil, émet « des réserves sérieuses » devant cette annonce. « Comment vont se comparer les salaires avec les services qu’on a dans la région? On est déjà pas capable d’embaucher des profs avec des diplômes, est-ce que ça va être le cas avec cet impact? Comme propriétaire de PME, je suis préoccupé. Une usine hautement subventionnée va mettre une pression sur les PME qui ne le sont pas. Nous ne serons pas à armes égales lorsqu’on va négocier les salaires. C’est quelque chose que j’entends. »

Mais la crainte qui revient le plus est bien sûr l’impact de l’usine sur l’environnement. C’est d’ailleurs le principal sujet de discussion de l’entreprise. Je reste de nature sceptique, mais, en général, j’ai été tout de même impressionné par les réponses du porte-parole de l’entreprise devant toutes les questions des journalistes et du public. J’ai moins peur pour mon eau, mon air, le bruit et le gaspillage. Le fait que près de 98 % d’une batterie produite est réutilisable m’impressionne. Toutefois, j’ai un certain malaise avec la substitution de l’usine à la tenue d’un BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement). On sait que le BAPE est généralement un processus très long et que les entreprises aimeraient pouvoir s’y soustraire. Ça passe un peu mal de savoir que certaines dispositions pour se soustraire à un BAPE ont été modifiées en février dernier, comme le rapportait Radio-Canada. On sait que les critères qui visent la production de cathodes ont été modifiés en février dernier spécifiquement pour le projet Northvolt. Ce n’est pas très bon pour l’image de cynisme en politique. Avec un projet de cette envergure, la population a le droit à toute la transparence du monde et, pour le moment, ça grince un peu de ce côté, surtout avec toute l’aura de confidentialité qui colle au projet. L’entreprise Northvolt veut produire la batterie la plus verte au monde… Eh bien, les citoyens ont droit à ce que l’entreprise et nos élus soient plus blancs que blanc.

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