20 janvier 2025 - 05:00
Agressions sexuelles
Plus de victimes procèdent à des trousses médicolégales en vue de porter plainte
Par: Denis Bélanger
La technicienne en travail social Lara Boutot.
Photo gracieuseté

La technicienne en travail social Lara Boutot. Photo gracieuseté

Une trousse médicolégale. Photo gracieuseté

Une trousse médicolégale. Photo gracieuseté

Davantage de victimes d’agressions sexuelles ont recours à une trousse médicolégale dans un hôpital : ce processus permet de recueillir des preuves pour analyses si la victime désire porter plainte auprès de la police. L’hôpital Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe a complété un nombre record de 65 trousses médicolégales en 2024.

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Au moment de mettre sous presse, les membres de l’équipe multidisciplinaire de soutien aux victimes d’agressions sexuelles (VAS) avaient supervisé l’exécution de 23 trousses sur des mineurs et 42 sur des adultes. Le précédent sommet était de 55 en 2022.

« C’est sûr que ce sont de gros chiffres et que c’est inquiétant. Mais plus les gens sont sensibilisés, plus les chiffres montent. Est-ce que les statistiques auraient été plus élevées il y a dix ans si la population était bien informée? On ne le saura jamais. Mais on entend vraiment plus souvent parler dans les médias des trousses médicolégales ces dernières années », avance la technicienne en travail social Lara Boutot.

L’hôpital Honoré-Mercier est l’un des deux seuls centres désignés pour les trousses médicolégales sur le territoire du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME), avec l’hôpital Pierre-Boucher à Longueuil, qui ne dessert toutefois qu’une clientèle adulte. Les mineurs du secteur sont pris en charge par un autre CISSS, soit à l’hôpital Charles-Le Moyne dans l’arrondissement de Greenfield Park. Pour l’ensemble du CISSSME, le nombre de trousses médicolégales complétées en 2024 s’élève à 177.

Sur une base volontaire

Les victimes d’agression sexuelle ont recours à une trousse médicolégale sur une base volontaire et ne sont pas obligées de porter immédiatement plainte aux autorités policières. « Souvent, les personnes veulent du temps pour réfléchir. Les prélèvements sont ainsi conservés au frigo dans un endroit sécurisé », poursuit l’intervenante.

Les trousses médicolégales doivent être complétées au plus tard cinq jours après l’agression sexuelle pour pouvoir prélever des preuves. Les trousses médicolégales sont conservées un maximum de 14 jours, mais le centre hospitalier conserve une lame de réserve avec les prélèvements effectués sur la victime jusqu’à une période de 100 ans, ou 5 ans après son décès. « Si jamais il y a dépôt de plainte bien des années après, les policiers viendront chercher les prélèvements avec un mandat. Donc, il vaut mieux de ne pas tarder à faire la trousse, même si on n’est pas certain de la suite des choses », souligne Mme Boutot.

Une intervenante toujours de garde

L’hôpital Honoré-Mercier à une intervenante de garde à longueur d’année, 24 h sur 24 h, pour accompagner les victimes d’agressions sexuelles, et ce, dans un délai assez rapide. « La victime qui arrive à l’hôpital avise la personne au triage brièvement de ce qu’elle a vécu et l’intervenante est immédiatement contactée pour venir la rencontrer. Des fois, la victime veut surtout un suivi psychosocial, des fois, elle veut faire la trousse, ou elle n’est pas sûre. Il n’y a pas deux situations pareilles. »

En plus de l’examen médical, le processus comprend une trousse sociale. « Une trousse sociale consiste en des questions très précises sur la situation. Après ces questions, c’est le médecin qui va faire l’examen complet du corps de la victime. Il va observer s’il n’y a pas de blessures, lésions ou ecchymoses. Il y a ensuite l’examen gynécologique. Selon la situation, on va aller chercher des traces d’ADN sur et à l’intérieur du corps. On va aussi faire des dépistages pour les infections transmises sexuellement ou par le sang. Il y a des suivis serrés qui sont faits plusieurs semaines après pour s’assurer que la victime n’a rien contracté et qu’elle puisse être soignée et traitée en conséquence », ajoute Lara Boutot.

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