Résumons en soulignant que la pédagogie dite Steiner-Waldorf est une façon alternative d’enseigner aux enfants, basée notamment sur l’art et le mouvement. Au Québec, l’enseignement de la pédagogie Waldorf doit tout de même être conforme avec le régime pédagogique de la province. Notons aussi qu’il y a seulement quatre écoles Waldorf au Québec, dont deux sont privées.
Janie Blouin, militante pour la venue d’une école Waldorf sur le territoire, a tenu une soirée d’information le 7 avril pour inviter les citoyens à se mobiliser pour l’implantation d’une telle école. C’était donc notre rôle de média d’informer les lecteurs de l’existence de ce projet.
C’est toutefois aussi notre rôle d’informer les lecteurs que la possibilité de voir une telle école publique s’installer dans la région est à peu près nulle. Du moins, au public, et gérée par le Centre de services scolaire des Patriotes. Pourquoi? Je retiens trois raisons :
La première raison, c’est qu’on manque cruellement de place dans nos écoles et que le CSSP, via son directeur Luc Lapointe, est très claire; une école ou un volet Waldorf ne fait pas partie des priorités. Et pas question de combler les places manquantes en classe par des places Waldorf.
Deuxièmement, la pédagogie a son lot de détracteurs et plusieurs spécialistes et experts condamnent non seulement l’approche, mais aussi les fondements mêmes de la pédagogie et son créateur. Pas question pour moi ici de faire le procès de la méthode, c’est un sujet beaucoup plus complexe qui nécessiterait une analyse en profondeur. Mais retenons que la méthode est néanmoins controversée.
Finalement, et c’est probablement le point le plus important, rappelons-nous que la région a un passé trouble avec la méthode. En 2013, l’école de la Roselière, à Chambly, a été forcée par la Commission scolaire des Patriotes (l’ancien CSSP) à mettre fin au volet pédagogique Waldorf après environ 16 ans d’existence. La majorité des commissaires scolaires de l’époque avaient voté en faveur de la fermeture, et ils étaient appuyés dans leurs démarche par une quarantaine de directeurs d’établissement. Les commissaires justifiaient leur décision à la suite du dépôt d’un rapport rédigé par la consultante en enseignement Yolande Nantel.
Dans son rapport, Mme Nantel avait remarqué que le programme scolaire obligatoire n’était pas enseigné en totalité dans les classes. Aussi, « l’évaluation des apprentissages pose des problèmes dans cette écoles », peut-on lire dans son document.
Bien sûr, tout n’est pas sombre et la consultante reconnaît que le côté relationnel entre l’élève et le personnel enseignant était très positif. Mais ce rapport de 93 pages montre que les élèves ont en général d’importants retards en lecture, que la relation entre la direction et le personnel enseignant étaient tendue et qu’il y avait des présences d’éléments religieux dans l’enseignement.
Ce seul rapport devrait nous convaincre de ne pas retenter l’expérience d’une école du genre. Après, si une école veut offrir un volet qui incorpore la méthodologie Waldorf, tout en respectant le programme du ministère de l’éducation, qui suis-je pour m’opposer? Mais pour ce qui est de l’implantation d’une école publique Waldrof sur le territoire, je dois me ranger du côté du directeur Luc Lapointe et fermer la porte.