Hercule et Naïade met en scène deux jeunes personnages : un garçon fragile comme le verre isolé chez lui, dans son « abri bulle », où il se crée un monde dans lequel il est Hercule, le héros mythologique tout puissant capable de vaincre toutes les menaces, et une fille douée à la course qui fuit sa maison hostile pour se réfugier chez lui. C’est lui qui lui donnera le nom de Naïade, aussi une référence à la mythologie grecque.
Deux mondes
Au début, leurs mondes n’ont rien en commun : Hercule aime s’exprimer en vers et se sent en sécurité chez lui, alors que Naïade est traumatisée par les problèmes de consommation de sa mère et par la présence inquiétante de « Jupe et veston », une intervenante de la Direction de la protection de la jeunesse qui veut la faire sortir de sa maison. Au fil de la pièce, Naïade apprend à apprivoiser le monde de son nouvel ami et ils combattent ensemble de nombreux monstres imaginaires… jusqu’à ce qu’elle réalise qu’elle doit aller combattre son « vrai » monstre et confronter sa mère. Cela va même amener Hercule à oser sortir de chez lui et à affronter le monde hors de sa pièce en papier bulle.
La pièce inclut ainsi des passages plus difficiles et matures, mais ceux-ci sont entrecoupés par des segments beaucoup plus légers et comiques. La deuxième représentation, présentée lundi matin devant un public scolaire de 300 jeunes, a confirmé que la réponse était bonne auprès du public cible (8 à 12 ans) avec des rires audibles lors des passages légers, mais aussi des réactions de tristesse lorsque les jeunes se rendaient compte de la réalité décrite à demi-mot par Naïade. En plus des deux comédiens, Guillaume Lessard et Valérie Dunn, la scène était occupée par une violoniste, Meggie Lacombe, qui créait des ambiances très efficaces avec son instrument, surtout dans les moments plus tendus.
Si Hercule et Naïade laisse beaucoup de place à l’imaginaire et offre une initiation à la poésie et à la mythologie pour un jeune public, elle devrait aussi susciter de bonnes discussions sur la réalité que peuvent vivre certains enfants à la maison et aider à développer son empathie. À la grande première, 45 personnes ont en plus eu l’occasion de participer à un atelier de médiation avant la représentation, sur le thème du théâtre d’ombres et des jeux corporels. De plus, le hall d’entrée a été aménagé avec un coin lecture plein de coussins, qui n’est pas sans rappeler le décor réconfortant de la pièce.
« Le vrai test était lundi devant le public scolaire, qui n’est pas déjà conquis d’avance. Et la réaction a été impeccable! […] À L’Arrière Scène, on se fait un devoir de soutenir la relève en théâtre jeunesse et on constate que, dès sa première pièce, le Collectif de l’Éléphant a visé dans le mille. C’est très prometteur à voir aller », soutient le directeur général de L’Arrière Scène, Nelson Archambault, à la sortie de la deuxième représentation d’une cinquantaine de minutes.