Le projet menant à la naissance de Halloween Stalks II est une véritable histoire en soi : peu après la sortie du premier Halloween Stalks, une idée a fleuri dans l’esprit de Dominick Cousineau-Benoit, où il imaginait une mère et son fils dans une cabane dans un arbre. C’est à partir de cette image qu’il a commencé à écrire l’histoire d’un court-métrage deux fois plus long que le précédent, sans savoir comment il allait le concrétiser.
« Je me suis amusé comme jamais à faire ce film, mais tout a été plus compliqué que prévu. Le film est deux fois plus long, mais a représenté quelque chose comme 10 fois plus de travail, avec un casting plus grand, cinq lieux de tournage et beaucoup plus de scènes d’action », raconte le réalisateur. Il avoue même être passé à quelques heures de ne pas pouvoir le tourner en 2023 alors qu’il a trouvé son actrice principale, Katrine Duhaime, tout juste avant sa date limite pour se laisser le temps de préparer les tournages dans un décor automnal, une condition sine qua non alors que son deuxième film est une suite directe du premier Halloween Stalks.
Dominick Cousineau-Benoit a même convaincu France Castel d’accepter le rôle de la grand-mère, qu’elle a joué avec brio. « Quand je l’ai appelée sur son cellulaire, j’étais stressé et je savais que j’allais sonner comme un con au téléphone, mais elle m’a écouté et m’a laissé lui expliquer le projet. Elle est même allée voir le premier film, m’a dit qu’elle était impressionnée par la cinématographie et par l’histoire et a embarqué! » Elle a d’ailleurs pris son rôle très au sérieux, posant des questions au réalisateur sur l’histoire de son personnage, et contribue à la scène préférée de Dominick Cousineau-Benoit, le bref moment où elle interagit avec sa fille en panique sans comprendre ce qui se passe.
Un nouveau Michael Myers
Mais le véritable rôle central est bien sûr celui du tueur, Michael Myers ou The Shape, qui était interprété par Benoit Sansoucy dans Halloween Stalks, imitant à la perfection les mouvements de l’acteur Nick Castle, le premier à tenir le rôle en 1978. Comme Benoit ne pouvait malheureusement s’engager pour un tournage de huit nuits, cela a forcé Dominick Cousineau-Benoit à chercher un remplaçant. « On m’a suggéré Samuel Racicot, acteur et cascadeur. Je l’ai donc rencontré et je lui ai montré le nouveau masque [de Michael Myers] que je venais de recevoir par la poste et dès qu’il l’a mis, il est entré dans le personnage. On a fait des tests dans la rue où il demeurait et il avait parfaitement la démarche du personnage. J’ai ressenti le même creep en le voyant marcher que quand c’était Benoit; je savais que si ça me convainquait, ça marcherait aussi avec le public. »
Même si c’est officiellement Samuel Racicot qui porte le masque dans Halloween Stalks II, certaines scènes laissent encore place à Benoit Sansoucy, un clin d’œil aux films originaux, où différentes personnes interprétaient le tueur selon les besoins des scènes. « Benoit a peut-être participé à 35 % des scènes, mais au montage, on n’y voit que du feu : les deux ont la même carrure et un mouvement similaire. Je mets au défi de dire qui est qui, parfois dans une même scène! »
La Vallée-du-Richelieu à l’honneur
Le premier Halloween Stalks a entièrement été tourné à Saint-Liboire, gracieuseté d’amis du réalisateur, mais il a dû trouver de nouveaux lieux pour donner vie à son nouveau court-métrage. Il en a trouvé cinq, situés à différents endroits à Mont-Saint-Hilaire, à Belœil, à Chambly et à Carignan pour créer la maison du film. « Dans une scène d’une minute et demie, on passe par les cinq maisons sans que ça paraisse… On a vraiment fait de la magie », souligne Dominick Cousineau-Benoit, qui a réussi à convaincre tous les propriétaires de leur prêter les lieux gratuitement pour son tournage.
La plus belle trouvaille est assurément la maison de Carignan avec la fameuse cabane dans l’arbre. « Je pensais que ce serait le plus difficile, mais c’est elle que j’ai trouvée en premier! En février 2023, j’ai lancé un appel à tous pour en trouver une, mais ça n’avait pas abouti. J’ai donc fait une relance à l’été, et c’est là que la magie a opéré parce qu’une connaissance vivant sur la Rive-Nord avait fait du kayak dans la région une fin de semaine avant, a vu la cabane et l’a prise en photo. Si j’avais envoyé mon message à un autre moment, elle aurait possiblement oublié l’existence de la photo, mais elle m’a tout de suite écrit et me l’a montrée. » Avec des coordonnées approximatives, le Belœillois s’est ensuite rendu sur la rue et a cogné à différentes portes afin de trouver le propriétaire de la cabane, jusqu’à ce qu’il tombe sur la bonne personne. « Je lui ai raconté mon histoire et mon projet et c’était un gars super gentil et ouvert qui m’a même fait visiter la cabane! C’est un ingénieur qui avait construit ça pour ses enfants quand ils étaient plus jeunes, et c’était très solide! Il m’a permis d’utiliser la cabane et la maison pour le tournage, même s’il n’avait aucune idée qu’on serait une équipe de 40 personnes! »
Courte première vie
C’est donc un Dominick Cousineau-Benoit épuisé, mais particulièrement fier, qui a présenté Halloween Stalks II en première au Cinéma du Parc de Montréal le 12 mars, puis sur YouTube à compter du 15 mars. Un peu moins d’un mois après sa sortie, il cumulait environ 30 000 vues et de nombreux commentaires sentis. « Ce n’étaient pas des commentaires d’une ligne : les gens prenaient le temps de décrire ce qu’ils ont aimé. Quand j’ai fait mon premier, je n’avais pas l’impression d’avoir fait un petit film artisanal, mais après avoir complété le deuxième, je vois que ce n’est pas du tout au même niveau. Là, j’ai l’impression d’avoir fait un film hollywoodien sans les moyens! » Cela a donc été un coup dur de recevoir un message de YouTube, vers la fin avril, lui apprenant que Halloween Stalks II avait été retiré de sa plateforme à cause d’une question de droits d’auteur.
« Le court-métrage s’est retrouvé sur le radar de Trancas International, qui a les droits de la franchise. Il y a plusieurs hommages à Halloween sur Internet, et ce n’est pas trop menaçant quand les films sont de moindre qualité, mais est-ce possible que le mien fût trop bien fait à leur goût? » Le cinéaste note qu’en plus de Halloween Stalks II, une poignée d’autres fan films de grande qualité avaient été retirés en même temps, mais pas le premier Halloween Stalks, par exemple. La raison du retrait selon le message de YouTube : l’utilisation de la musique, même si les différents thèmes de la franchise avaient été arrangés par le compositeur hilairemontais Samuel Desrosiers.
Il n’a pas réussi à convaincre l’entreprise de le laisser diffuser son film, mais a réfléchi ces derniers mois à une façon de pouvoir revenir sur YouTube, en mettant une musique complètement originale et en changeant légèrement le titre pour enlever la référence trop directe à Halloween. C’est ainsi que Stalks II a fait son grand retour le 4 octobre, plus de 5 mois après avoir disparu. Dominick Cousineau-Benoit ne sait pas si son film sera à nouveau retiré à la demande de Trancas, mais espère qu’il restera en ligne au moins jusqu’à la fin du mois. « C’est le pari que je fais. Tant qu’il a une belle vie en octobre, je vais être content. »
Il invite donc les fans d’horreur à voir – ou à revoir – son film. « Nouvelle musique, nouveau titre, mais la même bonne histoire poignante », promet Dominick Cousineau-Benoit. S’il n’avait pas encore complètement fermé la porte à l’idée de faire un autre film hommage à Halloween au printemps, ses mésaventures avec l’entreprise possédant la propriété intellectuelle lui ont confirmé que ses prochains projets cinématographiques seront complètement originaux.