14 juillet 2025 - 05:00
Promesse vide
Par : Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Nous sommes encore en plein milieu de juillet et, disons-le, l’hiver semble encore bien loin. Mais il y en a toujours pour nous rappeler qu’il ne reste que 23 semaines avant Noël.

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Si on le voit comme ça, la campagne électorale pour les élections municipales de cet automne est donc à portée de main. Il est donc normal de voir déjà certains candidats manifester leur intérêt à se présenter et lancer ici et là quelques lignes pour attirer l’attention du public qui, lui, n’est probablement pas très réceptif à ce moment-ci de l’année. Mais c’est comme ça.

Alors, parlons une seconde de campagne électorale, parce que j’ai pris une décision éditoriale cette semaine, et ça concerne les promesses de gel de taxes : ça ne passe plus. On a déjà tenté de me sortir cette promesse dans les dernières semaines et j’ai « tilté ».

En 2023, j’écrivais ceci : « Je sais que de proposer un gel de taxes peut sembler une bonne idée en campagne électorale. Mais dans le réel, près de 75 % du budget d’une Ville est immuable (salaires, administration, régies, dette, etc.). Les élus n’ont pas tant de marge de manœuvre. Et si on est pour geler une année, mais annoncer une hausse de 10 % l’année suivante, à quoi bon? Être un bon gestionnaire ne devrait pas être une promesse électorale : ça devrait aller de soi. »

Et parfois, la définition comptable change. On va « geler » le taux de taxation, mais comme l’évaluation municipale bondit, le compte de taxes bondit aussi. Ou bien on va se doter d’une taxe spéciale, comme Belœil l’a fait pour ses infrastructures, sans comptabiliser cette taxe dans le calcul du « gel » promis. Ou encore, que la hausse est collée sur l’inflation, alors ce n’est pas une hausse, mais un « ajustement comptable ». Dans tous les cas, on finit par s’obstiner sur les méthodes de calcul et se perdre dans de la rhétorique monétaire, pendant que le propriétaire d’une maison, lui, paie quand même plus que l’année précédente.

De mémoire, je n’ai pas vu, depuis que je travaille ici, un vrai compte de taxes gelé, si ce n’est que dans le choix des mots. À moins que votre maison perde de la valeur ou en prenne moins que la moyenne, il y a de fortes chances que votre compte de taxes augmente l’an prochain. Si vous faites partie de ceux qui constatent une baisse, tant mieux pour vous, mais on pourrait même convenir que, dans le fond, votre compte de taxes n’a pas vraiment été gelé non plus…

Maintenant, est-ce qu’un candidat peut promettre de resserrer les finances, de sabrer dans certaines dépenses? Bien sûr. Certains élus sont plus dépensiers, d’autres sont prêts à offrir davantage de services à la population en échange d’un compte de taxes un peu plus élevé. Mais encore là, cela reste dans la marge de manœuvre réelle qu’ils ont. Comme je le mentionnais : une bonne partie du budget est déjà coulée dans le béton. Ensuite, si une équipe veut faire preuve de créativité, c’est tout à fait possible. Et rappelons que derrière les taxes, il y a des services auxquels les gens tiennent (routes, loisirs, sécurité, collectes de déchets). Un gel sans débat sur les services, c’est une promesse vide.

Alors si un candidat, en entrevue avec nous, promet de geler les taxes, vous pouvez être certain que je vais lui promettre de l’écrire noir sur blanc dans notre papier… et qu’on le lui rappellera au lendemain de l’adoption de son premier budget.

Bonne campagne électorale!

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