28 juin 2023 - 07:00
Proprio ou non
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Le portrait des logements sociaux de la région que dresse le collègue Denis Bélanger est désolant. Personne ne le dira comme ça, mais je ne pense pas me tromper en affirmant que ça montre un manque flagrant d’intérêt pour la clientèle des plus démunis.

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Robert Pilon, coordonnateur de la Fédération des locataires d’HLM du Québec, précise que si le nombre de logements à prix modique disponibles est si bas, ce n’est pas une question de négligence, mais de financement. La Société d’habitation du Québec, dit-il, a réduit ses investissements dans la rénovation de façon substantielle. Dans un contexte où le prix des matériaux augmente, pas besoin d’une calculatrice pour comprendre que le calcul ne fonctionne pas.

Ça explique que des bâtiments comme ceux de la rue Pineault soient toujours inoccupés après plus de 10 ans. Dans le contexte de manque de logements, c’est carrément insultant. Ce n’est pas la première fois que nous écrivons sur ces logements, un sujet récurrent dans nos pages.

Laissons les chiffres et la question des logements sociaux de côté quelques minutes. Au-delà des pourcentages, nous sentons tous une réelle panique dans le monde de l’habitation. Lorsque je rencontre des gens, des amis, le sujet s’impose toujours dans la conversation, que ce soit le prix des logements ou celui des maisons. J’entends des horreurs; tout le monde me parle d’amis ou de connaissances qui ne peuvent même pas songer à se séparer même si leur couple est terminé parce que le milieu locatif est carrément débile. Débile.

On se retrouve avec deux classes donc, dans une division très marxiste, entre les propriétaires qui tiennent entre leurs mains des richesses, et ceux qui n’ont pas accès à la propriété, notamment des jeunes. On peut faire les calculs d’hypothèque et de rendement comme on veut, tel un McSween à la radio chaque matin, reste qu’humainement, c’est très lourd, très stressant. Ne pas savoir comment se loger, surtout à la veille du 1er juillet, ne peut que rendre les gens à cran.

Et même si le gouvernement promet des millions de dollars et la construction de logements sociaux, on ne peut faire autrement que de le voir un peu déconnecté, si ce n’est que des déclarations malheureuses et probablement malhabiles, notamment de la part de François Legault ou de sa ministre de l’habitation, France-Élaine Duranceau. Quand tu as à la tête du ministère de l’Habitation une personne qui a pu acheter sa première maison cash à 776 000 $ (Source : Le Journal de Montréal), ça envoie un drôle de message. Même si dans son essence, son projet de loi 31 vise à préserver un équilibre entre les propriétaires et les locataires, on sent que le timing n’était pas très bien choisi en pleine crise du logement, notamment concernant le droit aux propriétaires de refuser une cession de bail.

Bien sûr, le manque de financement des HLM, la hausse des coûts des matériaux et la surchauffe du marché immobilier ne sont pas le résultat des politiques de la Coalition avenir Québec et du gouvernement en place. Mais le signal envoyé à la population, c’est que le propriétaire est plus important que le locataire. Et le message, c’est bien eux qui le contrôlent. On sent presque dans le ton que, si on n’a pas investi assez tôt, ben c’est peut-être de notre faute. Ce n’est pas dit comme ça, mais…

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