Ceci dit, avec la piscine en eau vive, la mairesse de Beloeil, Nadine Viau, nous confirmait en entrevue que l’un des défis de la piscine n’est pas nécessairement technique, mais communicationnel : certains citoyens ne sont pas convaincus que l’eau est baignable, même si les données quotidiennes confirment que c’est le cas.
Difficile de ne pas comprendre ces sceptiques. Parce qu’au-delà des tests pour trouver la trace de coliformes, qui permettent selon moi de conclure que l’eau est baignable, il reste que la population ne sait pas trop ce qui se trouve sous la surface de notre rivière.
Juste dans les derniers jours, nous avons eu droit à un avis de la Direction de la santé publique de la Montérégie pour inviter les gens à éviter toute activité nautique sur la rivière après les fortes pluies. Un bris à une station de pompage à Chambly a engendré des débordements dans les ouvrages de surverse et dirigé l’eau directement dans le bassin de Chambly.
Certes, le passage de Debby est un événement exceptionnel, mais le défi des surverses, lui, ne l’est pas. On parle de débordements des ouvrages de surverse lorsque le trop-plein d’eau, souvent généré par la pluie et la fonte des neiges (mais pas seulement), n’est pas traité par l’usine de la Régie d’assainissement des eaux usées de la Vallée du Richelieu, et est rejeté directement dans la rivière. Dans son bilan annuel 2023, la Régie en note 1467, dont 10 d’urgence. Et je prédis qu’avec le nombre de projets de développement résidentiel en cours ou à venir, nous en aurons encore plus.
Même si c’est sans lien, on apprend que Northvolt veut miser sur un système hybride qui nécessitera de pomper quotidiennement 25 millions de litres d’eau de la rivière, soit plus de 9 milliards de litres d’eau par an. Selon l’entreprise, cela correspond à « 0,06 % du débit total » de la rivière Richelieu. Ces eaux serviront au refroidissement des différents équipements. Certes, ces eaux serviront en circuit fermé et ne seront relâchées dans la rivière qu’après avoir été traitées dans une usine de traitement à même le site. Mais tout est encore flou concernant la qualité de l’eau rejetée et les autorisations qui viendront de Québec.
Le Devoir dévoilait aussi en août que l’entreprise avait déposé une demande à Pêches et Océans Canada afin de pouvoir « drainer vers la rivière des eaux du site de sa future usine, qui contiennent des sols contaminés », dans le cadre de la construction de l’usine.
Peut-être que tout ça n’est pas inquiétant. Mais tous ces éléments mis bout à bout donnent l’impression que nous manquons de perspective globale. Enfin, comme citoyen, je me sens perdu et je comprends plus que jamais les demandes pour la tenue d’un BAPE pour l’usine. Et peut-être aussi d’avoir un état général sur la qualité de l’eau.