La commissaire de l’exposition, Camille Cazin, admet que le timing de cette exposition n’est pas une coïncidence. « Ça se passe à différents endroits dans un verger. On veut envoyer le message que l’art contemporain n’est pas forcément élitiste et on en profite pour jumeler un événement culturel et l’agrotourisme. » Pour elle, Ève au jardin de pommes est l’occasion de « déconstruire les archétypes de la femme » en laissant carte blanche à la dizaine d’artistes invitées, de différentes provenances, origines culturelles et disciplines artistiques.
Différentes nuances de femmes
« Chaque artiste a un propos sur la femme et la féminité. Parfois, certains propos sont même contradictoires. L’exposition vient rappeler que le concept de la femme n’est pas figé, bien au contraire », poursuit Mme Cazin. Par exemple, la sculptrice Jessica Sallay-Carrington aborde la femme sous l’angle de sa sexualité; quelques œuvres « pandémiques » sont aussi présentées dans le cadre de l’exposition. Quant à Danielle Lamontagne, elle aborde dans une installation l’angle du rêve, celui que les femmes doivent trop souvent sacrifier pour davantage se consacrer à leur famille.
Joann Côté, propriétaire du Verger créatif, participe aussi à l’exposition en proposant des toiles au premier regard très douces, mais qui cachent un message plus militant. Elle a aussi créé une installation faisant référence à la lutte des femmes contre le cancer et contre la perte de leur identité causée par le traitement. « Il y a souvent une perte de poids et de cheveux, les principaux attributs féminins. C’est une part de l’identité féminine qu’on perd », analyse Camille Cazin.
Le propos d’Ambre Cardinal, qui a notamment créé des bijoux unisexes en mouvement, est de « permettre à tout le monde de se reconnecter à son corps » dans une société où tout va trop vite. De son côté, Emma Sutherland aborde à travers ses œuvres poétiques faites de matériaux recyclés le thème des cycles féminins. Marie-Denise Douyon, d’origine haïtienne, propose une vision plus religieuse de la femme en créant une série de madones
noires, une image quasi inexistante. Il sera aussi possible de voir différentes vénus préhistoriques créées par Claire Anderson, qui ont la particularité d’être faites de verre fumé et de béton. « Le verre est considéré comme très fragile alors que le béton est vu comme solide, alors qu’ils ont des propriétés similaires », remarque Mme Cazin. La céramiste Marie Côté propose quant à elle une série d’œuvres en argile créées par son souffle.
Éléonore Durocher-Bergeron aborde davantage les arts textiles, dont le tissage, une des plus vieilles formes d’art perpétuées par les femmes. « C’était en quelque sorte la façon avec laquelle la femme sublimait la nature », estime l’artiste, qui invite les visiteurs à se « mettre en mode jeu » et à simplement s’amuser avec les matériaux sans se demander s’ils le font de la bonne façon. L’artiste sera d’ailleurs sur place le 18 septembre de 14 h à 16 h pour donner quelques trucs à ceux qui veulent créer avec elle.
Samedi, il sera aussi possible de voir une performance de danse contemporaine de 11 h à 15 h avec Claire Jeannot, Marie-Ève Dion et Myriam Foisy. Le lendemain, ce sera Marie Côté qui créera ses œuvres en direct, de 11 h à 15 h, et Marie-Denise Douyon qui va lire ses textes poétiques et engagés, à 12 h et à 14 h. Les visiteurs auront aussi accès à une petite boutique et à un café éphémère.
« Ève au jardin de pommes est l’occasion d’apprécier les œuvres pour ce qu’elles sont, mais elles proposent aussi différents degrés pour ceux qui veulent aller plus en profondeur dans le message des artistes. Il y en a pour tous les goûts », conclut la commissaire Camille Cazin, qui invite les curieux à vite se procurer leurs billets pour l’activité qui s’achève ce dimanche 19 septembre. Le
Verger créatif est situé au 994, chemin de la Montagne à Mont-Saint-Hilaire.