Subventionner le transport en commun
En 2018, Léger, la compagnie de sondages, a été mandatée par l’ARTM pour faire l’enquête Origine-Destination qui porte sur l’achalandage des routes et l’utilisation de tous les moyens de transport, taxi, bus, bicyclette, etc. Environ 73 000 ménages ont été consultés, mais il y a eu aussi des répondants qui ont fait le sondage en ligne*. 158 municipalités autour de Montréal et la ville de Montréal, ça représente beaucoup de citoyens sondés.
Nous savons depuis longtemps que l’ajout de routes n’a pas à ce jour permis de désengorger les réseaux routiers. Je pense qu’une solution face aux problèmes de congestion et de densification de notre population se trouve du côté de subventionner le transport en commun afin de le rendre très abordable. J’habite la région et je vais au travail à Montréal les jours de la semaine et le laissez-passer de bus coûte 207 $. Si j’avais un endroit pour garer mon véhicule, il m’en coûterait peut-être 80 $ mensuellement en essence avec ma petite voiture pour aller au travail. Lors de la dernière élection provinciale, le Parti québécois proposait de subventionner le covoiturage selon certaines modalités : que ce covoiturage ait lieu à l’heure de pointe et ça représentait 8 $ pour un aller-retour*. Ce programme aurait coûté 313 millions de dollars sur 4 ans, ce qui est bien peu en regard des sommes qui sont investies sur les réseaux routiers, et cela aurait permis de retirer 150 000 véhicules sur les routes aux heures de pointe. Face aux gaz à effet de serre et à la pollution de l’air que nous respirons, je crois fortement que la solution réside dans le covoiturage et une plus grande utilisation du transport en commun à prix abordable avec plus d’offres au niveau des bus et des horaires de bus.
Le 3e lien ou un autre pont traversant la rivière Richelieu va entraîner aussi l’expropriation et peut-être le dézonage des terres, ce qui n’est pas toujours souhaitable, et ce pont emmènerait quand même les voitures à Saint-Basile-le-Grand où la congestion reprendrait. Payer pour mieux congestionner un peu plus loin. Non merci! Ellen Nutbrown
Références :
*https://www.artm.quebec/des-nouvelles-de-lenquete-origine-destination-2018/
*https://www.ledevoir.com/politique/quebec/535478/le-pq-veut-financer-les-adeptes-du-covoiturage
Une bonne décision à Mont-Saint-Hilaire
Ce texte réagit à la décision du conseil municipal d’annuler sa demande d’analyses sur la construction d’un nouveau pont et aux critiques de cette décision.
D’abord, cette résolution de la Ville s’appuie sur des données scientifiques qui montrent que la construction de nouvelles routes nous coûte cher collectivement et ne réduit pas la congestion routière. En effet, une étude de Duranton et Turner montre que la construction de nouvelles routes ne réduit pas la congestion routière, car, après quelques années, l’utilisation routière augmente tellement que tous les gains en fluidité sont perdus. Je n’ai pas trouvé d’études ou d’exemples qui réfutaient les résultats de ces chercheurs! Au contraire, plusieurs études confirment ces résultats, et ce, dans divers contextes. Par ailleurs, il faut noter qu’au Québec, on a déjà beaucoup de routes : de fait, on a 270 personnes pour chaque kilomètre de route comparativement à 700 personnes par kilomètre en Ontario et à 4000 en Europe. Et ces routes nous coûtent cher : les dépenses publiques liées au réseau routier ont été multipliées par 7 depuis 2001 et atteignaient 4 milliards par année en 2012.
Par ailleurs, l’étude de Duranton et Turner souligne également que l’ajout de transport en commun ne réduit pas la congestion routière. C’est surprenant, mais ces résultats ont été confirmés. L’idée c’est que l’amélioration du transport en commun rend la circulation automobile plus fluide, ce qui encourage les gens à prendre leur voiture. Néanmoins, des expertes suggéraient récemment que le transport en commun peut réduire la congestion si son amélioration s’accompagne de mesures décourageant l’utilisation de la voiture. D’ailleurs, selon l’experte en circulation, c’est bien notre dépendance à la voiture (et non les automobilistes ou le manque de route) qui cause la congestion routière.
Ensuite, il faut noter que 41 % des émissions de gaz à effet de serre québécoise proviennent du transport, dont 80 % du transport routier en particulier. Le secteur du transport est le principal secteur d’émissions en croissance au Québec, avec une augmentation de 52 % entre 1990 et 2016.
Finalement, la Ville de Mont-Saint-Hilaire peut faire des études sur les solutions à la congestion à Mont-Saint-Hilaire. Comme on sait déjà que de nouvelles routes ne règlent pas la congestion routière, le conseil a bien fait de ne pas centrer ses analyses sur cette solution. Finalement, à l’heure de l’urgence climatique, nos recherches et nos actions doivent tenter d’adapter le transport aux limites de la planète. David Morin
Le délire du troisième lien
Quelle ne fut pas ma surprise lors d’une dernière édition de L’Œil Régional de lire un supporteur de l’idée d’un nouveau pont pour enjamber la rivière Richelieu tout près du pont Jordi-Bonet. Est-ce que cette idée absurde gagnerait à présent notre région?
Mon concitoyen de Mont-Saint-Hilaire condamnait la décision de la Ville de rejeter ce projet pourtant absurde. C’est un fait que de prétendues mesures d’atténuation de la circulation comme ajouter des voies, des routes et des ponts qui permettent d’augmenter le nombre de voitures sur un territoire donné n’ont plus leur raison d’être. Il faut dorénavant tourner le développement vers l’avenir et opter pour des options collectives et appuyées sur le bon sens.
Avez-vous pensé au paysage que nous souhaitons avoir dans la Vallée-du-Richelieu avant de favoriser l’accès à un flot incessant de voitures qui viendront non seulement empirer les saisons des pommes, décupler les autobus de touristes à la montagne en plus d’augmenter considérablement la densité sans réelle planification urbaniste? Souhaitons-nous réellement sacrifier nos terres agricoles pour voir le boulevard Laurier de Belœil à Saint-Bruno transformé en un horrible boulevard Taschereau? C’est pourtant ce que laisse présager une favorisation du développement à l’ancienne qui laisse l’utilisation de la voiture prendre le dessus sur le reste.
Vous avez peut-être déjà lu : vous n’êtes pas pris dans le trafic, vous êtes le trafic. C’est exactement ce que je crois et c’est pourquoi je prends l’autobus tous les matins pour me rendre au travail au centre-ville de Montréal. Ce sont les transports collectifs qu’il faut bonifier et le seul pont valable devrait être celui qui serait emprunté par des piétons, des cyclistes ou des navettes collectives. C’est épuisant de voir des gens tenir des propos dépassés et accuser nos dirigeants de tous les maux. La densification et la collectivisation des transports sont l’avenir et le salut de notre ville, de notre nation, de la planète. Il faut être en plein délire idéologique pour prétendre le contraire. Jean-Sébastien Ouellet