23 mars 2022 - 12:13
Tonnelier artisanal à Saint-Antoine
Réal Beaudin, de la passion à la tonne!
Par: Olivier Dénommée
Réal Beaudin et Simon Marullo-Paquette sont deux tonneliers artisanaux travaillant chez Les fonds de tonnes, à Saint-Antoine-sur-Richelieu. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Réal Beaudin et Simon Marullo-Paquette sont deux tonneliers artisanaux travaillant chez Les fonds de tonnes, à Saint-Antoine-sur-Richelieu. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Grand passionné sur ce sujet, Réal Beaudin maîtrise autant la technique pour faire un tonneau que l’histoire entourant ce contenant qui a traversé les millénaires. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Grand passionné sur ce sujet, Réal Beaudin maîtrise autant la technique pour faire un tonneau que l’histoire entourant ce contenant qui a traversé les millénaires. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Grand passionné sur ce sujet, Réal Beaudin maîtrise autant la technique pour faire un tonneau que l’histoire entourant ce contenant qui a traversé les millénaires. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Grand passionné sur ce sujet, Réal Beaudin maîtrise autant la technique pour faire un tonneau que l’histoire entourant ce contenant qui a traversé les millénaires. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Pour sa dixième « résidence Instagram », Culture Montérégie fait découvrir un métier aussi méconnu qu’ancestral à travers l’Antonien Réal Beaudin, fondateur de l’entreprise de tonnellerie artisanale Les fonds de tonnes. L’ŒIL en a profité pour rencontrer cet artisan aussi passionné que passionnant.

Publicité
Activer le son

La tonnellerie est un métier millénaire qui remonte jusqu’à l’Antiquité. Si les outils se sont peaufinés au fil des siècles, « le principe du tonneau n’a pas changé d’un poil », assure Réal Beaudin, qui pratique ce métier depuis une vingtaine d’années. « Les tonneaux que je fais ne sont pas les plus esthétiques, mais ils sont faits avec la méthode traditionnelle et la réponse du bois – du chêne blanc en provenance du Québec ou des États-Unis – est excellente. » Il peut discuter pendant longtemps de l’importance de laisser sécher le bois pendant trois ans avant de l’utiliser, de celle de bien calculer l’angle de chaque douelle (planche) formant le tonneau ou encore de l’effet que peut avoir chaque degré de bousinage (ou toastage) sur le contenu du tonneau, des subtilités qui peuvent avoir un effet important sur l’alcool qu’on y conserve. « Nos clients principaux sont les vignobles et les distilleries. Il y a beaucoup de jeunes qui font des expérimentations et qui veulent essayer différents paramètres », note Réal Beaudin.

Si, selon l’Antonien, le métier de tonnelier connaît actuellement une « renaissance » grâce à la multiplication des distilleries et des vignobles au Québec, la tonnellerie artisanale a été pratiquement rayée de la carte avec l’industrialisation du métier vers 1850. Lui-même a appris le métier auprès de Gérard Maratier, tonnelier d’origine française mais installé au Québec, quelques années avant que
ce dernier ne meure. « C’est Christine Bertrand, fondatrice de ce qu’on appelle aujourd’hui Métiers & Traditions, qui me l’a présenté. Il m’a enseigné ce qu’il savait pendant un été, raconte M. Beaudin. Après le décès de M. Maratier, je n’avais plus personne à qui poser mes questions, alors ça a été de l’essai-erreur. Ça m’a pris deux ans avant de comprendre tout ce que je faisais et encore plus longtemps pour le maîtriser! […] Cela fait 20 ans que j’en fais, mais chaque tonneau me procure la même satisfaction, surtout que je sais qu’il va durer pendant des générations et peut-être se promener d’un propriétaire à l’autre. C’est tout un art, mais je ne travaille pas, je m’amuse! »

Depuis 2018, Les fonds de tonnes est doté d’un deuxième tonnelier, le jeune Simon Marullo-Paquette, qui partage la même passion que Réal Beaudin. « C’est addictif, faire des tonneaux! Même si toutes les étapes du processus vont bien, on ne sait jamais avant la toute fin si le résultat va être réussi ou pas », commente-t-il.

Car, aussi passionnés soient-ils, les tonneliers ne sont pas à l’abri de problèmes lors de la confection. « Ce métier, ça met la patience à l’épreuve! Dans les débuts, il y a bien quelques tonneaux qui ont failli passer par la fenêtre! Mais il ne faut pas laisser le tonneau gagner. À ses débuts, j’entendais Simon sacrer quand il avait un problème, mais je faisais exprès pour le laisser manquer son coup avant de lui expliquer; ça reste mieux dans la tête par la suite », poursuit M. Beaudin en riant. Si Les fonds de tonnes a quelques machines pour aider au travail, l’entreprise n’utilise aucun outil de tonnellerie industrielle. « Si j’achetais une machine comme ça, non seulement je n’aurais plus de place dans mon atelier, mais il n’y aurait plus d’électricité à Saint-Antoine! », souligne le propriétaire.

Une boutique
Beaucoup de choses ont changé pour Les fonds de tonnes depuis deux ans, dont le service de rabotage pour augmenter la durée de vie d’un tonneau usagé à une fraction du prix d’un tonneau neuf et l’ouverture d’une petite boutique à l’avant de l’atelier qui permet de vendre ou de louer des tonneaux de différents formats à des particuliers. « Elle est ouverte depuis 2020, mais elle n’a jamais été inaugurée… J’aimerais faire ça plus tard cette année », lance M. Beaudin. À l’avant, on trouve aussi un petit coin avec des photos de gens qui ont inspiré Réal Beaudin dans son métier. En plus de Mme Bertrand et de M. Maratier, on trouve aussi le tonnelier d’art Henri Labatut, de même qu’Eileen Reid Marcil, qui a écrit un livre sur les tonneliers au Québec.

Même après toutes ces années de pratique, les idées ne manquent pas pour Réal Beaudin pour peaufiner son art. Dernièrement, il a fait des tests avec un tonneau fumé à la tourbe pour des distilleries. Il souhaite aussi se pencher sur la confection de pichets normands, servant spécifiquement au calvados. « Et un jour, on trouvera le temps de faire un tonneau avec les outils antiques, avec zéro électricité », se promet Réal Beaudin. Simon Marullo-Paquette abonde dans le même sens, rappelant que les idées ne manquent pas dans l’atelier, mais qu’il faut seulement trouver le temps entre deux commandes pour s’y pencher. « C’est la passion de Réal qui me fait continuer à faire ce travail. »

La résidence Instagram de Réal Beaudin se poursuit jusqu’au 28 mars. Il est possible de voir les différentes publications sur la page www.instagram.com/culture_vitale. La page Facebook « Les fonds de tonnes » contient aussi une série de capsules informatives – et chargées d’humour – au sujet du tonneau qui ont été enregistrées dans la dernière année.

image